Dans le contexte actuel de morosité économique, les chiffres d'Ubifrance font figure d'éclaircie : le bilan des six premiers mois à l'export est favorable pour une majorité de vignobles.
Parmi les grandes régions d'appellation, seul le Beaujolais est à la peine (- 7 % en volume comme en valeur). La Bourgogne connaît une belle progression en valeur de 15 % (+ 2,5 % en volume). Les côtes du Rhône font + 4 % en volume et + 7 % en valeur. Le Languedoc- Roussillon remonte avec respectivement + 9 % et + 18 %. Le Val de Loire aussi, avec + 9 % et + 8 %.
Les marchés lointains plus dynamiques que l'Europe
Bordeaux enregistre de belles performances avec respectivement + 13 % et + 31 %. Les chiffres communiqués par l'interprofession confirment cette tendance favorable aux vins bordelais, qu'il s'agisse des exportations dans la zone européenne ou dans les pays tiers. En cumul annuel mobile à ‑ n mai, l'Europe progresse de 8 % en volume et de 35 % en valeur et les marchés plus lointains sont encore plus dynamiques avec + 23 % en volume et + 21 % en valeur.
« L'Asie reste un relais de croissance important, particulièrement la Chine, qui est actuellement notre premier marché à l'export. Sur les derniers mois, la demande se calme un peu sur les grands crus. En revanche, les vins d'entrée et de milieu de gamme continuent leur progression », constate le négociant Roland Quancard, coprésident de la commission promotion au Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux.
Du côté des vins à bulles, la situation est moins favorable : le total des vins effervescents est stable en volume et progresse en valeur de 2,5 %. Le champagne semble particulièrement touché par la baisse de la demande avec - 4 % en volume et + 2 % en valeur.
« Les gens consomment moins de champagne »
« Dans une situation économique difficile, les gens consomment moins de champagne, souvent synonyme de fête », analyse Thibault Le Mailloux, responsable de la communication au Comité interprofessionnel du vin de Champagne. Des propos confirmés par les statistiques : alors que les expéditions vers l'Union européenne – zone particulièrement touchée par la récession – reculent de 7 % en volume sur le premier semestre, les pays tiers restent stables…
Les États-Unis manquent de vin
Selon Ubifrance, la demande de vin aux États-Unis a dépassé l'offre. La France doit saisir cette occasion. La tension qui règne aux États-Unis touche tous les cépages et résulte de deux phénomènes. D'abord, une contraction de l'offre. « Les chocs de l'économie mondiale, couplés à deux dernières vendanges difficiles, ont considérablement réduit les fournisseurs et donc l'offre de vin en vrac aux États-Unis », analyse l'Agence pour le développement international des entreprises françaises.
Pourtant, la demande continue de croître. « La consommation de vin aux États-Unis, actuellement de 9 litres par habitant et par an, devrait s'élever à plus de 13,5 litres en 2025 », indique Ubifrance. La tension est forte sur les marchés du vrac et pourrait durer plusieurs années. « Les fournisseurs plantent de nouvelles parcelles, mais les pépinières, n'ayant pas anticipé une telle demande, auront besoin de deux à quatre ans pour développer leurs plants, poursuit Ubifrance. Si l'on ajoute à cela trois à cinq ans nécessaires au développement de la vigne avant d'être productive, beaucoup pensent que les prix du vin en vrac resteront élevés pendant les six à huit ans à venir. »