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éditorial

Équilibre

Par Bertrand Collard, rédacteur en chef de « La Vigne » - La vigne - n°246 - octobre 2012 - page 5

Les unes après les autres, les prévisions de récolte sont revues à la baisse. La dernière en date annonce 40,6 millions d'hl. Du jamais vu depuis quarante ans ! C'est la conséquence du gel d'hiver, dont « La Vigne » a très tôt souligné la gravité, des pluies incessantes pendant la floraison et de la sécheresse estivale. Pour arriver à cette petite récolte, tous les vignerons ont dû lutter sans relâche contre le mildiou, l'oïdium et les mauvaises herbes. Les pouvoirs publics doivent l'entendre. Qu'ils ajustent leur objectif de réduction des phytos aux réalités !

Les vignes en bio ne semblent pas avoir mieux résisté aux attaques de parasites que celles en conventionnel. Or, parmi les arguments en faveur du bio, il y a celui-là : l'abandon des produits phytos de synthèse et des engrais chimiques permettrait de restaurer un équilibre naturel protégeant la vigne de ses agresseurs. Une séduisante théorie. Mais il faut se rendre à l'évidence : l'équilibre entre une culture et ses parasites dépend bien plus des caprices de la nature que des choix des hommes. Certes, le vigneron n'est pas impuissant. Il est évident qu'il favorise la pourriture grise en forçant la fertilisation azotée. Mais quand le ciel tonne et gronde, il rappelle l'homme à sa modeste place.

Ces déséquilibres naturels fragilisent les exploitations et les marchés. Essorés par le coût exorbitant de cette petite récolte, des vignerons seront forcés d'arrêter le métier. Quant aux marchés, dans un premier temps, ils vont encaisser de fortes hausses de prix. Puis ils se replieront, les consommateurs refusant d'acheter ce qu'ils ne peuvent pas payer.

Il existe pourtant un moyen simple de prévenir ces malheurs : mettre des vins de côté les bonnes années en vue des années déficitaires. Chacun peut le faire pour son exploitation, mais au sein des rendements autorisés. Pour avoir plus de marge, il faut l'autoriser au-delà du rendement annuel. C'est la réserve individuelle en Champagne et le volume complémentaire individuel (VCI) à Chablis et à Bordeaux. Ces trois régions se réjouissent d'en bénéficier. Le VCI est étudié depuis si longtemps qu'on s'étonne de voir qu'il est encore expérimental. Il est vrai que producteurs et négociants s'écharpent à son sujet. Il est vrai aussi que les pouvoirs publics lui préfèrent l'assurance récolte. Mais cette année, ils vont s'apercevoir, et les assureurs avec eux, de son coût. Le VCI apparaît, au contraire, comme un moyen simple et frappé au coin du bon sens de maintenir l'équilibre des exploitations et des marchés.

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