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Ils embauchent leur premier salarié permanent

Frédérique Ehrhard - La vigne - n°241 - avril 2012 - page 68

Quand l'exploitation s'agrandit, l'embauche d'un permanent finit par devenir nécessaire. C'est l'occasion de se réorganiser, pour gagner en efficacité.

Le Point de vue de

« J'ai délégué le travail et le suivi du vignoble »

Olivier Picherit, EARL Le clos des sables, à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire)

Olivier Picherit, EARL Le clos des sables, à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire)

Le domaine :

15 ha de vignes en conversion bio, appellations Anjou et Coteaux du Layon, 550 hl commercialisés en bouteilles.

Le contexte :

« Je me suis installé en 2008 sur 10 ha. Puis en 2009, j'ai porté la surface à 15 ha et je me suis engagé dans une conversion à l'agriculture biologique. Je savais que cela nécessiterait plus de présence dans les vignes.

Je confiais déjà une partie des travaux à des entreprises et je n'arrivais plus à tout mener seul. C'est à ce moment-là que j'ai choisi d'embaucher un permanent. »

Le recrutement :

« Ce salarié était déjà venu travailler chez moi ponctuellement. Il a une petite exploitation et souhaitait trouver un emploi côté, je voulais déléguer le suivi du vignoble à une personne de confiance. D'un commun accord, nous avons fait un essai d'un an avec des CDD renouvelables de trois mois. Puis je lui ai proposé un contrat en CDI au quatre cinquième de temps à partir du 1er janvier 2011. Le temps de travail est annualisé et varie entre 118 et 134 heures par mois en fonction des saisons. »

L'organisation :

« J'ai choisi de développer mon réseau commercial dans des régions qui ne sont pas viticoles, ce qui me tient éloigné du domaine pendant une bonne partie du temps.

Chaque semaine, j'effectue le tour du vignoble avec le salarié. Nous décidons ensemble des priorités pour la semaine à venir. S'il y a un problème pendant que je ne suis pas là, il me tient au courant. Je lui fais confiance pour prendre des initiatives lorsque c'est nécessaire. Je ne fais plus appel à des entreprises mais seulement à des saisonniers qu'il encadre pour les travaux en vert. Au final, cela me revient un peu plus cher, mais je sais que les interventions seront terminées à temps et je peux me consacrer plus tranquillement à la vinification et à la commercialisation. »

Le Point de vue de

« Même à deux, le travail ne manque pas »

Benoît Fulcrand, vigneron à Puilacher (Hérault)

Benoît Fulcrand, vigneron à Puilacher (Hérault)

Le domaine :

39 ha de vignes et 5 ha de céréales, IGP Pays d'Oc et vins sans IG, 2 000 hl en cave coopérative et 1 100 hl en cave particulière commercialisés en vrac.

Le contexte :

« Il y a trois ans, je cultivais seulement 27 ha. Puis j'ai repris les vignes de mon frère, qui a changé d'orientation, et j'ai restructuré en replantant 12 ha. Pour arriver à tout faire sur 44 ha, je n'avais pas le choix, il me fallait embaucher.

Avec l'agrandissement, j'allais passer au réel, c'était le bon moment pour prendre un salarié, même si la situation économique était difficile. Depuis, elle s'est heureusement améliorée. »

Le recrutement :

« J'avais déjà eu l'occasion d'employer ponctuellement le neveu d'un ami qui enchaînait des contrats dans l'agriculture. J'avais constaté qu'il était motivé et réfléchi. Je lui ai proposé le poste et, après une période d'essai, je l'ai embauché en CDI. Le contrat, basé sur 35 heures par semaine plus quatre heures supplémentaires, a démarré en novembre 2009. »

L'organisation :

« Lorsque je travaillais avec mon frère, je regardais moins les horaires. Avec le salarié, je dois prévoir le planning à l'avance et bien l'organiser pour ne pas perdre de temps. Nous réalisons la plupart des chantiers ensemble. En revanche, nous ne pourrions pas tout tailler à deux si je ne m'étais pas équipé pour la taille mécanique. Je la pratique déjà sur 14 ha et avec les nouvelles plantations, je compte monter à 32 ha. Nous pourrons alors souffler un peu, car pour l'instant, même à deux, le travail ne manque pas. À la récolte, je conduis la machine à vendanger pendant que le salarié est à la cave. C'est un poste qui lui plaît.

Il a déjà travaillé dans des coopératives et il me donne des idées pour progresser. Par exemple, il m'a amené à introduire le microbullage. C'est un jeune qui prévoit de s'installer. Il a déjà quelques vignes et il compte reprendre celles de sa mère. Je devrais alors le remplacer. Mais mon fils sera peut-être intéressé d'ici là ! »

Le Point de vue de

« Il me fallait embaucher ou réduire la surface »

Didier Gomez, vigneron à Mèze (Hérault)

Didier Gomez, vigneron à Mèze (Hérault)

Le domaine :

37 ha de vignes en cave coopérative, 3 200 hl d'IGP Pays d'Oc, d'IGP Côtes de Thau et de vins sans IG.

Le contexte :

« Mes parents m'ont bien aidé ces dernières années. Mais aujourd'hui, ils veulent lever le pied. Il me fallait soit réduire la surface, soit embaucher. Nous avons étudié la situation de l'exploitation avec le comptable. Je venais d'investir dans une machine à vendanger qu'il aurait été plus difficile d'amortir sur moins d'hectares. Avec l'amélioration des cours depuis deux ans, rémunérer un salarié permanent devenait envisageable. J'ai choisi cette option.

J'aurais aussi pu embaucher des saisonniers, mais je n'avais pas envie de devoir expliquer chaque année le travail à de nouvelles personnes. »

Le recrutement :

« Je connaissais un salarié qui enchaînait les saisons sur la vigne et le melon. Il m'avait déjà dit qu'il cherchait un emploi à l'année. Je savais qu'il était sérieux et expérimenté. Après une période d'essai, je lui ai fait signer un contrat en CDI qui a démarré au 1er décembre 2011. Le temps de travail est annualisé avec une moyenne de 35 heures par semaine. »

L'organisation :

« Nous réalisons la plupart des chantiers à deux. Je continue à réaliser les traitements seul, car c'est plus délicat à déléguer. Il y a beaucoup de travail l'hiver et au printemps. Durant cette période, le salarié peut travailler jusqu'à 44 heures par semaine.

En contrepartie, l'été, quand c'est plus calme, il peut récupérer cinq semaines en plus de ses congés. Il revient pour les vendanges, car j'ai besoin de lui pour livrer les raisins à la coopérative pendant que je récolte. À deux, les chantiers avancent plus vite, c'est motivant. Cette année, nous avions déjà fini de tailler début mars. C'est appréciable d'être dans les temps, il y a moins de pression pour démarrer les travaux du printemps. »

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