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VIGNE - POUR APPROFONDIR

Les radars de pluie

Florence Jacquemoud - La vigne - n°244 - juillet 2012 - page 36

Que nous apprennent-ils ?

Les radars renseignent sur le lieu et l'intensité des précipitations sur la France un quart d'heure après les faits. Différents sites internet diffusent, en libre accès ou sur abonnement, des images radar animées permettant de visualiser ces précipitations. Par temps pluvieux, comme ce fut le cas ces dernières semaines, on voit ainsi passer des nuages de couleur sur des cartes. Ces nuages représentent la trajectoire des fronts nuageux réels et l'intensité des précipitations en millimètres d'eau par heure.

En général, les couleurs les plus claires symbolisent des précipitations faibles et éparses, tandis que les couleurs foncées sont utilisées pour les fortes averses. Chaque site possède sa propre échelle de couleur. Celui de « La Vigne » (lavignemag. fr, rubrique « Météo », cliquez sur « Météo locale » et rendez-vous tout en bas de la page pour voir la météo à trois heures, pour les abonnés seulement) utilise sept teintes qui défilent sur un fond vert pâle. À une extrémité, le blanc signale une intensité de moins de 0,3 mm/h. À l'autre, le grenat indique des précipitations de 150 mm/h et plus. Sur le site de Météo France, les tons bleu violet indiquent une faible intensité et le jaune orange, les intensités les plus fortes. Le site Météo60 a choisi quatre couleurs et Meteox, huit.

Les informations sont mises à jour tous les quarts d'heure. L'important est de bien repérer la légende pour comprendre l'animation.

Avec quelle précision ?

Les informations proviennent toutes des radars de Météo France qui quadrillent le pays. L'entreprise réalise des mesures tous les kilomètres, qu'elle transmet à ses clients. La précision est donc de l'ordre du kilomètre carré. Parmi les services en libre accès, Météo France, MeteoGroup et Météo60 donnent une carte à l'échelle de la France. Meteox permet de zoomer pour resserrer l'image sur une zone plus précise.

« Il faut toutefois savoir qu'un radar détecte les précipitations, mais que toutes les pluies n'atteignent pas le sol. Si l'air est très sec, elles peuvent totalement s'évaporer, explique Éric De Wind, météorologue chez MeteoServices, filiale belge de Meteo-Group. Par ailleurs, les images indiquent des intensités horaires. Il peut donc tomber 100 mm d'eau en une heure, mais pas forcément au même endroit. Les précipitations se répartissent le long de la trajectoire des nuages qui peuvent se déplacer rapidement. Il ne faut donc pas aller trop vite pour interpréter une image. » Ainsi, si l'on voit arriver une vague de précipitation de 100 mm/h, on aura une forte averse, mais pas forcément 100 mm de pluie, car cette vague peut passer très vite.

Comment ça marche ?

Les données proviennent de Météo France qui possède un réseau de vingtsix radars de précipitations répartis dans toute la France. Le signal émis par chacun d'eux est d'abord traité localement par un ordinateur qui élabore une image des précipitations toutes les cinq minutes et la transmet à un calculateur à Toulouse (Haute-Garonne). Celui-ci constitue une mosaïque à partir des images de tous les radars. Produite toutes les quinze minutes, cette image est diffusée à l'ensemble des services et stations de Météo France. L'entreprise recoupe alors cette donnée avec les relevés pluviométriques de ses stations pour quantifier l'intensité des pluies. Elle transmet ensuite ces informations à ses clients. MeteoGroup, par exemple, reçoit des données brutes de Météo France. Son centre de recherche et développement aux Pays-Bas se charge de les analyser et de les mettre en forme pour les rendre accessibles.

Mais Météo France commence à avoir de la concurrence. La société Novimet a créé un nouveau radar, baptisé Hydrix. À l'inverse des radars classiques, qui envoient seulement des ondes horizontales, celui-ci envoie des ondes verticales. Cela lui permet de déterminer, en temps réel, la taille des gouttes d'eau (pluie, neige, grêle) et de connaître avec précision l'intensité des précipitations, sans faire appel aux pluviomètres.

Fonctionnent-ils partout ?

Pas tout à fait. Les radars repèrent très bien les pluies en plaine mais, dans les zones montagneuses, l'affaire est plus compliquée. De « faux échos » apparaissent sur les images radars qui peuvent altérer les résultats. Les météorologues appliquent alors des filtres pour « nettoyer » et corriger les images brutes. En plaine, les pylônes électriques ou certains bâtiments peuvent poser les mêmes problèmes.

Y a-t-il des services plus précis pour l'agriculture ?

Oui. Météo France et MeteoGroup proposent des services payants permettant d'obtenir des informations sur des secteurs géographiques très localisés. Client de MeteoGroup, le site de « La Vigne » fournit ainsi des informations à l'échelle de petites régions, un service réservé aux abonnés de la revue.

Permettent-ils de faire des prévisions ?

Non, pas en tant que tel. Ce sont des outils d'observation et de confirmation. Ils permettent seulement de détecter une situation en temps réel. Les cartes de prévisions de cumul de précipitations, comme celles proposées sur le site internet de « La Vigne », sont calculées grâce à des modèles météo. Ceux-ci allient des équations mathématiques et physiques, qui sont appliquées aux observations météorologiques réalisées durant les six à douze heures qui précèdent. Généralement, les prévisions sont établies par pas de trois heures, c'est-à-dire que les images qui défilent montrent des précipitations prévues toutes les trois heures.

Repèrent-ils les orages d'été ?

Non, car les radars ne détectent pas les champs électriques qui caractérisent les orages. Pour les observer, Météorage, filiale de Météo France, utilise les informations recueillies en temps réel par un réseau de trente capteurs spécifiques. L'entreprise propose un service payant pour suivre en temps réel les impacts de foudre sur les trois ou les vingt-quatre dernières heures. Sur le site de Météo60 ou de l'Observatoire français des tornades et des orages violents (Keraunos), des cartes de France donnent gratuitement un aperçu de l'activité orageuse durant les deux dernières heures. Les impacts de foudre sont représentés de différentes couleurs qui changent en fonction du temps écoulé depuis qu'ils ont eu lieu. Ces données proviennent principalement d'un centre météo allemand et grec. Pour observer la progression des orages, il faut donc utiliser à la fois les cartes des vagues de précipitation et les cartes d'impacts de foudre.

Quelle est leur utilité ?

En période de traitement ou de vendange, les images radar permettent de savoir si une averse s'approche. On peut alors décider d'avancer ou d'annuler un traitement s'il risque d'être lessivé. La plupart des sites météo proposent des applications mobiles payantes, accessibles depuis les téléphones portables dernière génération. Un service pratique si on veut avoir sur soi des informations sur l'évolution de la météo lorsqu'on travaille dans la vigne.

À Bordeaux, l'Institut français de la vigne (IFV) utilise les images des radars de pluie pour prévoir les risques épidémiques. L'IFV possède des modèles de prévision pour le mildiou, l'oïdium et le black-rot, mais aussi pour le stress hydrique.

Anticiper pour mieux traiter

 © C. WATIER

© C. WATIER

LE RADAR DE COLLOBORIÈRES, dans le Var, fait partie du réseau de Météo France qui quadrille le territoire. Toutes les cinq minutes, une image des précipitations est envoyé au centre de calculs de Toulouse (Haute-Garonne). Celui-ci constitue tous les quarts d'heure une mosaïque à partir des informations fournies par tous les radars. © P. TABURET /MÉTÉO FRANCE

LE RADAR DE COLLOBORIÈRES, dans le Var, fait partie du réseau de Météo France qui quadrille le territoire. Toutes les cinq minutes, une image des précipitations est envoyé au centre de calculs de Toulouse (Haute-Garonne). Celui-ci constitue tous les quarts d'heure une mosaïque à partir des informations fournies par tous les radars. © P. TABURET /MÉTÉO FRANCE

 ©MÉTÉO FRANCE

©MÉTÉO FRANCE

CETTE CARTE, publiée sur le site lavigne-mag.fr, indique l'intensité des précipitations le 28 juin, à 9 heures. Les zones rouge sombre sont les plus arrosées. La carte indique l'intensité des pluies tous les quarts d'heure au cours des trois dernières heures. Les internautes peuvent zoomer pour visualiser leur commune.

CETTE CARTE, publiée sur le site lavigne-mag.fr, indique l'intensité des précipitations le 28 juin, à 9 heures. Les zones rouge sombre sont les plus arrosées. La carte indique l'intensité des pluies tous les quarts d'heure au cours des trois dernières heures. Les internautes peuvent zoomer pour visualiser leur commune.

HYDRIX, LE NOUVEAU RADAR DE NOVIMET, a la particularité d'envoyer des ondes verticales, contrairement aux autres radars. Ainsi, il peut déterminer en temps réel la taille des gouttes d'eau et connaître avec précision l'intensité des pluies sans l'aide des pluviomètres. Il donne donc, à lui seul, une image précise des précipitations. PHOTOS IFV

HYDRIX, LE NOUVEAU RADAR DE NOVIMET, a la particularité d'envoyer des ondes verticales, contrairement aux autres radars. Ainsi, il peut déterminer en temps réel la taille des gouttes d'eau et connaître avec précision l'intensité des pluies sans l'aide des pluviomètres. Il donne donc, à lui seul, une image précise des précipitations. PHOTOS IFV

HYDRIX, LE NOUVEAU RADAR DE NOVIMET, a la particularité d'envoyer des ondes verticales, contrairement aux autres radars. Ainsi, il peut déterminer en temps réel la taille des gouttes d'eau et connaître avec précision l'intensité des pluies sans l'aide des pluviomètres. Il donne donc, à lui seul, une image précise des précipitations. PHOTOS IFV

HYDRIX, LE NOUVEAU RADAR DE NOVIMET, a la particularité d'envoyer des ondes verticales, contrairement aux autres radars. Ainsi, il peut déterminer en temps réel la taille des gouttes d'eau et connaître avec précision l'intensité des pluies sans l'aide des pluviomètres. Il donne donc, à lui seul, une image précise des précipitations. PHOTOS IFV

Ces appareils permettent de réaliser des cartes animées pour visualiser l'avancée et l'intensité d'un front pluvieux. Une information diffusée par internet et utile pour planifier, à court terme, les travaux dans les vignes.

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