Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

V.I.N., un robot débutant

Martin Caillon - La vigne - n°241 - avril 2012 - page 42

Le 12 mars, la société Wall-YE a organisé une première démonstration de son robot V.I.N., destiné à travailler dans les vignes. Le projet est ambitieux et demande à être mis au point.
Christophe Millot, de la société Wall-YE, à Mâcon (Saône-et-Loire), est le concepteur du robot V.I.N.. © M. CAILLON

Christophe Millot, de la société Wall-YE, à Mâcon (Saône-et-Loire), est le concepteur du robot V.I.N.. © M. CAILLON

Un robot pour épamprer, lier, ébourgeonner et pourquoi pas tailler ! C'est le projet ambitieux de Christophe Millot, de la société Wall-YE, basée à Mâcon (Saône-et-Loire). Cet informaticien a créé un robot qu'il a nommé V.I.N. (viticulture intelligence naturelle). Il était le 12 mars dernier en démonstration au château Gerbaud, dans la région de Saint-Émilion (Gironde), devant une centaine de curieux. Une première !

V.I.N. est un robot de petit gabarit qui mesure 60 cm de longueur et de largeur et 50 cm de hauteur. Sa base est posée sur quatre roues motrices et directionnelles. Elle est surmontée d'une tourelle pivotant à 180° et flanquée de deux bras articulés.

« Leurs dimensions correspondent à mes propres mensurations, précise Christophe Millot. De plus, V.I.N. ne consomme pas, ne pollue pas et ne fait pas de bruit. » Il fonctionne à l'énergie électrique grâce à des batteries au nickel-hydrure métallique (NiMH) offrant 8 à 10 heures d'autonomie. Un panneau solaire assure la recharge des batteries. Construit en résine, l'engin ne pèse que 20 kg.

Deux caméras pour se guider, deux autres pour observer

Le robot est équipé de quatre caméras, d'un GPS et d'une tablette, véritable cerveau doté d'une mémoire de 160 Go. Cet ordinateur abrite un logiciel de cartographie avec le cadastre. Il est aussi muni d'un logiciel de reconnaissance des formes. Le robot connaît sa position dans la parcelle et sait faire demi-tour en bout de rang pour entrer dans le suivant. Deux caméras lui servent à se guider. Les deux autres, au bout de ses bras, lui permettent d'observer les ceps. Observons-le, nous aussi. Ce lundi 12 mars, Christophe Millot lâche son robot dans un rang. L'engin part reconnaître le terrain. Il se déplace d'un cep à l'autre en à peine vingt secondes. À chaque cep, il marque une pause et oriente ses bras vers le cep en une suite de petits mouvements. Ses caméras le scrutent, puis il passe au suivant. « Il enregistre la position et la structure de chaque cep et les garde en mémoire », commente Christophe Millot.

Le robot s'empêtre parfois les bras contre les ceps ou effectue des mouvements un peu brusques. « Il y a des réglages à opérer selon l'intensité lumineuse. Les nuances de couleurs entre le tronc et le sol sont parfois ténues. S'il se trompe, il ne commettra pas l'erreur lors du passage suivant », explique Christophe Millot, qui insiste sur la progression constante de l'apprentissage du robot. Les données recueillies sont renvoyées sur l'ordinateur du viticulteur et sur le serveur de Wall-Ye. « Elles peuvent ainsi être rectifiées et mises à jour dans le but d'optimiser son cerveau. »

18 250 euros pièce

À l'issue de sa première visite, V.I.N. pourra renseigner le nombre de pieds manquants. Plus tard dans la saison, un seul passage lui permettra de calculer le nombre de bourgeons par cep et de réaliser une estimation de la surface foliaire ou du rendement.

Mais là n'est pas sa mission la plus attendue. V.I.N remplacera-t-il un jour l'homme dans les tâches répétitives, jusque-là réalisées à la main ? « Il y a de la demande pour l'épamprage, le liage, l'ébourgeonnage et la taille », déclare Christophe Millot, qui affirme avoir réalisé l'an dernier une campagne de tests d'outils d'épamprage et de liage qu'il a jugée probante. Impatient, le public présent aurait aimé assister à ces travaux. Christophe Millot n'avait pas prévu de les montrer. Il assure travailler d'arrache-pied à leur mise au point. Selon lui, une vingtaine de clients sont déjà prêts à investir 18 250 euros pour s'attacher les services d'un robot. Il a conclu un partenariat avec Julien SA, au Creusot (Saône-et-Loire), pour sa fabrication en série.

Des outils en cours de développement

Wall-Ye travaille à l'adaptation de plusieurs outils sur les bras du robot. Pour l'épamprage, la société a testé une pince en U, équipée de brosses, qui descend le long du tronc. Pour le liage, elle prévoit une pince qui puisse saisir les sarments sans faire supporter le poids de la bobine aux bras du robot. Une pince pour ébourgeonner est aussi à l'étude. Pour transformer le robot en tailleur, « il faudra lui ajouter deux bras et deux caméras supplémentaires », selon Christophe Millot, qui l'imagine tailler de 500 à 600 pieds par jour. D'autres évolutions sont à l'étude. Le prototype du robot, conçu en Bourgogne pour des vignes basses, pourrait gagner un peu en hauteur. Sa coque pourrait être entièrement recouverte de panneaux solaires. « Le produit évoluera au gré des besoins », conclut son concepteur.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :