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VIGNE - TECHNIQUE À L'ÉPREUVE

La certification HVE « C'est la reconnaissance de tous nos efforts »

Christelle Stef - La vigne - n°243 - juin 2012 - page 40

Le vignoble Bollinger, situé à Ay (Marne), vient de décrocher la certification Haute valeur environnementale. C'est le premier vignoble d'une maison de négoce à obtenir cette distinction.
Le vignoble Bollinger a décroché la certification Haute valeur environnementale le 30 avril dernier. Gaël Vuille, l'adjoint au directeur du vignoble, a en main le document qui l'atteste. PHOTOS C. STEF

Le vignoble Bollinger a décroché la certification Haute valeur environnementale le 30 avril dernier. Gaël Vuille, l'adjoint au directeur du vignoble, a en main le document qui l'atteste. PHOTOS C. STEF

Bandes fleuries. Dans quelques parcelles, les rangs ont été semés avec un mélange fleuri. Cela permet d'augmenter la biodiversité et d'embellir les vignes. © BOLLINGER

Bandes fleuries. Dans quelques parcelles, les rangs ont été semés avec un mélange fleuri. Cela permet d'augmenter la biodiversité et d'embellir les vignes. © BOLLINGER

Enherbement. Les deux tiers des parcelles sont enherbées soit tous les rangs, soit un rang sur deux. Les rangs non enherbés sont travaillés. La ligne des souches est désherbée mécaniquement. Toutes ces mesures ont permis une réduction de 75 % des herbicides entre 2008 et 2011.

Enherbement. Les deux tiers des parcelles sont enherbées soit tous les rangs, soit un rang sur deux. Les rangs non enherbés sont travaillés. La ligne des souches est désherbée mécaniquement. Toutes ces mesures ont permis une réduction de 75 % des herbicides entre 2008 et 2011.

Enherbement. Les deux tiers des parcelles sont enherbées soit tous les rangs, soit un rang sur deux. Les rangs non enherbés sont travaillés. La ligne des souches est désherbée mécaniquement. Toutes ces mesures ont permis une réduction de 75 % des herbicides entre 2008 et 2011. © BOLLINGER

Enherbement. Les deux tiers des parcelles sont enherbées soit tous les rangs, soit un rang sur deux. Les rangs non enherbés sont travaillés. La ligne des souches est désherbée mécaniquement. Toutes ces mesures ont permis une réduction de 75 % des herbicides entre 2008 et 2011. © BOLLINGER

Diffuseur de phéromones. L'ensemble du vignoble Bollinger est sous confusion sexuelle pour lutter contre les vers de la grappe.

Diffuseur de phéromones. L'ensemble du vignoble Bollinger est sous confusion sexuelle pour lutter contre les vers de la grappe.

Les arbres isolés, les affleurements de roches, les bosquets, les haies… font partie des zones écologiques réservoirs. Elles représentent 14 % de la surface agricole utile du vignoble Bollinger.

Les arbres isolés, les affleurements de roches, les bosquets, les haies… font partie des zones écologiques réservoirs. Elles représentent 14 % de la surface agricole utile du vignoble Bollinger.

« Nous avons commencé à réfléchir à la certification Haute valeur environnementale (HVE) dès 2010, avant la parution des décrets, avec la chambre d'agriculture de la Marne », explique Gaël Vuille, l'adjoint au directeur du vignoble. Résultat de cette attitude pionnière, le vignoble Bollinger a décroché cette certification le 30 avril dernier, après un audit réalisé par l'organisme agréé Ocacia, facturé 500 euros HT. C'est la deuxième exploitation agricole française à obtenir cette certification, la première étant un vigneron bio de la Marne.

Le vignoble Bollinger couvre 164 ha dont l'entreprise cultive 114 ha elle-même. Depuis plusieurs années, le négociant mène un grand nombre d'actions en faveur du développement durable. « La certification HVE est la reconnaissance de tous nos efforts. Elle implique une obligation de résultats. Et, surtout, c'est une démarche officielle », insiste Gaël Vuille. Pour la décrocher, Bollinger a opté pour la voie dite A, qui implique d'être noté selon quatre critères : les actions en faveur de la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la fertilisation et la gestion de la ressource en eau. C'est pour montrer que le vignoble est performant sur plusieurs critères que cette voix a été préférée à la voie B, qui impose d'avoir au moins 10 % de la surface agricole utile (SAU) en infrastructures écologiques et un poids des intrants inférieur à 30 % du chiffre d'affaires.

Plantation de 250 mètres de haies

Concernant la biodiversité, Bollinger n'a eu aucune difficulté. 14 % de la SAU est couverte par des bandes enherbées, des haies, des murets en pierre, des affleurements de rocher ou des bosquets, autant de lieux appelés infrastructures agroécologiques. C'est largement supérieur au minimum de 8 % nécessaires pour obtenir l'HVE. « Et fin 2010, nous avons replanté 250 mètres de haies au bord des cours d'eau. Nous avons également aménagé quelques talus et semé des bandes fleuries dans certaines parcelles », ajoute Gaël Vuille. Côté stratégie phytosanitaire, Bollinger est largement dans les clous. « Entre 2008 et 2011, nous avons réduit de 75 % les quantités d'herbicides utilisées. Avant 2008, quasiment toutes les parcelles recevaient au moins un passage d'herbicide. Depuis, nous avons enherbé les parcelles soit tous les rangs, soit un rang sur deux. Les rangs enherbés sont tondus, les rangs non enherbés sont entretenus par des griffages. La ligne des souches est désherbée avec des interceps. Résultat : en 2011, notre IFT herbicide est de 0,6 contre 1,75 pour la référence Champagne. »

Bollinger a également réduit de 50 % sa consommation de fongicides. « Certes, nous avons été aidés par la météo en 2011, tempère Gaël Vuille. Mais nous modulons les doses d'antimildiou en fonction de la surface foliaire en début de campagne pour ne mettre que 75 % de la dose. » L'exploitation sous-dose également le cuivre en fin de saison. En revanche, elle applique les antioïdiums à la dose homologuée. Elle pratique la confusion sexuelle contre les vers de la grappe sur l'ensemble du vignoble. Ainsi, son IFT hors herbicides est de 9,3 en 2011, contre 22 de moyenne en Champagne. De même, la présence d'une aire de lavage ainsi que l'emploi de buses antidérives et de pulvérisateurs face par face lui ont apporté des points.

Clients et journalistes sont très réceptifs

La fertilisation n'a pas non plus posé de problème. « Si l'on apporte moins de 60 unités d'azote, on obtient déjà 10 points. Or, en viticulture, on est largement en dessous. Chez nous, le bilan azoté est même négatif, car nos apports sont très raisonnés. Et nous broyons les bois de taille pour restituer de la matière organique », précise Gaël Vuille. Enfin, pour la gestion de l'eau, là encore, aucune difficulté pour obtenir le nombre de points nécessaires. C'est l'irrigation qui est notée, une pratique interdite dans les vignes champenoises.

Depuis qu'il a décroché la certification HVE, Bollinger communique sur la démarche. Clients et journalistes sont très réceptifs. « Tout ce qu'on souhaite, c'est que la HVE, à l'instar de l'HQE, soit bien connue de tous et vulgarisée auprès du grand public », indique Gaël Vuille. La certification est valable trois ans. Entretemps, un audit de contrôle aura lieu. Il espère bien le réussir aussi brillamment.

Le Point de vue de

Gérard Cattin, chargé de l'innovation à la chambre d'agriculture de la Marne

« Une démarche officielle »

Gérard Cattin, chargé de l'innovation à la chambre d'agriculture de la Marn

Gérard Cattin, chargé de l'innovation à la chambre d'agriculture de la Marn

« La certification HVE est le troisième et le plus haut niveau de la certification environnementale. C'est une démarche officielle, reconnue par l'État. Pour les viticulteurs, c'est un bon moyen de prouver qu'ils mettent en place des actions en faveur de la protection de l'environnement. Pour décrocher la certification HVE, le viticulteur peut passer par deux voies, soit A, soit B. Personnellement j'estime que la B n'est pas assez parlante, car elle ne prend pas en compte les pratiques en détail, contrairement à la voie A. Pour décrocher la certification HVE, le respect de la réglementation est un prérequis. Ensuite, il faut des éléments de biodiversité (haies, bandes enherbées, talus, murets en pierre…) sur son exploitation, ce qui n'est pas toujours le cas en Champagne. Il faut également traiter moins que la moyenne régionale. À la chambre d'agriculture, nous aidons le viticulteur à préparer son audit. Nous vérifions avec lui qu'il respecte bien la réglementation (traçabilité des interventions, local de stockage aux normes…), puis nous validons son autodiagnostic. Ensuite, nous nous rendons avec lui sur le terrain pour procéder à un audit à blanc. »

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LE TÉMOIN

Gaël Vuille,

Adjoint au directeur du vignoble au sein de la maison de négoce Champagne Bollinger.

28 ans.

En poste depuis 2008.

164 ha de vignoble (114 ha exploités en propre et 50 ha exploités par des vignerons partenaires en métayage).

Une quarantaine de salariés permanents.

Environ 350 apporteurs de raisins pour 200 ha.

2,5 millions de bouteilles produites par an.

85 % d'export.

LE BILAN

Avantages

Démarche officielle.

Permet de valoriser les efforts entrepris en terme de respect de l'environnement.

Inconvénient

Certains thèmes sont très axés grande culture et ont besoin d'une interprétation au niveau viticole.

L'essentiel de l'offre

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