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DOSSIER - Recensement agricole : Le nouveau visage de la viticulture

JURA La viticulture résiste bien

La vigne - n°238 - janvier 2012 - page 34

En dix ans, le Jura a conservé son vignoble et la quasi-totalité de ses exploitations, grâce à une bonne valorisation de ses vins.
La viticulture du Jura

La viticulture du Jura

Malgré la prédominance de l'élevage dans le Jura, la viticulture occupe une place privilégiée. Le recensement de 2010 nous rappelle qu'elle est la spécialité d'un cinquième des exploitations agricoles et qu'elle fournit 23 % de la valeur de la production agricole du Jura. Pourtant, elle n'exploite que 1,6 % de la SAU.

Depuis le recensement de 2000, c'est le secteur agricole qui a le mieux résisté dans le département. Le vignoble couvrait 2 100 ha en 2010, contre 2 019 ha en 2000. De plus, alors que le nombre d'exploitations agricoles jurassiennes a diminué de plus d'un quart en dix ans, les domaines viticoles se sont maintenus : leur nombre n'a chuté que de 15 %.

« Cette baisse ne concerne que les petites exploitations (0,28 ha en moyenne), qui étaient 545 en 2000 contre 429 en 2010, note Kristina Fretière, chargée d'étude à la Draaf de Franche-Comté. L'effectif des moyennes et grandes exploitations est resté le même, autour de 240. » Les petits domaines viticoles restent majoritaires, représentant 64 % des exploitations spécialisées en viticulture. Mais les moyennes et grandes exploitations ont le potentiel de production le plus élevé.

Le recensement l'estime à 234 000 euros en moyenne, un chiffre supérieur de 20 % au niveau national de la viticulture et de 75 % au niveau départemental des activités agricoles. Ces exploitations constituent aussi un des plus gros employeurs de l'agriculture du Jura, avec 200 salariés permanents, soit plus d'un tiers de la main-d'œuvre permanente non familiale des moyennes et grandes exploitations.

Une majorité de ventes au caveau

Comment expliquer une telle résistance ? « C'est un petit vignoble, avec une petite offre, suggère Baudoin de Chassey, directeur du Comité interprofessionnel des vins du Jura. Et les vins du Jura sont de qualité, 99 % étant valorisés en AOC. Ils s'adressent à un public d'initiés, des clients plutôt fidèles. »

Il ajoute que depuis trois ans, la filière est engagée dans un programme d'exportation très dynamique, surtout vers les États-Unis et le Canada. En 2010-2011, plus de 6 % des sorties en volumes ont été destinées à l'export, une augmentation de 9 % par rapport à la campagne précédente.

L'autre particularité est l'importance de la vente au caveau. « Elle constitue plus de la moitié des ventes, estime Baudoin de Chassey. Notre vignoble est très touristique, ce qui draine beaucoup de clients. »

En 2010-2011, les ventes en bouteille aux particuliers et professionnels constituaient 93 % des volumes. Le vrac seulement 0,5 %. « Au final, la valeur ajoutée reste proche des producteurs », analyse Kristina Fretière.

Dans le Jura, la politique viticole est donc loin d'être à l'arrachage.

Le Point de vue de

Philippe Dugois, vigneron, domaine Daniel Dugois. 8 ha en 2000, 10 ha en 2011

« Nous n'utilisons presque plus d'herbicides »

Philippe Dugois, vigneron, domaine Daniel Dugois. 8 ha en 2000, 10 ha en 2011

Philippe Dugois, vigneron, domaine Daniel Dugois. 8 ha en 2000, 10 ha en 2011

« Je me suis installé sur l'exploitation familiale en 2007, mais je participe aux vinifications depuis 2003. Toute notre production est en AOC : Arbois, Crémant du Jura et Macvin du Jura. Nous vendons tout en bouteilles, à 80 % aux particuliers, dont 50 % directement en départ cave. Nous avons surtout des clients du Doubs et du Jura, ainsi que des gens de passage dans la région. Nous commercialisons le reste auprès de restaurants et cavistes chez qui nos ventes ont augmenté depuis dix ans.

En 2004, le domaine s'est aussi lancé dans l'exportation, avec comme premier client l'Angleterre. Aujourd'hui, l'export représente 5 à 6 % de nos ventes. Depuis 2000, l'exploitation possède 2 ha supplémentaires, issus d'un remembrement de parcelles et de nouvelles plantations. À la vigne, la plus grosse évolution concerne l'entretien du sol. Nous nous sommes équipés de matériel interceps pour travailler le sol sur l'interrang et sous le rang, mais aussi pour tondre, car nous enherbons en partie les vignes. De plus, pendant les vendanges, nous installons une table de tri à la vigne. Depuis deux ou trois ans, nous n'utilisons quasiment plus de désherbants chimiques. Nous avons également diminué un peu nos rendements pour améliorer la qualité. À la cave, nous avons récemment renouvelé notre réception de vendange : nouvel érafloir, nouveau pressoir et nouvelle pompe à marc. Désormais, nous avons un système de refroidissement des cuves avec drapeaux. Globalement, nous n'avons pas vraiment senti la crise. Mais nous souhaiterions quand même valoriser un peu mieux nos vins. »

L'essentiel de l'offre

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