Ne lui dites pas que les vigneronnes font de la gym dans les vignes matin et soir. Vous froisseriez Séverine Camus. « Nous prenons soin de nos salariés. Nous nous préoccupons de leur santé », lâche la responsable des ressources humaines du château Pichon Longueville comtesse de Lalande, une propriété de 85 ha à Pauillac (Gironde) qui emploie soixante salariés dont trente affectés aux travaux de la vigne.
Arrivée en 2008, Séverine Camus constate une montée en puissance des troubles physiques et des arrêts de travail ainsi que la désaffection des jeunes pour le métier de vigneron. Il faut corriger le tir.
Première étape : la suppression en février 2010 du prix fait et l'instauration de la mensualisation pour les trente salariés travaillant dans les vignes.
Seconde étape : un kinésithérapeute concocte une batterie d'exercices pour diminuer les courbatures, tendinites et autres douleurs liées au travail manuel. « Le travail d'un vigneron (ouvrier viticole, NDLR) peut s'apparenter à la performance d'un sportif : effort physique intense, gestes répétitifs. Sauf qu'il n'a pas de coach pour se remettre en forme », explique Séverine Camus.
Renforcer l'esprit d'équipe
Depuis octobre 2011, deux équipes de vignerons et vigneronnes testent les exercices prescrits par le kiné. Ils s'échauffent pendant dix minutes le matin et s'étirent autant le soir, avant de quitter le château. Une sélection de ces exercices vous est proposée ci-dessous, dans l'ordre dans lequel il faut les réaliser car il correspond à une montée en puissance.
Les vigneronnes que nous avons rencontrées sont unanimes : après l'échauffement elles se sentent plus rodées pour se mettre au travail et, après quelques semaines de pratique, elles éprouvent le besoin de faire quotidiennement ces étirements et échauffements qui ont renforcé leur cohésion et leur esprit d'équipe.
De son côté, le château poursuit ses efforts d'amélioration des conditions de travail en supprimant les tâches pénibles qui n'apportent pas de plus-value et en remettant aux normes les vestiaires, les sanitaires et l'atelier de préparation des traitements. « Notre plus gros chantier, c'est de faire en sorte que nos vignerons se sentent valorisés », martèle Séverine Camus. A-t-elle fait des émules dans les autres propriétés ? « Nous essuyons les plâtres », se contente-t-elle de répondre.