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Magazine - Terroir & tradition

Château Turcan : 3 000 pièces racontent le vin

Florence Bal - La vigne - n°249 - janvier 2013 - page 68

Le musée de la vigne du château Turcan présente une collection de chefs-d'œuvre de compagnons et de pièces rares. Étonnant et instructif.
Corinne Richard, qui accueille les visiteurs, montre un pèse-fût dans la première salle du musée.

Corinne Richard, qui accueille les visiteurs, montre un pèse-fût dans la première salle du musée.

Le carré des pressoirs regroupe treize pressoirs anciens, dont ce pressoir à grand point de 17 tonnes classé monument historique.

Le carré des pressoirs regroupe treize pressoirs anciens, dont ce pressoir à grand point de 17 tonnes classé monument historique.

Filtre kieselguhr grand débit du début du XXe siècle avec une surface de filtration de 12 m2.

Filtre kieselguhr grand débit du début du XXe siècle avec une surface de filtration de 12 m2.

Ci-dessus : rabot à corne de 1820, chef-œuvre de compagnon constitué de 235 essences de bois différentes. Ci-contre : rare doloire en fer sculptée du XVIIe ou du XVIIIe siècle. PHOTOS F. BAL

Ci-dessus : rabot à corne de 1820, chef-œuvre de compagnon constitué de 235 essences de bois différentes. Ci-contre : rare doloire en fer sculptée du XVIIe ou du XVIIIe siècle. PHOTOS F. BAL

Ci-dessus : rabot à corne de 1820, chef-œuvre de compagnon constitué de 235 essences de bois différentes. Ci-contre : rare doloire en fer sculptée du XVIIe ou du XVIIIe siècle. PHOTOS F. BAL

Ci-dessus : rabot à corne de 1820, chef-œuvre de compagnon constitué de 235 essences de bois différentes. Ci-contre : rare doloire en fer sculptée du XVIIe ou du XVIIIe siècle. PHOTOS F. BAL

C'est une visite riche d'enseignements. Le musée de la vigne et du vin du château Turcan, à Ansouis, dans le Vaucluse, mérite amplement le détour. « Il est le fruit de trente ans de collection et de centaines d'heures de chinage dans les brocantes et les ventes aux enchères, affirme Dominique Laugier, propriétaire du domaine. J'ai d'abord rassemblé des outils ordinaires de viticulture et de vinification. Je me suis ensuite intéressé à des chefs-d'œuvre de compagnons, à des verreries rares et à des objets insolites. »

La galerie de chefs-d'œuvre de compagnons est particulièrement intéressante. On y découvre des rabots de tonneliers de toutes tailles. Certains sont incrustés d'ivoire ou sculptés. L'un d'entre eux, prodige de la marqueterie, est même constitué de 235_pièces de bois d'essences différentes. Des doloires, sortes de haches en fer gravé des XVIIe et XVIIIe siècles qu'employaient également les tonneliers, sont d'autres outils rarissimes. « Ce qui m'a frappé, c'est le respect apporté aux outils de travail par les anciens, relève Dominique Laugier. Jamais un outil n'était jeté. Ils étaient toujours réparés, et même rechargés en fer, par exemple. Ils étaient très personnels voire précieux. Il y avait un amour de l'outil par celui qui le maniait. C'est une leçon de vie. »

Les verreries des XVIIe et XVIIIe siècles, soufflées à la main, ne manquent pas de charme non plus.

Plus loin, un petit tour du côté des objets insolites éveille notre curiosité. Les gourdes de pèlerinage en verre résistaient-elles aux cahots d'un tel voyage ? Tout aussi amusantes, les « bouteilles voleuses » ont un cul en verre très profond pour mieux tromper les clients.

Un pressoir monumental de 17 tonnes

Plus cruel, la reconstitution d'un tonneau d'infamie rappelle la bêtise humaine : au XIVe et XVe siècle, cet instrument de torture était utilisé en Europe du Nord contre les femmes infidèles. Elles y étaient enfermées plusieurs heures durant, seules la tête et les mains en sortaient. Il avait la réputation de les guérir. Effarant ! La visite se termine par le carré des pressoirs, une salle de 400 m2 renfermant treize pièces datant de la fin du Moyen Âge au XXe siècle. Là, la star incontestée est le pressoir monumental à grand point du XVIIIe siècle venu de Mazille (Saône-et-Loire), en Bourgogne. Il est classé monument historique et pèse 17 tonnes.

Moins prestigieux, mais tout aussi intéressant, le pressoir à roue de perroquet. Il est nommé ainsi car les échelons placés autour de la roue centrale évoquent les échelles des cages à perroquet. Après l'avoir retrouvé à la décharge de Cavaillon (Vaucluse), Dominique Laugier l'a intégralement reconstitué. « Pour que la collection soit complète, il manque encore un pressoir en écureuil », regrette- t-il. Il n'en existe plus, mais sait-on jamais ?

Dernier objet remarquable, un vieux foudre de 1 300 litres datant de 1467, avec un cerclage épais en bois de genévrier. « Le plus vieux tonneau jamais retrouvé », affirme l'étiquette. Le musée présente aussi les outils quotidiens des vignerons, un atelier du tonnelier, un laboratoire d'œnologie des années 1900 et certains des premiers modèles de filtres.

Au total, près de 3 000 pièces sont mise s en scène sur 1 300 m2, replaçant le vin dans son histoire.

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