« C'est l'histoire de ma famille.» Avec une étincel l e dans le regard, Jean-Louis Gourjon glisse sa clef dans la serrure de la porte en bois de son musée des automates vigneron. À la Londe-les-Maures, entre Hyères et Saint-Tropez, il a ouvert ce lieu en février 2011 dans son ancien bâtiment de stockage. Au-dessus se trouve son habitation : une villa à l'américaine où il a fait édifier un théâtre de verdure. « L'été, nous y organisons des concerts », poursuit le vigneron converti à l'oenotourisme depuis plusieurs années déjà.
L'homme a le sens du détail
Jean-Louis Gourjon a mis dix ans pour achever son projet. Les travaux dans les vignes, les vendanges, la mise en bouteille, l'art de la tonnellerie… Une cinquantaine d'automates grandeur nature, en costumes d'époque, font revivre chacune de ces étapes. Un spectacle en son et en lumière.
Première scène : c'est l'hiver, l'époque de la taille. Le cliquetis des sécateurs accompagne les gestes. « Le plus dur a été de synchroniser la bande-son aux mouvements des machines », se souvient Jean-Louis Gourjon. Le tableau suivant présente un personnage tenant un appareil d'où s'échappe de la fumée : il fait un traitement au soufre. Soudain, un geai et des papillons survolent la scène. Réaliste et blufiant ! Étape suivante : les vendanges et la pressée du raisin dans la cour de la ferme. Le chant des cueilleurs égaye la scène. Jean-Louis Gourjon attire notre attention : « Observez les oreilles du cheval de trait, elles vont s'animer. » L'homme a le sens du détail. Il a façonné des pigeons qui picorent le sol et penchent la tête, d'un côté, puis de l'autre, en roulant des yeux. « J'ai passé du temps à observer leur comportement », dit-il. Il a réalisé un platane pourvu de larges feuilles. « Il est en plâtre, il a fallu un mois et demi pour le réaliser ! » sourit le vigneron. L'alambic qui se trouve au fond de la cour a été déniché en Bourgogne. Il a trouvé les rabots du tonnelier dans des foires aux vieux outils à Brignoles, à Paris et ailleurs. Les pavés qui jonchent le sol sont d'époque : deux fois centenaires !
Chaque scène a son ambiance. L'élevage du vin, confié à un moine qui va et vient entre les fûts, est empreint de mysticisme et de silence. À l'inverse, la mise en bouteille est toute en joie et en bonne humeur. « Toute la maisonnée est à la tâche », précise la bande sonore. Une mamie colle les étiquettes avec du lait. « C'est ma grand-mère, confie Jean-Louis Gourjon. J'en étais très proche. J'ai reproduit son visage à partir d'une photo. » À côté d'elle, une jeune fille lance des bouchons. À ses pieds, un chat miaule en tentant de les attraper. Elle lui chante : « Tu peux lancer la patte, tu n'auras pas de bouchons ronron, tu n'auras pas de bouchon ronron… »
Déjà un millier de visiteurs
Les commentaires sonores, entièrement écrits par Jean-Louis Gourjon, détaillent des moments d'histoire, comme la révolte des vignerons de 1907, et des informations sur la vigne, l'oïdium, le mildiou, les traitements au cuivre, etc.
Les visiteurs, petits et grands, repartent les yeux brillants. Un millier de visiteurs ont déjà découvert ce lieu.