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TROIS PIÈGES, deux aériens (jaune et orange) et un au sol, permettent de capturer les insectes, acariens et autres arthropodes qu'héberge cette parcelle. © CHAMBRE D'AGRICULTURE DE L'AUDE
ZYGÈNE posée sur une vipérine. © CHAMBRE D'AGRICULTURE DE L'AUDE
Depuis l'an passé, la chambre d'agriculture de l'Aude mène une vaste étude (1) sur la biodiversité dans le vignoble de Limoux, soit 7 800 ha de vignes. Dans un premier temps, les techniciens ont disposé vingt-quatre pièges pour dénombrer les insectes, araignées, cloportes, mille-pattes et autres arthropodes. Ils ont réparti ces pièges dans les bois, les garrigues, les haies, les arbres le long des rivières, les vignes travaillées et les vignes enherbées. Ils les ont relevés toutes les semaines, de la mi-avril à la mi-juillet. Les résultats sont encourageants.
Les phytos ne semblent pas avoir d'impact
« Dans les vignes, la variété et l'abondance en arthropodes est bonne. Ces êtres vivants sont plus nombreux dans les vignes enherbées que dans les vignes travaillées, mais pas plus diversifiés, souligne Céline Forget, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Des observations que nous avions réalisées entre 2008 et 2010 n'avaient pas révélé de différence entre les parcelles bios et les non bios, ce qui nous laisse penser que les produits phytos n'entraînent pas de baisse des populations. »
Les hyménoptères (abeilles et guêpes) sont moyennement abondants mais très divers. Les coléoptères (scarabées, coccinelles, carabes, etc.) sont présents en grande quantité et leur variété est bonne bien qu'inférieure à celle des hyménoptères.
Les arthropodes sont les plus nombreux dans les haies et les plus divers dans les bandes arborées le long des cours d'eau. « Le paysage autour des vignes joue un rôle prépondérant sur la biodiversité », remarque Céline Forget.
Pour améliorer la biodiversité, treize vignerons ont réimplanté, en 2011, 1 530 mètres de haies, bénéficiant ainsi d'une aide du conseil général de l'Aude. La chambre d'agriculture encourage également l'enherbement des interrangs, le semis de mélanges fleuris dans les tournières ainsi que la restauration des murets et des cabanes de vigne. Dans le cadre du projet LIFE+BioDiVine, les viticulteurs peuvent bénéficier d'aides pour certaines de ces actions. Les distributeurs locaux (Cavale, PCEB) ont réalisé un catalogue de fournitures concernées.
Cette année, la chambre se concentre sur le piégeage des arthropodes dans les vignes. Et elle va suivre les vers de la grappe dans les deux zones sous confusion sexuelle depuis ce printemps, couvrant 43 ha.
Écouter les oiseaux
La chambre d'agriculture pratique également des relevés botaniques dans les parcelles. Elle a prévu de surveiller les populations d'oiseaux en écoutant leurs cris et de poser des caméras infrarouges en bordure des vignes pour observer les mammifères. Pour aider les vignerons à reconnaître les arthropodes, elle a réalisé un dépliant exposant les principales espèces présentes dans les vignes, avec leur photo.
Toutes ces observations sont menées dans le cadre du projet européen LIFT+BioDiVine visant à préserver la biodiversité et à démontrer l'intérêt des haies, des murets et des couverts végétaux dans ce but. La France, l'Espagne et le Portugal y participent. En France, outre Limoux, la Bourgogne, Costières-de-Nîmes, Saint-Émilion et Saumur-Champigny suivent ce programme.
(1) Étude menée avec le syndicat des vins AOC de Limoux, Sieur d'Arques, Anne de Joyeuse, le conservatoire des espaces naturels du Languedoc-Roussillon, l'ICV, Aude Claire, la Ligue de protection des oiseaux de l'Aude, la Fédération départementale de chasse de l'Aude, l'association Vitinnov et l'IFV.
