JOSÉ GARCIA s'est lancé seul, sans l'appui d'un conseiller. Peu à peu, il a perfectionné sa technique. Il estime qu'on peut lancer la mise à fruit après la première année, dès lors que les bois ont un joli diamètre. Ici, il finit de tailler une vigne après la première feuille. PHOTOS P. PARROT
PREMIER HIVER AVANT (1) ET APRÈS (2) LA TAILLE. Les jeunes vignes sont bien attachées à leur tuteur. Pour les fixer, José Garcia a utilisé une pince Max Tapener. Il a ainsi posé trois ou quatre liens durant la saison. Pour attacher la pousse au fil porteur, il a utilisé un lien « brenas ». Lors de la taille, il conserve quatre à six yeux au-dessus du fil porteur. Il attache le sarment au fil avec la lieuse Pellenc. Avec ce système, le tronc est formé dès la première année.
PREMIER HIVER AVANT (1) ET APRÈS (2) LA TAILLE. Les jeunes vignes sont bien attachées à leur tuteur. Pour les fixer, José Garcia a utilisé une pince Max Tapener. Il a ainsi posé trois ou quatre liens durant la saison. Pour attacher la pousse au fil porteur, il a utilisé un lien « brenas ». Lors de la taille, il conserve quatre à six yeux au-dessus du fil porteur. Il attache le sarment au fil avec la lieuse Pellenc. Avec ce système, le tronc est formé dès la première année.
DEUXIÈME HIVER AVANT (1) ET APRÈS (2) LA TAILLE. Ces plants ont porté leur première récolte. José Garcia les taille en guyot avec une baguette et un courson de rappel. Pour bien tenir chaque pied, il conserve le bois de deux ans attaché au fil porteur, mais en taillant sur empattement tous les sarments qu'il a donnés afin qu'aucun bourgeon ne démarre de là cette année.
DEUXIÈME HIVER AVANT (1) ET APRÈS (2) LA TAILLE. Ces plants ont porté leur première récolte. José Garcia les taille en guyot avec une baguette et un courson de rappel. Pour bien tenir chaque pied, il conserve le bois de deux ans attaché au fil porteur, mais en taillant sur empattement tous les sarments qu'il a donnés afin qu'aucun bourgeon ne démarre de là cette année.
UN MUR DE RAISINS. En septembre dernier, cette vigne de sauvignon plantée en janvier 2010 a porté sa première récolte : 21,5 tonnes de raisin par hectare, un rendement exceptionnel, déclaré en vin sans indication géographique. Habituellement, les rendements en deuxième feuille se situent autour de 12 à 14 t/ha. Après sept ans d'expérience, José Garcia ne constate pas d'affaiblissement prématuré des souches. © M. TRÉVOUX
L'idée lui est venue en voyant des plants de tomates sous serres capables de produire 15 kg par pied. José Garcia s'est alors mis en tête de booster ses jeunes vignes pour avancer la mise à fruit. Depuis sept ans, ce viticulteur qui exploite 114 ha à Tourouzelle et alentours dans l'Aude, récolte 12 à 14 tonnes par ha sur tous ses plantiers dès la deuxième feuille. «Et pourtant ce ne sont pas des terres particulièrement fertiles, nous sommes plutôt sur un terroir de garrigue», soutient-il.
Un ébourgeonnage intensif
Deux points sont essentiels pour parvenir à ces résultats : la nutrition des plants et leur formation. Cette dernière repose sur un ébourgeonnage intensif la première année pour ne conserver qu'une pousse par pied tout au long de la saison. L'hiver, les plants sont taillés sans être rabattus à deux yeux comme le veut l'usage : José Garcia conserve aux jeunes ceps toute leur hauteur et quatre à six bourgeons au-dessus du fil porteur. Au fil des ans, il a peaufiné un itinéraire technique qu'il applique désormais à tous ses plantiers. La première des contraintes est une plantation précoce en décembre ou en janvier. La plantation s'effectue à la machine pour conserver au greffé-soudé des racines longues (15 cm). «C'est dans le chevelu racinaire que sont stockées toutes les réserves», justifie José Garcia. Il réalise un premier apport d'engrais à chaque pied au moment de la plantation. «J'utilise un engrais starter 8/3/0 à la dose de 25kg/ha.» Dans la foulée de la plantation, il installe le goutte-à-goutte, tout comme le paillage plastique. Pour le palissage, il place des piquets profilés tous les cinq mètres et un fil porteur à 80 cm. Dès que les jeunes pousses atteignent 10 cm, il effectue un premier passage pour ne conserver qu'une seule pousse, la plus vigoureuse. Il attache cette tige au tuteur en bambou mis en place à la plantation et qui guide la pousse jusqu'au fil de palissage. Trois à quatre passages sont nécessaires pour cet ébourgeonnage et ce palissage. «Il faut éliminer toutes les repousses au pied qui affaiblissent la tige. L'objectif est d'obtenir le maximum de vigueur pour cette pousse. C'est un très gros boulot la première année puisqu'on fait en six mois le travail habituellement étalé sur deux ans», précise José Garcia. À chaque passage, il attache les pousses, d'abord au tuteur, puis au fil porteur.
Autre facteur crucial, la fertilisation pratiquée sous deux formes : fertirrigation et fertilisation foliaire. «La première année, j'interviens en fertirrigation de mai à juillet avec un engrais à base d'azote et de phosphore (12/61/0) à 10 kg/ha deux fois par mois, complété par un nouvel apport en octobre incluant de la potasse (7/11/40) pour favoriser la mise en réserve. J'ajoute des acides aminés (1,5 l/ha) pour favoriser l'absorption par la plante de ces éléments nutritifs.» Le vigneron complète ce programme de juillet à fin octobre par un apport d'engrais foliaire une fois par mois : 3 l/ha de 11/2/20.
« Pas de stress hydrique »
La deuxième année, il renforce les doses pour que la plante puisse produire ses fruits tout en poursuivant sa pousse. De fin mars jusqu'en mai, il réalise deux apports par mois d'engrais liquide 12/3/6 à la dose de 50 kg/ha. Après les vendanges, il apporte 20 kg/ha de 7/11/40. Il effectue deux passages de fertilisation foliaire (13/0/46) à 12 kg/ha en juillet.
L'irrigation est le troisième facteur clé de réussite. «La vigne ne doit pas subir le moindre stress hydrique. Rien ne doit interrompre sa croissance au cours de ces deux premières années.» Les vignes reçoivent en moyenne 25 mm d'eau deux fois par mois de juillet à septembre.
Cette année, les résultats ont été particulièrement spectaculaires : les deux vignes de colombard et sauvignon blanc plantées en janvier 2010 ont produit respectivement 30 et 21,5 tonnes par ha. La technique a un coût : «Il faut compter entre 19 000 et 21 000 euros par hectare du défonçage jusqu'à la première récolte. C'est très lourd et il faut pouvoir financer cet investissement. Mais en gagnant une année de récolte, on s'y retrouve. Avec un revenu de 9 000 euros par hectare et les 8 000 euros de prime de plantation, j'amortis en un an mes plantations.» Reste à valider l'impact de la technique sur la longévité de la vigne. Pour le moment les vignes les plus anciennes n'ont que sept ans. Et elles sont en pleine forme.
Le Point de vue de
Katrina Müller, consultante en viticulture et œnologie
« Une pratique courante au Chili »
«Récolter dès la deuxième feuille est courant au Chili, sauf dans les coteaux et les sols très drainants. Là-bas, tous les facteurs sont réunis pour une pousse rapide de la vigne : un climat chaud et sec, une forte intensité lumineuse et une alimentation hydrique et minérale non limitante grâce à l'irrigation. Pour doper la vigne dès la plantation, les programmes de fertilisation prévoient en moyenne 70 unités d'azote par an, 50 en potasse et 30 en acide phosphorique. En général, ces plantations sont destinées à produire des rendements élevés toute leur vie. Les bodegas qui visent un très haut niveau qualitatif cherchent au contraire une faible vigueur dès la plantation pour obtenir des raisins concentrés. Mais on peut booster la vigne les premières années pour obtenir une récolte dès la deuxième feuille et réduire ensuite la fertilisation et l'irrigation pour abaisser la vigueur, afin de faire des vins premium.
Au Chili, cette mise à fruit précoce n'a pas trop d'impact sur la longévité de la vigne. Cependant, la plupart des vignobles sont francs de pied… Les problèmes de longévité se posent pour les vignes qui ont subi de fortes sécheresses. »