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VIGNE

Sonia Grimbuhler, chercheuse à l'Irstea « Priorité à la sécurité »

Propos recueillis par Martin Caillon - La vigne - n°242 - mai 2012 - page 50

L'Irstea a évalué les pulvérisateurs selon le risque de contamination qu'ils font courir aux utilisateurs. Sonia Grimbuhler, pilote du projet, expose les grandes lignes des résultats de ce travail.
 © Y. CAINJO/GFA

© Y. CAINJO/GFA

LA VIGNE : Vous avez mis au point un indicateur de sécurité pour choisir son pulvérisateur. Comment avez-vous travaillé ?

Sonia Grimbuhler : Nous avons d'abord réalisé un diagnostic de tous les pulvérisateurs du marché. Nous avons déterminé une vingtaine de paramètres parmi lesquels l'accessibilité au trou d'homme, la simplicité d'utilisation des commandes, etc. En parallèle, nous avons filmé une cinquantaine de viticulteurs au cours des différentes étapes d'un traitement en conditions réelles. Nous avions disposé des patchs sur les pulvérisateurs et sur les différentes parties du corps de ces opérateurs afin de quantifier leur exposition aux produits phytosanitaires.

Ainsi, nous avons pu noter la gravité et la fréquence de l'exposition aux produits et la zone du corps exposé.

Quand le viticulteur risque-t-il le plus de se contaminer ?

S. G. : Lors des phases de préparation de la bouillie et de remplissage du pulvérisateur. Ses mains sont fortement exposées, parfois sans qu'il puisse l'éviter. Le contact est fréquent aussi au cours du nettoyage de l'appareil. Il peut avoir lieu directement avec les produits ou indirectement du fait de l'utilisation de matériels ou d'ustensiles souillés. La contamination dépend aussi du type d'appareil utilisé.

Quelles sont les configurations qui accentuent les contaminations ?

S. G. : La position du marchepied par rapport au trou de remplissage n'est pas toujours idéale. L'accès à ce dernier est parfois compliqué une fois les rampes repliées. La position du bac d'incorporation joue un rôle important. La contamination dépend aussi du type d'appareil. Un pulvé avec panneaux récupérateurs réduit aussi la possibilité d'entrer en contact avec les produits.

Qu'en est-il de la responsabilité de l'utilisateur ?

S. G. : Deux utilisateurs d'un même matériel de pulvérisation peuvent être contaminés à des niveaux différents. La procédure d'incorporation de la bouillie et la vitesse d'exécution de l'opération sont différentes d'un opérateur à l'autre. La sensibilité de chacun au danger des produits peut expliquer pour partie le niveau d'exposition.

Comment réduire son exposition ?

S. G. : En portant un équipement de protection individuel bien sûr. Mais celui-ci ne doit servir qu'à couvrir le risque résiduel. Il existe d'autres solutions simples, à commencer par nettoyer régulièrement son pulvérisateur et l'intérieur de la cabine. Faire de la sécurité une priorité, c'est dans tous les cas prendre son temps et organiser son travail sans brûler les étapes.

Au final, que regarder lors de l'achat d'un nouveau pulvérisateur ?

S. G. : Selon nous, huit paramètres principaux sont à prendre en compte : l'accessibilité au trou d'homme, le bac d'incorporation, le risque de projection lors de la vidange de l'appareil, la simplicité des commandes extérieures, l'indicateur de niveau, le bidon rince-mains, le manomètre et le filtre. Les contributions de chaque paramètre ne sont pas égales et dépendent de chaque appareil.

Les constructeurs et les viticulteurs sont-ils prêts à investir dans la sécurité ?

S. G. : Certains constructeurs le sont, d'autres un peu moins. Les viticulteurs sont attentifs à la sécurité lors de l'achat d'un appareil. Mais ils ne sont pas prêts à payer beaucoup plus cher ni à perdre trop de temps.

Comment lever ces freins ?

S. G. : Il nous faut démontrer que le rapport entre le coût et le bénéfice en terme de sécurité leur est positif. À défaut de gain tangible, les viticulteurs préfèrent investir dans un dispositif technologique de type DPAE plutôt que dans un élément de sécurité.

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PARCOURS

35 ans.

Chercheuse en chimie environnementale.

À l'Irstea (ex-Cemagref) depuis 2006.

Responsable et animatrice de l'équipe risques chimiques.

Docteur en biologie à l'École des hautes études en santé publique.

Auteure d'une thèse sur l'exposition des agriculteurs aux pesticides par la voie aérienne.

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