Réduire l'usage des produits phytosanitaires est-il vraiment économique ? Pour le savoir, Adeline Alonso-Ugaglia, de Bordeaux Sciences Agro, a comparé la stratégie Mildium mise au point par l'Inra de Bordeaux (Gironde) à une stratégie conventionnelle sur une trentaine d'exploitations.
Rappelons que Mildium est une règle de décision mise au point par l'Inra de Bordeaux pour raisonner les traitements contre le mildiou et l'oïdium. Elle consiste à réaliser deux traitements obligatoires contre chacune de ces maladies, puis des traitements optionnels en fonction du résultat d'observations à des stades clés de la vigne. Trois observations sont ainsi réalisées par saison. « Globalement, cela prend entre 3 et 6 heures par hectare et par an. Ce temps dépend de la densité de la parcelle, du niveau d'infestation et de l'habitude des opérateurs », précise Laurent Delière, de l'Inra.
« Maîtrise du risque »
En contrepartie, la stratégie Mildium permet de réduire le nombre de traitements tout en préservant la récolte sur le plan quantitatif et qualitatif. « L'économie sur les fongicides et sur le nombre de passage était de l'ordre de 200 €/ha en moyenne en 2011. Mais si l'on compte le coût des observations, dans 50 % des cas, la stratégie Mildium coûte autant, sinon plus que la stratégie classique. Mais le surcoût ne dépasse pas 100 €/ha.
Dans l'autre moitié des cas, les viticulteurs continuent de réaliser des économies, mais inférieurs à 200 €/ha », explique Adeline Alonso-Ugaglia.
Toutefois, cette balance entre l'économie de traitements et le coût des observations n'est pas prioritaire pour les viticulteurs. Pourquoi ? « Le frein majeur à l'adoption de la stratégie Mildium est la maîtrise du risque », poursuit-elle. Et pour cause : les viticulteurs sont amenés à détecter des symptômes précoces d'oïdium, une tâche délicate qui nécessite un oeil exercé. Ils estiment donc prendre un trop grand risque de passer à côté d'infections. « Les viticulteurs ont besoin d'un accompagnement », insiste Adeline Alonso-Ugaglia.