L'année 2011 a été marquée par l'oïdium. La pression de la maladie a été forte dans toute la France et plus particulièrement dans le Midi. « Il y a eu des récoltes dégradées, voire compromises dans le Languedoc-Roussillon », a indiqué Catherine Gauthier, responsable marketing vigne chez BASF, en introduction du symposium régional sur l'oïdium que la firme a organisé le 24 novembre à Béziers (Hérault).
En cause : des conditions climatiques favorables au parasite tout au long de la campagne. À cela s'est ajoutée la précocité très marquée au moment de la floraison, ce qui a surpris les vignerons. Ces derniers semblent plus habitués à démarrer les traitements selon un calendrier qu'en fonction des stades phénologiques.
Résultat, beaucoup ont démarré la protection trop tard. Et ils l'ont payé cher au moment de la récolte. Comme l'a rappelé Jacques Rousseau, de l'ICV, « les attaques les plus précoces sont les plus préjudiciables pour les rendements. Comme elles touchent les pédicelles, elles provoquent une chute des bouquets floraux et de la coulure ». Mais les dégâts sont aussi qualitatifs. Les vins sont marqués par des arômes indésirables (clou de girofle, gingembre, notes herbacées, de moisi et de champignons) et une sécheresse en bouche. « Des défauts perceptibles dès 8 à 13 % d'intensité d'attaque », a rapporté Jacques Rousseau. Or, aucune correction œnologique n'est possible.
La sécurité, un bon investissement
La réussite passe par une stratégie préventive, l'adaptation des cadences de traitement à la pression de la maladie, l'alternance des produits et une pulvérisation de qualité. Mais peut-on traiter moins ? Pour le savoir, BASF a comparé dans une cave coopérative de l'Hérault :
un programme de sécurité basé sur des produits haut de gamme positionnés selon les préconisations de la note nationale oïdium ; - un programme économique avec autant de passages, mais avec des produits bon marché (IBS, soufre et meptyldinocap) ;
un programme raisonné où les traitements ont démarré plus tard et se sont terminés plus tôt. En 2009, le programme de sécurité a coûté 63 €/ha de plus que le programme économique. Mais il a rapporté 1 018 €/ha de revenu supplémentaire. Pour arriver à ce chiffre, BASF a calculé les rendements dans chaque modalité, puis les a multipliés par le prix touché par les vignerons selon la qualité des raisins. En 2009, les rendements du programme économique étaient très inférieurs à ceux du programme de sécurité. « Pour un euro investi, nous avons eu plus de 16 euros de revenu supplémentaire », a calculé Christian Leray, responsable marketing client chez BASF en Paca et en Languedoc-Roussillon.
En 2011, le programme de sécurité a coûté 42 €/ha de plus que l'économique. Mais il a permis de gagner 1 861 €/ha en plus, « soit 44 euros pour un euro investi », a insisté Christian Leray.
Soigner la protection est primordial
En 2009, la stratégie raisonnée était la plus économique. « Mais au final, les vins ont été jugés de moins bonne qualité, même si aucun défaut n'était perceptible », a expliqué Chris tian Leray. Attention aux fausses économies. « Il est important de démarrer tôt et fort », a insisté Gilles Le Fur, de BASF.
Soigner la protection est donc primordial. Bernard Molot, de l'IFV, en a rappelé les fondements pour le Midi. Dans les parcelles à drapeaux, lorsqu'il y a plus d'un drapeau par cep, il faut démarrer la protection quand la moitié des pousses est au stade 2 à 3 feuilles étalées. Et il faut utiliser des produits curatifs : IBS, soufre et dinocap. S'il y a moins d'un drapeau par cep, la protection doit débuter lorsque la moitié des pousses atteigne le stade 5 à 6 feuilles étalées.
Dans les parcelles sans drapeaux mais touchées l'année d'avant, la lutte débute au stade 5 à 6 feuilles étalées. Dans celles où il n'y a pas eu de problème, le viticulteur peut attendre le stade boutons floraux séparés. Là encore, il devra utiliser un produit curatif au démarrage. L'arrêt des traitements a lieu entre la fermeture de la grappe et le début de la véraison. Le moment exact est déterminé selon le pourcentage de grappes oïdiées au début de la fermeture de la grappe.
Le point sur les résistances
Arnaud Cousin, phytopathologiste chez BASF, a effectué un état des lieux de la résistance de l'oïdium aux différentes familles chimiques.
Il a expliqué qu'en 2011, des souches résistantes aux QoI (azoxystrobine, kresoxymméthyl, pyraclostrobine et trifloxystrobine) sont présentes dans tous les vignobles français. « Mais leur fréquence reste faible », a-t-il précisé. Concernant les SDHI (boscalid), les benzophénones (métrafénone), les amines (spiroxamine), les dérivés du phénol (dinocap) et le soufre, aucune souche résistante n'a été identifiée à ce jour. Pour le quinoxyfen, des souches résistantes ont été identifiées dans d'autres pays européens mais pas en France.
Quant aux IDM (IBS du groupe 1), la résistance identifiée en 1980 est toujours présente.