Une méta-analyse compilant neuf études suggère que lorsque leur mère a été exposée professionnellement aux produits phytos lors de la grossesse, les nouveau-nés ont un risque accru de 37 % de naître avec une malformation de type fente orale. Et les petits garçons ont un risque augmenté de 36 % d'avoir une malformation des parties génitales (hypospadias et cryptorchidie).
C'est ce qu'a expliqué le docteur Sylvaine Cordier, directrice de recherche à l'Inserm, lors du congrès « Pesticides et santé », organisé par Générations futures au Sénat les 23 et 24 mars derniers. « Les secteurs à risque sont l'horticulture, l'arboriculture, la viticulture et le travail en serre », a-t-elle précisé. Toutefois, ces études ne permettent pas de quantifier les niveaux d'exposition à risque ni d'identifier un produit en particulier. Les produits phytosanitaires ne sont pas des produits anodins. Il est préférable de ne pas y exposer les femmes enceintes. « Celles travaillant dans le milieu agricole doivent être encouragées à voir le médecin du travail le plus tôt possible au cours de leur grossesse, insiste la MSA. Selon la toxicité des produits utilisés, les conditions d'exposition et les données médicales personnelles de la femme enceinte, le médecin du travail évalue le risque pour la santé et établit des recommandations médicales et professionnelles. » La future maman devra par exemple lui préciser si elle est amenée à faire des relevages ou du palissage dans des vignes qui reçoivent des traitements phytosanitaires.
Même précautions en cas d'allaitement
La réglementation interdit l'exposition des femmes enceintes aux produits classés R61 « risque pendant la grossesse d'effets néfastes pour l'enfant », R60 « peut altérer la fertilité », R46 « peut causer des altérations génétiques héréditaires » et au benzène. En vigne, c'est le cas par exemple des herbicides Basta F1 (R60) et Goal 2 E (R61). Les femmes enceintes n'ont donc pas le droit de manipuler ni d'appliquer ces produits.
La MSA précise également « qu'il est nécessaire de vérifier que les conditions d'exposition à des substances dont l'utilisation n'est pas réglementairement interdite restent compatibles avec le bon déroulement de la grossesse ». De même, elle rappelle qu'il faut aussi prendre des précautions pour les femmes qui allaitent.