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Aujourd'hui, seule une dérogation permet de pratiquer les traitements par voie aérienne, comme en Champagne. Pour qu'un produit puisse être appliqué de cette manière, il doit bénéficier d'une homologation spécifique © J.-C. GUTNER
Depuis la loi Grenelle II de 2010, les traitements aériens sont interdits. Ils ne peuvent être réalisés que par dérogation, comme en Champagne. « Notre objectif est d'arrêter les traitements aériens à partir de 2014, rappelle Arnaud Descôtes, du CIVC. Mais en attendant que nous trouvions des solutions de remplacement, nous avons demandé des dérogations pour la Marne, l'Aisne et l'Aube. Nous en avons obtenues en début de campagne pour 800 ha. »
Mais c'était sans compter sur une nouvelle règle. Désormais, pour qu'un produit puisse être appliqué par voie aérienne, il doit bénéficier d'une homologation spécifique.
Bilan catastrophique
Est-ce la pression des écologistes ? Le changement de gouvernement ? Le fait est que, début mai, aucun produit n'était homologué alors qu'il devenait urgent de commencer la protection contre le mildiou. Il a fallu attendre le 15 mai pour qu'un premier produit – Profiler, un antimildiou qui ne peut être utilisé qu'une fois tous les deux ans – obtienne son autorisation. Ensuite, les pouvoirs publics ont homologué Collis, un antioïdium. Puis Valiant et un soufre micronisé ont obtenu leur sésame. « Nous avons terminé la campagne avec ces deux produits », précise Arnaud Descôtes.
Pour ceux qui n'ont pu traiter que dans ces conditions, le bilan est catastrophique. Avec un premier traitement positionné tardivement et un deuxième sans antimildiou, leurs parcelles ont de sévères pertes. Les autres, ceux qui ont fait appel à des techniques au sol, ont redécouvert à quel point l'hélicoptère avait pu leur rendre service par le passé. « Des viticulteurs ont dû intervenir au sol en rattrapage. Ils ont pris des risques énormes, déplore Arnaud Descôtes. Dans l'Aube, un tracteur à chenilles s'est retourné. Heureusement, cet accident n'a pas été mortel. » En Alsace, Stéphane Chaise, le directeur général du prestigieux domaine Schlumberger (140 ha de vignes), ne cache pas son amertume. Il conduit la moitié du vignoble selon les principes de la biodynamie. Ses parcelles en grand cru sont situées dans des pentes à 45 degrés. Seul l'hélicoptère permet de les traiter rapidement.
Début mai, aucun produit bio n'était homologué pour les traitements aériens. La pression de mildiou étant forte, pas question de faire l'impasse. Le domaine a donc ressorti ses pulvérisateurs à chenilles. Mais l'un d'eux a chuté de dix mètres et un autre s'est couché. Par chance, les dégâts ne sont que matériels.
Pompe à dos
Dans les parcelles les plus escarpées, les salariés ont dû intervenir avec la pompe à dos. « Ils n'ont pas compté leurs heures. Alors qu'il faut quatre heures à l'hélicoptère pour traiter tout le domaine, nous mettions quatre jours au sol », regrette Stéphane Chaise. Grâce à l'implication des salariés, le domaine a sauvé une bonne partie de la récolte. Mais certaines parcelles situées dans le grand cru Kitterlé ne seront pas vendangeables. « Nous y avons perdu 30 à 35 % de la production », estime-t-il.
