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Magazine - Terroir & tradition

Musée de Montmélian : À la mémoire d'un dur labeur

Florence Bal - La vigne - n°248 - décembre 2012 - page 90

Il y a deux siècles, les vignerons savoyards se cassaient le cou et les reins à cultiver des pentes extrêmes. Le musée de Montmélian, en Savoie, leur est consacré.
Il arrive aux animateurs du musée de simuler l'emploi des outils, comme ici le pressurage avec un pressoir à vis en bois.

Il arrive aux animateurs du musée de simuler l'emploi des outils, comme ici le pressurage avec un pressoir à vis en bois.

Françoise Vaysse présente un baril. Dans les sentiers escarpés, il assurait le transport de la vendange et du vin à dos de mulets.

Françoise Vaysse présente un baril. Dans les sentiers escarpés, il assurait le transport de la vendange et du vin à dos de mulets.

« Avant le phylloxéra, la vigne poussait jusqu'à 1 000 mètres d'altitude dans les vallées alpines de la Tarentaise et de la Maurienne, parfois dans des pentes extrêmes de 40 % ou plus. Certains coteaux étaient si pentus que les vignerons ne pouvaient pas vendanger debout. Après le phylloxéra, la vigne a déserté les sommets. » C'est à un voyage dans le temps que vous invitent les explications de Françoise Vaysse ou Patrick Bougoin, les deux animateurs du musée de Montmélian.

Situé au cœur de la combe de Savoie, ce musée retrace l'histoire du métier de vigneron alpin depuis deux siècles. Installé dans une grande maison bourgeoise du XVIIe siècle, il présente quantité d'outils, de machines et de matériels anciens. « Certains objets sont spécifiques des vignobles de montagne et de haute montagne de Savoie mais aussi du Val d'Aoste, du Piémont et du Valais », précise Françoise Vaysse.

L'un de ces objets porte le terrible nom de casse-cou. Un nom à prendre au sens littéral : il casse le cou de celui qui le porte. C'est un gros récipient en bois que les vignerons calaient sur leur nuque. Ils le remplissaient de la terre qui avait raviné au bas des parcelles pour la remonter, laborieusement, en haut des coteaux. Ils s'en servaient aussi pour amener le fumier dans leurs vignes, au printemps.

Autre outil spécifique, le bigard. « C'est une pioche à deux dents adaptée au travail dans les fortes pentes. Pour s'en servir, on se place face à la pente et dans le sens de la montée, raconte Patrick Bougoin qui n'hésite pas à mimer le geste. Leurs manches sont plus courts que ceux de plaine et leurs fers plus épais pour résister aux chocs avec la roche et les cailloux. »

Mini-atelier de greffage

Pour transporter la vendange, les viticulteurs se servaient d'outres en peau de vache et de baras, un tonneau longiligne et ovoïde en bois avec un côté plat et un côté bombé pour s'adapter à la morphologie des mulets. De même forme que les baras, les barils permettaient de transporter le vin par les petits sentiers de montagne. Dernière spécificité de la Savoie : « Avant le phylloxéra, un quart du vignoble était établi en hautains, chaque cep étant associé à un arbre lui servant de tuteur. Les interrangs de 7 à 15 mètres de large étaient plantés en céréales ou légumineuses, comme en Italie », témoigne Françoise Vaysse. Une panoplie d'objets classiques complète ces découvertes : serpes, soufflets à soufrer, tonneaux à sulfater, etc. Une exposition de pressoirs retrace les grands progrès du pressurage du XVIIIe siècle. Un mini-atelier de greffage évoque le métier de pépiniériste apparu après la crise du phylloxéra, au XIXe siècle.

De plus, le musée abrite le Centre d'ampélographie alpine Pierre Galet, détenteur des archives du célèbre ampélographe. Les professionnels ont la possibilité de les consulter sur rendez-vous. Le centre a pour but la sauvegarde des cépages de l'arc alpin : persan, jacquère, mondeuse rouge et blanche, chasselas mais aussi les cépages suisses comme l'humagne blanche, l'amigne et la petite arvine ou italiens, comme le niebbolo.

Après la visite, les animateurs recommandent fortement d'aller déguster dans les caves alentours, histoire de découvrir les appellations Savoie ou Roussette de Savoie et leurs dix-neuf crus.

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