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VIGNE

Mécavigne valide de nouveaux permis de conduites

Martin Caillon - La vigne - n°240 - mars 2012 - page 36

La troisième journée Mécavigne des Cuma du Sud-Ouest s'est déroulée le 9 février en Haute- Garonne. Les participants ont découvert les essais de taille mécanique et de non-taille menés par Jérôme Béziat, viticulteur en Comté tolosan.
JÉRÔME BÉZIAT a radicalement transformé 7 ha de vignes pour les adapter à la taille mécanique. Alors qu'elles étaient taillées en guyot, il les a converties en cordon unilatéral haut.

JÉRÔME BÉZIAT a radicalement transformé 7 ha de vignes pour les adapter à la taille mécanique. Alors qu'elles étaient taillées en guyot, il les a converties en cordon unilatéral haut.

Ci-dessus : la taille mécanique n'est précise que si le cordon est rectiligne et solidement attaché au palissage. Sur cette vigne adaptée à la taille mécanique il y a deux ans, les ceps conservent des coursons bien trop longs après le passage de la tailleuse. Selon Jérôme Béziat, il faudra au moins 20 heures par hectare de reprise manuelle sur cette parcelle.

Ci-dessus : la taille mécanique n'est précise que si le cordon est rectiligne et solidement attaché au palissage. Sur cette vigne adaptée à la taille mécanique il y a deux ans, les ceps conservent des coursons bien trop longs après le passage de la tailleuse. Selon Jérôme Béziat, il faudra au moins 20 heures par hectare de reprise manuelle sur cette parcelle.

Ci-dessous : une vigne non taillée depuis 2007. Elle est irriguée par un goutteà- goutte enterré. PHOTOS © M. CAILLON

Ci-dessous : une vigne non taillée depuis 2007. Elle est irriguée par un goutteà- goutte enterré. PHOTOS © M. CAILLON

« Les vignes en IGP ne doivent plus être taillées en guyot. » C'est le message délivré par Jérôme Béziat lors de l'atelier Mécavigne qui s'est tenu le 9 février à Fronton, puis dans son vignoble, à Villemursur- Tarn (Haute-Garonne). Afin de réduire la main-d'œuvre et les coûts de la taille, ce viticulteur a décidé de changer il y a quatre ans le mode de conduite de ses 23 ha de vignes en IGP Comté tolosan. Il a opté pour la taille rase, d'abord sur 5 ha. Pour cela, il a converti en cordon ses vignes en guyot, en conservant le palissage existant.

Les deux démonstrations qui ont eu lieu chez lui ont révélé les limites d'une telle adaptation. Le résultat : une taille pas vraiment rase et plus irrégulière que précise. Les vignes en portent çà et là les stigmates : des cordons mal attachés ont été sectionnés au passage des tailleuses. De plus, « la parcelle nécessite une reprise manuelle d'au moins 20 heures par hectare », déplore Jérôme Béziat. Les deux machines utilisées pour la démonstration, une Chabas-Tanesini trois lames à sections et une Pellenc à scies équipée du système visio, ne sont pas en cause. Venu assister à la journée, Christophe Bou, viticulteur qui pratique aussi la taille rase, met en garde contre l'adaptation au moindre coût ou « l'économie par tous les moyens ». Une remarque que Jérôme Béziat a lui aussi fait sienne.

Renforcement du palissage

Pour obtenir un meilleur travail et réduire encore les coûts, il vient de transformer radicalement 7 ha de vignes en les convertissant en cordon unilatéral haut. Pour cela, il a posé un nouveau tuteur à chaque cep afin de rallonger le tronc avec un sarment de l'année. Le palissage est constitué d'un seul fil, porteur et situé à 1,15 m de hauteur. Les sarments auront un port libre et retombant. Jérôme Béziat a également renforcé le palissage en doublant le nombre de piquets. L'investissement représente un travail de 154 heures par hectare en plus des fournitures qui ont coûté de 2 200 à 4 280 €/ha selon le type de tuteurs utilisés. Mais c'est la condition sine qua non pour réaliser une taille rase de qualité dans la durée.

Jérôme Béziat prévoit qu'il faudra 15 heures par hectare de reprise manuelle l'an prochain pour parfaire la formation des vignes, puis seulement 5 heures par hectare les années suivantes. La vigne poussera librement au-dessus du cordon, mais elle sera rognée deux fois, à la floraison et à la mi-juillet. La taille rase, réalisée en Cuma avec une tailleuse Tanesini, coûtera 100 €/ha, soit une économie globale de 500 à 700 €/ha. Bousculant plus encore les habitudes, Jérôme Béziat a décidé de ne plus tailler sa vigne sur 5,5 ha. Une pratique encore marginale en France et qu'il a initiée en 2007. En remontant simplement deux fils releveurs au niveau du fil supérieur, il a rehaussé et conforté le palissage. Non taillée, la vigne présente un aspect buissonneux. Pour un peu, on la croirait à l'abandon.

« J'effectue un rognage sévère après les vendanges et un écimage dans le passage du tracteur tous les quatre rangs pour la pulvérisation. Je passe aussi 5 heures par hectare avec une cisaille manuelle pour enlever les rameaux les plus bas », indique-t-il. L'état sanitaire est bon. La production s'élève maintenant à 100 hl/ha en moyenne. Car la vigueur de la vigne, installée sur des sols légers mais irriguée, s'autorégule naturellement au bout de quatre à cinq ans.

Le Point de vue de

Michel Defrancès, viticulteur au domaine des Javelles, à Caussens (Gers)

« J'ai réduit les coûts de production de 700 €/ha »

Michel Defrancès, viticulteur au domaine des Javelles, à Caussens (Gers)

Michel Defrancès, viticulteur au domaine des Javelles, à Caussens (Gers)

« Je me suis orienté vers la taille rase il y a quatre ans pour des raisons économiques. Je conduis aujourd'hui 30 ha sur 50 en taille mécanique. L'objectif, c'est zéro intervention manuelle. Je conduis toutes les nouvelles plantations sur un cordon unilatéral à 1,10 m. Pour le reste, j'ai fait le choix d'une adaptation minimum du vignoble. Je taillais en guyot. J'ai maintenu deux baguettes sur le fil porteur des vignes pour former des cordons. J'ai gardé le palissage existant pour réduire les coûts au maximum. L'an dernier, je n'ai même pas effectué de reprise manuelle après le passage de la tailleuse. Mais je n'en ferai pas l'économie cette année. Une reprise manuelle de 8 à 12 heures par hectare est utile pour régénérer une partie des bois et pour mieux contrôler le rendement. Une variation de 1 à 2 cm de la hauteur de taille peut aussi avoir une forte incidence sur la production. Il faut s'adapter à la parcelle et au cépage. Avec des premiers bourgeons peu fructifères, l'ugni blanc est à tailler à quatre yeux, le colombard à deux seulement. Avec une machine Tanesini achetée 11 000 euros, il me faut 4 heures par hectare contre 50 en taille manuelle. J'ai réduit de 700 euros le coût à l'hectare. Même si je ne souhaite pas forcément voir la technique s'étendre à tout le vignoble, je pense que les AOC devront évoluer sur le sujet. »

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