Le diagnostic énergétique du chai « Nous avons ciblé les points à améliorer »

Le domaine Brelière, à Rully (Saône-et-Loire), a pratiqué un diagnostic eau et énergie dans sa cave. Ce service gratuit a été bénéfique.

Cette année, Baptiste Gillot, chargé d'études énergie à la chambre d'agriculture de Bourgogne, a parcouru les caves de sa région pour évaluer leurs dépenses en eau et en énergie. C'est pour réaliser un tel diagnostic que le domaine Brelière l'a sollicité fin juillet. Nous l'y avons suivi.

« J'ai lu un message du BIVB sur les diagnostics énergétiques au chai réalisés par la chambre d'agriculture, raconte Anna Brelière, exploitante du domaine avec son mari Jean-Claude. Cela m'a paru intéressant de savoir où se situent nos dépenses. Nous avons donc pris rendez-vous. »

Le diagnostic commence par l'épluchage des factures : électricité, gaz, fioul, eau… Tout est passé en revue. Baptiste Gillot remplit ensuite une fiche qui lui permettra de donner une première estimation de la consommation de l'exploitation et de cibler les points sensibles. Il note les caractéristiques de la production : volume vinifié (375 hl en année normale), part de blanc (50 %), de rouge (50 %) et de vente en bouteilles (la totalité).

Une chaudière à gaz vieille de vingt-cinq ans

« Quelle installation de gaz possédez-vous et pour quel usage ? » interroge-t-il. « Une vieille chaudière de vingt-cinq ans chauffe les bureaux et le local d'habillage », répond Anna Brelière. « Et l'électricité, à quoi vous sert-elle ? » « À l'éclairage et, très ponctuellement, au chauffage de la cuverie pour lancer les malos si besoin. » Quant à l'eau, les producteurs s'inquiètent d'en utiliser trop pour le nettoyage.

Mais le premier verdict est rassurant. Baptiste Gillot a calculé que le chai consomme 2,2‑litres d'eau par litre de vin vinifié en un an. « Vous êtes dans la moyenne basse, expose-t-il. C'est très bien, mais il existe des moyens pour réduire encore votre consommation. » Il suggère alors de récupérer les eaux de pluie depuis leurs toits. D'autant que les bâtiments ont une bonne surface de toiture. « Une petite fosse en résine avec un branchement sur les chéneaux et un système de filtration grossière avec du sable ne représentent pas un gros investissement. » Les vignerons pourraient réutiliser cette eau, au moins pour laver les sols.

Au niveau énergétique, la cave reste aussi dans la moyenne, à savoir 98 kWh consommés par hectolitre de vin en un an. La consommation d'électricité est très basse. « Mais vous avez une grosse consommation de gaz pour le peu que vous chauffez. C'est probablement votre chaudière qui n'est plus performante », estime Baptiste Gillot. D'ici un an ou deux, les vignerons aimeraient bien investir dans un nouveau modèle avec un meilleur rendement, pourquoi pas une chaudière à bois.

Pour conforter ces premières évaluations, le diagnostic se poursuit par une visite détaillée du chai. Nous faisons le tour de la cuverie, de la cave à fûts, du local de stockage des bouteilles, du local d'embouteillage, des bureaux et du caveau de vente.

Le long du parcours, le jeune spécialiste de l'énergie scrute tous les détails : épaisseur et matériaux d'isolation des murs et des plafonds, qualité de l'isolation des portes et des fenêtres, systèmes de régulation thermique et matériel de nettoyage des fûts. Il note qu'il y a des embouts sur les tuyaux d'eau pour éviter tout gaspillage et que le domaine utilise un karcher.

D'épais murs en pierre isolent les bâtiments

Les murs de tous les bâtiments sont en pierre, de 80 à 100 cm d'épaisseur. Ils maintiennent une température assez basse tout au long de l'année. Dans la cuverie, il n'y a donc ni drapeaux ni serpentins, car il est inutile de refroidir les cuves en fermentation. Et les climatiseurs fonctionnent très rarement dans les locaux.

« La laine de verre dans le plafond est tellement ancienne qu'elle n'isole plus, relève Baptiste Gillot. Et il y a quelques petits détails à améliorer. Certaines portes ou fenêtres laissent passer un peu trop d'air. Et l'éclairage avec des doubles néons n'est pas très économique… »

Fin août, le domaine recevra un compte rendu de toutes ces observations. Il pourra situer ses consommations par rapport à tous les autres chais audités. « Je vous enverrai aussi de la documentation sur la récupération d'eau de pluie et sur les équipements de chauffage », ajoute Baptiste Gillot. Pour Jean-Claude et Anna Brelière, cet audit est très positif : « Nous avons ciblé les points à améliorer réalisables au point de vue pratique et financier. » En plus, ce service est gratuit pour l'instant.