De 2006 à 2011, l'ICV (Institut coopératif du vin) et BASF Agro ont évalué la nuisibilité de l'oïdium en Languedoc-Roussillon. Premier constat : les grappes les plus touchées à la récolte sont attaquées tôt, peu après la floraison. L'oïdium provoque d'abord une chute des bouquets floraux et de la coulure. À la vendange, les grappes présentent des baies nanifiées, éclatées et couvertes d'un feutrage gris. Elles pénalisent les vins.
« L'oïdium fragilise les pellicules. De ce fait, le potassium est libéré en plus grande quantité dans les moûts, ce qui augmente le pH des vins et accroît le risque de précipitation tartrique, explique Jacques Rousseau, de l'ICV. De plus, dès 8 % d'oïdium dans la vendange, des notes herbacées et animales et des arômes de clou de girofle, de gingembre et de moisi apparaissent. » La maladie réduit aussi les arômes fruités. En bouche, les vins sont plus astringents et amers. Des défauts impossibles à corriger. On peut seulement éviter de les exacerber en soignant la vinification : enzymage et levurage, maîtrise des températures et ensemencement en bactéries lactiques.
« Il faut démarrer la protection tôt »
« Les dégâts sur le vin proviennent des grappes très touchées. On peut incorporer jusque 30 % de grappes avec seulement quelques baies atteintes et des dégâts superficiels, c'est sans conséquence organoleptique. Mais à partir de 5 % de grappes très touchées (des grappes dont 50 % des baies sont atteintes), les défauts sont perceptibles. Dès 10 % de grappes très atteintes, ils sont irréversibles », insiste Jacques Rousseau.
« Dans les conditions méditerranéennes, il faut démarrer la protection tôt, dès 5 à 6 feuilles étalées, avec des produits haut de gamme », précise Vincent Jacus, responsable filière chez BASF Agro. Effectivement, les travaux de l'ICV et de BASF montrent que la suppression d'un des premiers traitements peut laisser le champ libre à l'oïdium. Dans ce cas, le viticulteur se voit contraint de protéger ses vignes jusqu'à la véraison et même de recourir à des traitements curatifs très onéreux en juillet. En revanche, il peut lever le pied en fin de saison si aucune grappe n'est touchée à plus de 15 % à la fermeture de la grappe.