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VIGNE - TECHNIQUE À L'ÉPREUVE

Les MAET « Un coup de pouce pour réduire les doses »

Patrick Touchais - La vigne - n°240 - mars 2012 - page 30

En Anjou, le domaine des Deux arcs a engagé 13 ha dans des mesures agroenvironnementales territorialisées (MAET). Objectif : réduire l'usage des herbicides, des fongicides et des insecticides.
Jean-Marie et Michel Gazeau, le fils et son père, sont finalement restés en viticulture raisonnée après la tentation de passer en bio. Ils ont choisi d'accentuer le travail du sol et de limiter l'usage de la chimie. PHOTOS P. TOUCHAIS ET DR

Jean-Marie et Michel Gazeau, le fils et son père, sont finalement restés en viticulture raisonnée après la tentation de passer en bio. Ils ont choisi d'accentuer le travail du sol et de limiter l'usage de la chimie. PHOTOS P. TOUCHAIS ET DR

Les panneaux récupérateurs ci-contre équipent un vieux pulvé Seguip. Ils servent pour les traitements de fin d'hiver contre l'excoriose et l'érinose et parfois pour le premier antimildiou. Ils récupèrent 80 % de la bouillie.

Les panneaux récupérateurs ci-contre équipent un vieux pulvé Seguip. Ils servent pour les traitements de fin d'hiver contre l'excoriose et l'érinose et parfois pour le premier antimildiou. Ils récupèrent 80 % de la bouillie.

Avec leur pulvé Ideal (ci-dessous), Michel et Jean-Marie Gazeau passent un rang sur quatre pour réaliser un traitement face par face. Comme l'appareil cible précisément la végétation, ils ont pu réduire les doses de 25 %.

Avec leur pulvé Ideal (ci-dessous), Michel et Jean-Marie Gazeau passent un rang sur quatre pour réaliser un traitement face par face. Comme l'appareil cible précisément la végétation, ils ont pu réduire les doses de 25 %.

L'intercep, de marque Braun, est équipé de simples lames escamotables. Les Gazeau s'en servent de mi-mars à mi-juillet sur les 13 ha pour lesquels ils ont signé un contrat MAET. Ils font deux à trois passages par an. À terme, l'objectif est de le passer au moins une fois chaque année sur toute la surface de leur vignoble.

L'intercep, de marque Braun, est équipé de simples lames escamotables. Les Gazeau s'en servent de mi-mars à mi-juillet sur les 13 ha pour lesquels ils ont signé un contrat MAET. Ils font deux à trois passages par an. À terme, l'objectif est de le passer au moins une fois chaque année sur toute la surface de leur vignoble.

Cet appareil, fourni par Avidor, détecte les mauvaises herbes pour déclencher un jet d'herbicide uniquement en leur présence. Il sert au désherbage des cavaillons. Les économies en volume de produit sont de l'ordre de 40 %.

Cet appareil, fourni par Avidor, détecte les mauvaises herbes pour déclencher un jet d'herbicide uniquement en leur présence. Il sert au désherbage des cavaillons. Les économies en volume de produit sont de l'ordre de 40 %.

« Il faut conjuguer l'économie, le bien-être et la protection du milieu. » D'une formule, Michel Gazeau résume le défi qu'il s'est lancé avec son fils. Installé à Martigné-Briand (Maine-en-Loire), en Anjou, ce vigneron dirige le domaine des Deux arcs depuis 1974. Il pratique la lutte raisonnée depuis de nombreuses années, mais il a passé un nouveau cap avec l'arrivée de son fils, Jean-Marie, en 2002. Tout d'abord tenté par le bio, il est finalement resté en production raisonnée mais en accentuant le travail du sol et en réduisant l'usage de la chimie.

30 % d'herbicides et 20 % de fongicides en moins

Dans ce cadre, le domaine a engagé 13 de ses 47 ha dans un programme MAET (mesures agroenvironnementales territorialisées) en 2010. L'Anjou est l'une des rares régions viticoles de France à être entrée dans cette démarche. Elle concerne les bassins du Layon et de l'Aubance, connus pour leurs liquoreux, mais dont les rivières sont polluées par des produits phytos.

Les exploitations signent alors un contrat de cinq ans avec l'État et s'engagent à réduire l'usage des produits phytos. Au domaine des Deux arcs, le contrat porte sur les herbicides, les fongicides et les insecticides. Michel et Jean-Marie Gazeau se sont engagés à appliquer 30 % d'herbicide en moins et 20 % de fongicides et d'insecticides de moins que la moyenne départementale, calculée par rapport à l'IFT (indice de fréquence de traitements). En contrepartie, ils reçoivent 261 €/ha, financés à 55 % par le Feader et à 45 % par l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. La somme, plutôt modique, sert à couvrir d'éventuelles pertes de rendement. « C'est aussi un bonus pour acheter du matériel », souligne Jean-Marie Gazeau.

Le domaine a beaucoup investi ces dernières années dans du matériel permettant de meilleures pratiques. En particulier dans le cadre du Plan végétal environnement qui offre jusqu'à 40 % des subventions dans le Layon. « Il faut une convergence de moyens pour obtenir des résultats », constate Alexandre Chaigneau, chargé de mission Agriculture et environnement à la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire.

« On soigne aussi notre bilan carbone »

Ainsi, le domaine a acquis au fil des quatre dernières années un pulvérisateur 4 rangs face par face, des panneaux récupérateurs pour équiper un ancien pulvé remis aux normes, un outil de travail du sol interceps et un système de désherbage Avidor. Ce dernier est équipé de capteurs qui détectent les herbes sous le cavaillon, pour déclencher le traitement uniquement en leur présence. « Nous avons monté ce système à l'avant du tracteur. Nous l'utilisons en même temps que la rogneuse et le girobroyeur, cela nous permet de faire trois opérations en un passage et de soigner notre bilan carbone », indique Michel Gazeau.

Deux ans après avoir signé le contrat, le domaine des Deux arcs a été audité par l'Association technique viticole 49. Le technicien a vérifié l'état du matériel de traitement, l'aire de remplissage, le cahier de traitements, le volume de produits achetés, etc. « Si le contrat n'est pas suivi, l'exploitation doit rendre les subventions », souligne Alexandre Chaigneau.

« On sera dans les clous »

Sur ce point, Jean-Marie Gazeau n'est pas inquiet. « Sur les cinq années, on sera dans les clous. D'abord sur les 13 ha engagés, mais aussi sur l'ensemble de notre vignoble. Notre IFT était inférieur à la moyenne départementale avant la signature du contrat. »

Les passages ont bien diminué. Ils ont été divisés par deux par rapport à 2008. Même si l'analyse des résultats est quelque peu tronquée par une climatologie très favorable en 2011. « Surtout, nous avons accentué l'observation au vignoble. En traitant moins, on met en évidence les zones les plus sensibles qu'il faut suivre de plus près. Nous avons également mieux adapté nos doses à la surface foliaire. Sur cinq ans, nous estimons avoir baissé de 20 à 30 % nos achats de produits. Et moins traitées, nos vignes deviennent plus résistantes. »

Au final, les deux vignerons sont satisfaits de leur engagement. « Nous nous sommes lancés en modérant les risques. Nous pratiquons la vente directe qui nous permet de valoriser assez bien nos vins. Si on perd un peu de rendement, ce n'est pas dramatique », précise Jean-Marie.

Le Point de vue de

Alexandre Chaigneau, chambre d'agriculture du Maine-et-Loire

« Un travail dans la durée »

Alexandre Chaigneau, chambre d'agriculture du Maine-et-Loire

Alexandre Chaigneau, chambre d'agriculture du Maine-et-Loire

« Les MAET ont été mises en place en 2010 sur les bassins du Layon et de l'Aubance, soit 476 km2. Le domaine des Deux arcs fait partie des vingt-quatre premiers contrats signés dès 2010, l'ensemble portant sur 355 ha. En 2011, nous avons signé treize contrats de plus sur près de 300 ha. Nous touchons ainsi 10 % de la surface viticole du territoire concerné. Pour 2012, nous visons 750 ha. Quatre niveaux d'engagement sont possibles : une réduction des herbicides, une réduction des herbicides, fongicides et insecticides, la même chose avec un développement de l'enherbement et la conversion en bio. Le domaine des Deux arcs a choisi le deuxième. Les aides s'échelonnent de 112 à 351 €/ha. Au départ, nous avons signé avec des vignerons déjà très sensibles au sujet. Désormais, il faut convaincre. D'autant que le contrat nécessite de remplir un dossier Pac. Les vignerons n'y sont pas très habitués. Autre élément : l'enveloppe est plafonnée à 7 600 euros par exploitation et par an. Certaines grosses exploitations ont donc renoncé. Quant au bilan, nous le tirerons dans cinq ans. C'est un travail dans la durée. »

Cet article fait partie du dossier

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LES TÉMOINS

Michel et Jean-Marie Gazeau

Michel, 59 ans, installé depuis 1974.

Jean-Marie, 32 ans, installé en 2005.

47 ha, 2 200 hl en production moyenne.

70 % de vente directe.

30 % au négoce.

L'essentiel de l'offre

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