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VENDRE - Conseils de pros

Comment faire une fiche technique claire et valorisante

Chantal Sarrazin - La vigne - n°243 - juin 2012 - page 64

La fiche technique se conçoit de plus en plus, comme une fiche marketing pour mettre le lecteur en appétit. Chaque information doit être présentée de manière attractive pour les clients.

1. Donnez un titre à votre fiche

« Intitulez votre fiche du nom de votre domaine », expose Axelle Verniol. Le nom de l'AOC ou de l'IGP vient en second plan. Pour Frédéric Julia, cette information n'est même pas nécessaire, sauf s'il s'agit d'une dénomination prestigieuse comme Sauternes. Si le vin porte un nom de cuvée, précisez-le. Vous pouvez aussi expliquer l'origine de ce nom en quelques lignes. « Cela peut intéresser le client, car les vignerons donnent de plus en plus des noms originaux à leur vin », remarque Frédéric Julia. Indiquez également les médailles et les citations dans des guides. Vos coordonnées postales, téléphoniques et l'adresse de votre site internet doivent également figurer sur la fiche. Au choix, en haut ou en bas de cette dernière.

2. Décrivez la couleur, le nez et la bouche

Faites un commentaire en trois parties : la couleur, le nez et la bouche. « Employez des termes objectifs », conseille Patrick Amigo. Au lieu de « vin superbe, magnifique », préférez « vin aromatique et frais ». La couleur se décrit par la nuance (rubis, pourpre, saumon), les reflets et la brillance. Le nez correspond au profil aromatique : floral, fruité, acidulé, minéral, épicé, grillé, toasté ou vanillé. Évitez les longues listes de fruits rouges ou noirs, qui seraient rapidement considérées comme exagérées. « Les cavistes ou les restaurateurs ne s'en serviront pas pour présenter le vin à leurs clients », prévient Frédéric Julia. La bouche décrit les saveurs et le profil gustatif du vin. Exemple : « Ce vin est rond et souple, dominé par des notes fruitées. Son acidité est peu marquée, il possède une légère sucrosité qui lui apporte de l'onctuosité et de la fluidité. Il plaira aux clients à la recherche de vins simples, accessibles, sur le fruit. » Pour indiquer si votre vin et plutôt souple ou corsé, vous pouvez utiliser une échelle graduée de un à dix, un étant très souple et dix très corsé.

3. Présentez l'origine du vin

Rédigez cette partie en trois points : le terroir, le(s) cépage(s) et le mode de conduite. Si le vin provient d'une seule parcelle, donnez son nom et décrivez-la (orientation, type de sol, âge des vignes…). « Ces informations doivent être tournées de manière valorisante », recommande Frédéric Julia. Ne vous contentez pas d'un laconique « terroir calcaire ». Détaillez : « Terroir calcaire qui confère à cette cuvée finesse et minéralité. » Même chose avec les cépages. Si votre vin contient une majorité de merlot, expliquez que ce cépage lui apporte de la rondeur.

4. Abordez la vinification, l'élevage

Éliminez le vocabulaire technique, utilisez des mots simples. Mettez en avant vos pratiques valorisantes (tri à la vigne ou au chai, contrôle des températures, élevage en barriques, etc.) sans omettre ce qu'elles apportent au vin. Expliquez par exemple qu'une fermentation à basse température apporte de la finesse, qu'un passage en barriques donne des notes toastées. Bref, expliquez l'intérêt pour vos clients de vos pratiques.

5. Suggérez des accords culinaires

« Donnez des tendances, mais pas de recettes précises », conseille Axelle Verniol. Pour un rosé, mentionnez « charcuteries, grillades, poissons, à l'apéritif ». « Pensez à proposer des accords pour toutes les saisons », ajoute Patrick Amigo. S'il s'agit d'un vin doux, indiquez « à l'apéritif, avec du melon, des pâtes persillées, du foie gras ».

6. Adaptez le contenu de vos fiches à vos lecteurs

Indiquez la durée de garde et la température de service si vous vous adressez aux consommateurs, aux cavistes ou aux acheteurs de la grande distribution. Ces informations ont moins d'importance pour les restaurateurs qui cherchent des vins prêts à boire. Les acheteurs de la grande distribution et les importateurs veulent beaucoup d'informations d'ordre logistique : nombre de cols disponibles, palettisation, stockage, cartons de six ou de douze bouteilles, bouchage, box présentoir. De même, « les informations sur la vinification et l'élevage peuvent être plus détaillées si l'interlocuteur est un acheteur d'enseigne, estime Patrick Amigo. Ils sont souvent œnologues. » Quant aux journalistes, ils sont friands des labels et certifications (AB, biodynamie, etc.). Ils s'intéressent moins aux commentaires de dégustation. Quel que soit le public, la mention ou le descriptif du millésime n'est pas nécessaire.

7. Pensez à l'illustration

La photo de l'étiquette et de la contre-étiquette de la cuvée est indispensable. Directement imprimée sur la fiche de préférence et en couleur. À l'export, mieux vaut y ajouter une photo de la bouteille. Elle est vivement conseillée par nos experts en Asie. Les importateurs de ce continent sont, en effet, sensibles à l'habillage.

8. Choisissez un papier standard

Imprimez votre fiche sur un format de papier A4, plus pratique pour le classement dans un classeur.

Le Point de vue de

Aurélie et Thierry Condemine, château de Juliénas, 14 ha en AOC Juliénas

« Nous allons à l'essentiel »

« Nous avons fait appel à un consultant. Il nous a aidés à mettre en forme nos fiches techniques. Nous en faisions peu et nous n'avions pas de boîte à outils. Il a fallu s'y mettre pour nos importateurs. Nous avons allégé le commentaire de dégustation et l'avons rendu plus attrayant. Autrefois, nous utilisions les termes « examen visuel », « olfactif » ou « gustatif ». C'est devenu « couleur », « nez » et « bouche ». Notre œnologue a réalisé un commentaire pour chacune de nos cuvées, nous l'avons repris en étant plus concis. Nous avons ajouté des informations sur les vignes dont le vin est issu, leur mode de conduite, le terroir, la vinification et l'élevage. Nous indiquons aussi avec quoi boire chaque vin. Tout cela sans fioriture, en allant à l'essentiel. Nous avons également changé la police de caractère. Elle est identique à celle de notre étiquette, qui est imprimée sur la fiche. Cela confère une unité de présentation. Nous montrons aussi la photo de la bouteille entière et des visuels de nos emballages, cartons de six bouteilles à plat ou caisses en bois. Enfin, nous imprimons le blason du château sur le bas de chacune de nos fiches. Autrefois, nous indiquions le millésime sur les fiches. Cela nous obligeait à rectifier l'année tous les ans. Nous avons supprimé cette information. Nos fiches sont ainsi intemporelles. Nous ne les imprimons plus. Nos clients les réclament de plus en plus par courrier électronique. »

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Axelle Verniol

Axelle Verniol, conseillère viticulture pour la commercialisation à la chambre d'agriculture du Rhône.

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Patrick Amigo, consultant en commercialisation de vin.

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Frédéric Julia, directeur général de Vertumne international.

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