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VENDRE - Conseils de pros

Comment bien accueillir des enfants sur son domaine

Ingrid Proust - La vigne - n°235 - octobre 2011 - page 64

Recevoir un jeune public ne s'improvise pas. Il s'agit d'être inventif pour les captiver sans négliger la sécurité. Et il ne faut pas compter son temps ni espérer des retombées immédiates. Témoignages de vignerons rodés.

Le Point de vue de

« Pensez à tout en matière de sécurité »

Estelle Benoist, domaine du Vieil Orme, Saint-Julien-de-Chédon (Loir-et-Cher) © I. Proust

Estelle Benoist, domaine du Vieil Orme, Saint-Julien-de-Chédon (Loir-et-Cher) © I. Proust

Ce qu'elle propose « Je reçois des enfants sur l'exploitation depuis environ huit ans. Au début, j'ai proposé des coloriages sur le thème de la vigne pour permettre aux parents de déguster tranquillement. Puis j'ai peu à peu organisé différentes activités : le pressurage du raisin (au début avec un presse-purée), la reconnaissance d'arômes et de saveurs avec de petites fioles… Les petits de 3 à 5 ans sont passionnés par les tracteurs, tandis que des enfants de 8 à 9 ans sont plus intéressés par une activité autour des cinq sens. »

Son organisation « J'assure des ateliers plusieurs fois par semaine, sur réservation. Je reçois des groupes allant parfois jusqu'à cinquante enfants. Je prévois deux heures par groupe et je le dis aux parents. Certains sont étonnés de cette durée. Je fais particulièrement attention à la sécurité de l'accueil. Dans ce domaine, il ne faut rien laisser au hasard. Beaucoup de parents ne surveillent pas leurs enfants qui peuvent s'aventurer dans le chai, trébucher sur une bouche d'évacuation mal fermée, tomber dans une cuve… Il faut penser à tout : enlever les clés sur les tracteurs, compter les enfants même s'ils sont là en visite scolaire ou de centre de loisirs… Je pense même leur donner des tickets numérotés. Je sensibilise les parents à ces risques. Nous envisageons de réaliser de petits travaux pour les réduire : installer une barrière au départ d'un escalier menant à une cave, poser une rambarde sur un muret bien tentant à escalader pour des enfants, etc. »

Le tarif

7,50 euros par enfant.

Ce qu'elle en retire

« C'est une activité qui prend du temps, mais c'est magique de voir les enfants si heureux de pouvoir toucher le raisin, le pressurer et découvrir tout cet univers. Mes conseils : ne pas se lancer dans cette activité pour vendre du vin et gagner de l'argent, et s'adapter aux enfants. Et si vous avez un enfant insupportable et qui embête ses camarades, posez-lui deux fois plus de questions. »

Le Point de vue de

« Ne le faites que par passion et avec un label »

Anthony Castaing, domaine de Grange Neuve, Pomport (Dordogne)

Anthony Castaing, domaine de Grange Neuve, Pomport (Dordogne)

Ce qu'il propose

« Nous accueillons des scolaires et des enfants en institut médico-éducatif. Nous nous adaptons à leur âge et aux demandes des enseignants. Aux tout-petits, on fait couper des grappes et déguster du jus de raisin. On les questionne sur leurs sensations face aux saveurs, à l'amertume alors qu'ils sont si habitués au sucré. On leur parle de modération. On leur dit que boire du vin doit rester un plaisir, sans verser dans l'excès. Pour les lycéens, les activités sont plus axées sur des expériences liées aux cours de biologie ou de physique, sur la fermentation, le CO2, les sucres, etc. On fait tout pour que les enfants gardent un bon souvenir. »

Son organisation

« Lorsque nous avons démarré l'accueil d'enfants, nous avons jugé préférable d'obtenir une habilitation.

Nous adhérons depuis 2006 au cahier des charges Ferme pédagogique du réseau Bienvenue à la Ferme. Ce label est une homologation délivrée par plusieurs organismes, dont l'Inspection d'académie et la MSA. Nous devons respecter plusieurs procédures, comme par exemple mettre un cordon de sécurité autour d'une machine en marche. Le label encadre bien les visites et nous permet d'être accompagnés en cas de souci. On ne reçoit pas une classe à la légère. »

Le tarif

« 6 euros la journée, 3 euros la demi-journée. Ce n'est pas rémunérateur, même si on ne perd pas d'argent. »

Ce qu'il en retire

« L'envie ne suffit pas pour proposer ce type d'activité, il faut être passionné. Ce n'est pas commercial, mais cela développe énormément la notoriété du domaine.

Des parents d'enfants venus avec leur école viennent nous acheter du vin. Accueillir des scolaires nous a aussi permis de nous professionnaliser dans les visites pour les adultes. Et puis, recevoir des enfants et leur faire découvrir la vigne peut en motiver quelques-uns à s'orienter plus tard vers nos métiers. »

Le Point de vue de

« Ne comptez pas votre temps et soyez rigoureux »

Sandrine Darriet-Froléon (et son frère Jean-Christophe), château Dauphiné-Rondillon (Gironde)

Sandrine Darriet-Froléon (et son frère Jean-Christophe), château Dauphiné-Rondillon (Gironde)

Ce qu'elle propose

« Afin d'apporter du confort aux parents, j'ai commencé par installer une grande table pour les plus jeunes avec une petite bibliothèque. J'ai moi-même des enfants et je sais ce que c'est de visiter un domaine lorsqu'ils s'impatientent. J'ai ensuite créé un atelier du petit apprenti vigneron avec des coloriages et un carnet de dessins sur la vigne au fil des saisons. Nous avons aussi mis au point un jeu de piste dans les vignes, avec de petites énigmes sur des panneaux. Nous avons ouvert le parcours en juin 2010, après l'avoir testé auprès d'enfants venus avec leurs parents lors de portes ouvertes. Le jeu réserve des petites surprises et un diplôme leur est même remis. » Sandrine Darriet-Froléon (et son frère Jean-Christophe), château Dauphiné-Rondillon (Gironde) « Ne comptez pas votre temps et soyez rigoureux »

Son organisation

« Nous recevons des familles le mercredi, le week-end et pendant les vacances scolaires, de préférence sur réservation, même si nous accueillons les gens de passage. Il faut être flexible pour concilier cela avec le travail sur l'exploitation. Je conseille également d'être rigoureux et responsable au sujet de la sécurité : nous avons par exemple déplacé un pressoir pour réduire les risques d'accident. »

Le tarif

Les visites sont gratuites.

Ce qu'elle en retire

« Les enfants ne connaissent rien du monde viticole, mais c'est passionnant de les recevoir. Avec ces activités, nous voulons leur transmettre les vraies valeurs du vin, qui est bien plus qu'une boisson alcoolisée. Ma motivation n'est pas commerciale. Certains parents achètent quelques bouteilles, d'autres beaucoup plus, nous voyons tous les cas de figure. Pour faire me faire connaître, j'ai axé ma communication auprès des offices de tourisme locaux. De plus, le site internet winetourisminfrance.com mentionne nos activités. Mais pour le moment, les retours ne sont pas extraordinaires. »

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