« Le marché demande des levures aux propriétés de plus en plus précises, expose Marie-Charlotte Colosio, ingénieure à l'IFV de Nantes (Loire-Atlantique). Or, avec la sélection, la probabilité de trouver la bonne souche est très faible. » En effet, la sélection consiste à tester des levures trouvées sur les raisins ou dans les moûts. Et ce, un peu au hasard.
L'IFV a opté pour une autre technique permettant de cibler plus facilement les bonnes souches : l'hybridation.
Ce projet, financé en partie par l'Europe et par la société Spindal, a débuté fin 2011 et durera trois ans. Il vise surtout à trouver des levures tolérantes aux fortes teneurs en alcool dans les vins rouges et qui accentuent les arômes dans les blancs et les rosés.
« L'objectif est de faire se croiser deux souches dont les propriétés sont bien connues, afin d'obtenir une nouvelle souche qui regroupe le maximum de gènes intéressants », explique la chercheuse. « Les souches obtenues ne sont pas des OGM », insiste-t-elle.
Une cinquantaine de souches à l'essai
Pour effectuer ces hybridations, l'IFV a investi dans un robot très précis. Après avoir fait sporuler deux souches parentales sur des boîtes de Pétri, une microaiguille contenue dans l'appareil récupère une spore de chacune des deux souches et les met en contact pour les faire fusionner. « Le taux de fusion est très faible, reconnaît la chercheuse. Et il faut que la spore fusionnée soit stable et viable. » Elle vérifiera par la suite, par PCR ou électrophorèse, si les levures obtenues sont bien des hybrides des deux souches choisies. Si oui, ces hybrides seront testés en vinification dans le chai expérimental.
L'IFV va explorer une cinquantaine de souches de Spindal et de sa propre collection, des Saccharomyces cerevisiae pour la plupart. Il compte bien dégoter quelques hybrides prometteurs pour les prochaines vendanges.