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Magazine - Histoire

Virgile « Sois le dernier à vendanger »

Florence Bal - La vigne - n°236 - novembre 2011 - page 126

Dans son poème « les Géorgiques », destiné à remettre les travaux des champs à l'honneur, l'écrivain latin Virgile donne des conseils précis sur la culture de la vigne.
Virgile a recensé une grande partie des vignobles et les vins connus de l'antiquité. © AKG-IMAGES

Virgile a recensé une grande partie des vignobles et les vins connus de l'antiquité. © AKG-IMAGES

Virgile, de son vrai nom Publius Vergilius Maro, naît le 15 octobre de l'année 70 ou 69 avant J.-C., à Andes, près de Mantoue en Italie. Son père était-il potier ou fermier d'un vaste domaine ? Les biographes divergent à ce sujet. Toujours est-il que Virgile grandit à la campagne. À l'âge de 15 ans, « il revêt la toge virile », indique Maurice Rat, traducteur du poète. Puis Virgile part suivre des études à Milan et à Rome.

« Virgile avait une culture générale très solide et très précise embrassant les lettres, la philosophie, l'histoire, les mathématiques, les sciences naturelles et la médecine », poursuit Maurice Rat. Il est dépeint comme un homme assez grand, d'aspect un peu fruste, de manières gauches, de santé délicate et extrêmement timide.

Remettre les travaux des champs à l'honneur

Il publie un premier poème, « les Bucoliques », en 37 avant J.-C. Le succès de l'œuvre est immédiat et durable. Il impressionne Mécène, le conseiller et ami d'Octave, le futur empereur Auguste. Cet homme politique romain, protecteur des lettres et des arts, demande alors vraisemblablement à Virgile d'écrire « les Géorgiques ».

Son objectif ? Aider l'empire « à remettre les travaux des champs à l'honneur. Mécène et Auguste savaient le pouvoir de la littérature sur les mœurs. Ils ont essayé de lutter par elles contre l'abandon des campagnes », affirme Maurice Rat.

Le poème paraît en 28 avant J.-C. Il se compose de quatre courts livres écrits en vers, le deuxième étant consacré aux arbres et à la vigne. Maurice Rat relève « le soin que Virgile a mis à en préparer la matière, l'abondance de ses sources, sa documentation précise, savante et minutieuse, qui complète un trésor d'expérience personnelle ». « Sous quel astre, Mécène, il convient de retourner la terre et de marier aux ormeaux les vignes (…), voilà ce que maintenant je vais chanter », écrit Virgile. Et, s'adressant à Bacchus : « Viens ici ô père lénéen (père des pressoirs, surnom de Bacchus, NDLR), ici tout est plein de tes bienfaits ; en ton honneur alourdi des pampres de l'automne, le champ s'empourpre et la vendange écume à pleins bords. »

Virgile donne des conseils précis sur la culture de la vigne, plante associée aux arbres qui lui servent de tuteur à cette époque. « Vaut-il mieux planter la vigne sur des collines ou dans une plaine ? C'est ce que tu dois d'abord examiner, affirme-t-il. Si tu établis ton champ dans une grasse campagne, plante en rangs serrés : si serrés qu'ils soient, Bacchus ne les fera pas plus lentement prospérer. Si, au contraire, tu choisis les pentes d'un terrain ondulé ou le dos des collines, sois large pour tes rangs ; mais qu'en tout cas l'alignement exact de tes ceps laisse entre eux des intervalles égaux et symétriques. (…) parce qu'autrement la terre ne fournira pas à tous les ceps une somme égale de forces et que les rameaux ne pourront s'étendre dans l'air libre. »

« Au travail ! Il y a plaisir à planter Bacchus »

Il recommande encore : « Que tes vignobles ne soient pas tournés vers le soleil couchant » ou « ne blesse pas d'un fer émoussé les rejetons ». Il donne également un calendrier des travaux : « Sois le dernier à vendanger », mais « sois le premier à creuser le sol, le premier à brûler les sarments mis au rebut, le premier à rentrer les échalas au logis ».

Autre recommandation : « Suspendre des figurines d'argile à l'effigie de Bacchus au haut des arbres, dès lors tout le vignoble donne des fruits à foison. » S'il ne donne pas de conseil sur l'art de faire le vin, Virgile rend hommage « au robuste vigneron qui remue en tous sens les arpents ». Et il incite les hommes à cultiver la vigne : « Au travail donc, ô cultivateurs, que vos terres ne restent pas en friche. Il y a plaisir à planter Bacchus (la vigne, NDLR). »

« Impossible d'énumérer toutes les espèces de vins »

Mais avant de donner ces conseils, Virgile recense les vignobles et les vins connus dans l'antiquité : les vignes des îles de la Méditerranée (Lesbos, Thasos, Chios, Sardaigne, etc.) ; les vignes blanches du lac Maréotis près d'Alexandrie, en Égypte ; deux vins grecs, le psithie et le subtil lageos « qui fera chanceler le buveur et enchaînera sa langue » ; mais aussi les vins renommés d'Italie, comme le rhétique des environs de Vérone et le falerne de Campanie ou d'Aminée, près de Naples.

« Je ne saurais non plus passer sous silence (…) le vin de Rhodes, vin employé pour les libations aux dieux, souligne-t-il. Mais il est impossible d'énumérer toutes les espèces de vins et les noms qu'ils portent. »

Virgile meurt le 27 septembre de l'an 19 avant J.-C. Ses poèmes traverseront les siècles et inspireront d'autres écrivains célèbres tels Dante, Pétrarque ou Victor Hugo.

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SOURCES

« Les Bucoliques » et « les Géorgiques », Virgile. Traduction, notes et introduction de Maurice Rat, aux éditions Garnier-Flammarion.

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