Le plan Écophyto s'est donné pour objectif une réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires d'ici 2018 si possible. Les pouvoirs publics ont donc mis en place un réseau d'exploitations pilotes sur lesquelles sont testées des stratégies de réduction des intrants. En Saône-et-Loire, ce réseau comprend onze exploitations viticoles. Dans le Rhône, il intègre dix domaines. Au bout de deux ans de suivi, les progrès sont déjà notables.
Modulation des doses
Dans le Rhône, les viticulteurs ont réduit leurs traitements de 46 % en moyenne entre 2010 et 2011. En 2011, leur IFT (indice de fréquence de traitement) total atteint seulement 7,7, c'est-à-dire qu'ils n'ont appliqué que 7,7 doses homologuées d'un produit phytosanitaire, quel qu'il soit, durant la campagne. C'est 57 % de moins que l'IFT de référence de la région Rhône-Alpes qui est de 17,8.
Ces viticulteurs n'ont effectué en moyenne que 2,7 passages avec un antimildiou et 5,2 applications d'antioïdium. Trois d'entre eux ont également appliqué deux antibotrytis. La faible pression exercée par les maladies début 2011 les a bien aidés. Mais ils ont aussi mieux raisonné leurs traitements et travaillé à dose réduite.
« La réduction de dose s'est faite du premier au dernier passage. Sur l'ensemble de la saison, elle a été en moyenne de 40 % contre le mildiou et de 20 % contre l'oïdium. Selon les passages, les viticulteurs ont appliqué 30 à 90 % de la dose homologuée, en fonction de la pression parasitaire, de la hauteur de feuillage, des prévisions météo et du stade de la vigne », précise Caroline Respaud, conseillère viticole de la chambre d'agriculture du Rhône et ingénieure réseau Dephy Écophyto pour le Rhône. Seul bémol : les vignerons ont arrêté les traitements contre le mildiou trop tôt (mi-juin). Or, la pression de la maladie s'est durcie à partir de juillet en raison des pluies. Cela a entraîné une défoliation précoce des ceps. « Le traitement de début véraison était primordial pour conserver un feuillage et obtenir une maturation dans les meilleures conditions possible », analyse Caroline Respaud.
En 2010, les viticulteurs de Saône-et-Loire avaient déjà réduit leurs traitements de 23 % par rapport à la moyenne observée en Bourgogne. En 2011, ils les ont réduits de 48 %.
L'objectif est d'arriver en 2013 en ayant utilisé 35 % de phytos en moins que la viticulture régionale durant les cinq ans d'expérimentation. Cela semble être en bonne voie. Les moyens pour y parvenir sont l'optimisation de la pulvérisation, la réduction des doses de fongicides, l'arrêt des insecticides et le développement d'alternatives au désherbage chimique.