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L'ENHERBEMENT SOUS LE RANG diminue la teneur en azote assimilable des moûts.
Le pôle Sud-Ouest de l'Institut de la vigne et du vin (IFV) étudie trois alternatives au désherbage chimique sous le rang : le désherbage mécanique, l'enherbement et le paillage végétal. Chaque essai donne lieu à des mesures de rendement et de vigueur, mais aussi à une recherche de l'impact de ces techniques sur la teneur en azote assimilable des moûts. Au total, l'IFV a réalisé 340 mesures sur huit cépages différents.
Le désherbage mécanique : imparfait mais sans impact
Dans la majorité des cas, le désherbage mécanique, testé depuis 2006, n'entraîne aucune baisse ni augmentation significative de l'azote assimilable par rapport au désherbage chimique.
« Il perturbe parfois la vigne en sectionnant certaines racines et radicelles près des souches, explique Christophe Gaviglio, ingénieur à l'IFV Sud-Ouest. Par ailleurs, il est imparfait car il ne vient pas à bout de toutes les adventices. Celles-ci entrent alors en concurrence avec la vigne. Nous avions donc peur que ces deux facteurs soient pénalisants en termes de quantité d'azote assimilable disponible. Mais finalement, sur la quasi-totalité des parcelles testées, le désherbage mécanique n'a pas eu d'impact sur ce paramètre. »
Depuis deux ans, l'IFV expérimente aussi cinq paillages végétaux (paille de chanvre, de lavande et de céréales, écorce de châtaignier et feutre en fibres de chanvre) sur une parcelle de cabernet franc conduite en bio. En maintenant l'humidité, un paillage est susceptible de favoriser la minéralisation de l'azote organique. Mais sa dégradation par les micro-organismes du sol peut aussi consommer une partie de l'azote du sol et entraîner une faim d'azote. Pour savoir ce qu'il en est, l'IFV a comparé ces essais à un témoin désherbé mécaniquement. Les résultats obtenus en 2010 et 2011 montrent qu'aucun paillage n'a d'impact sur la teneur en azote assimilable des moûts.
Enfin, l'IFV teste une quinzaine de modalités d'enherbement sous le rang, avec des semences de graminées pures ou en mélange avec des légumineuses, pour bénéficier d'un éventuel retour d'azote. Dans tous ces cas, l'herbe est en concurrence directe avec la vigne dans la zone de captage de l'azote. C'est la technique qui entraîne le plus de conséquences sur la croissance du végétal et sur l'alimentation azotée des baies.
Imperturbables vieilles vignes
Ces conséquences diffèrent toutefois selon les essais. Sur la parcelle de négrette, la teneur en azote assimilable dans les moûts est quasiment la même sur les rangs désherbés chimiquement et sur ceux qui ont été enherbés. Ce qui n'est pas le cas des autres cépages évalués, pour lesquels cette teneur est beaucoup plus basse. Deux facteurs expliqueraient cette différence : le type de sol et surtout la date de plantation. Les souches de négrette ont 50 ans et leur production est faible (environ 3 kg par souche), alors que les autres parcelles, plantées dans les années 2000, produisent entre 4 et 5 kg par souche. « Le réservoir d'azote minéral est plus sollicité par des vignes jeunes et très productives », suggèrent les ingénieurs de l'IFV.
Résultats présentés lors du colloque « L'azote, un élément clé en viticulture et en œnologie », à Toulouse, le 8 décembre 2011.
Le désherbage pour compenser
Lorsqu'on pratique l'enherbement sous le rang, on perd entre 0 et 70 mg/l d'azote assimilable dans les moûts par rapport à des vignes désherbées chimiquement. Or, « un moût avec une teneur en azote assimilable inférieure à 150 mg/l d'azote doit être supplémenté pour éviter des problèmes de fermentation », indique Cornelis Van Leeuwen, de l'Énita de Bordeaux (Gironde). Pour éviter de passer sous ce seuil dans les vignes intégralement enherbées, « le plus efficace est de désherber mécaniquement un interrang sur deux, conseille Christophe Gaviglio, de l'IFV. Ceci entraîne une récupération d'azote immédiate par suppression de la concurrence et minéralisation de la végétation enfouie. On peut également faire un apport d'azote au sol, uniquement dans les interrangs désherbés, ou une fertilisation foliaire à la véraison. » L'IFV teste aussi le semis de trèfle blanc sur le rang. Associé au dactyle ou à la fétuque ovine, il a permis, une année, de relever les niveaux d'azote assimilable dans les moûts. Un résultat à confirmer.
