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VIGNE

Sobres vendanges mécaniques

Martin Caillon - La vigne - n°250 - février 2013 - page 36

En réduisant le régime du moteur et en vendangeant plus vite, la Fédération des Cuma de Gironde a réduit la consommation des machines à vendanger.
LA RÉDUCTION DE 100 TOURS PAR MINUTE du régime du moteur d'une machine à vendanger (ici une New Holland VL6050) permet d'économiser près de 2 litres de gazole par heure en moyenne, sans nuire à la qualité de la vendange.

LA RÉDUCTION DE 100 TOURS PAR MINUTE du régime du moteur d'une machine à vendanger (ici une New Holland VL6050) permet d'économiser près de 2 litres de gazole par heure en moyenne, sans nuire à la qualité de la vendange.

Baisser le régime moteur d'une machine à vendanger de 100 tours/min et augmenter sa vitesse de 0,5 km/h peut réduire la consommation de gazole de près de 6 l/ha. En revanche, d'autres paramètres, tels que la climatisation, l'éclairage, l'état du sol (travaillé ou non) ou la pente, ont peu d'incidence sur la consommation. Ce sont les principaux enseignements des essais menés par la Fédération départementale des Cuma de Gironde (FD Cuma) pendant les vendanges 2011 et rendus publics en septembre 2012.

La FD Cuma a mesuré la consommation de cinq machines automotrices de moins de deux ans d'une puissance comprise entre 144 et 151 ch (norme ISO TR 14696) : une Grégoire G7.240, deux New Holland (VL 6050 et 9060) et deux Pellenc (8390 et 8470).

« L'objectif n'était pas d'établir un classement entre les marques, explique Marc-Antoine Beauvineau, l'animateur en agroéquipement chargé de la campagne de tests à la FD Cuma. Il s'agissait de mesurer l'impact de facteurs naturels et techniques sur la consommation et de déterminer le mode de conduite le plus économique. » Les machines appartiennent à quatre Cuma de l'Entre-deux-Mers, de Bourg et de Blaye. Elles ont évolué dans des vignes taillées en guyot et plantées entre 3 300 et 5 000 pieds/ha. Toutes étaient pourvues d'un trieur égreneur embarqué.

L'association Top machine Aquitaine a mis à disposition son banc de contrôle. Il comprend un GPS de précision pour mesurer la distance et la vitesse, un double débitmètre pour calculer la consommation et un ordinateur pour enregistrer les données. Une fois la machine équipée, chaque chauffeur a effectué plusieurs allers et retours dans deux ou trois parcelles différentes.

3,4 litres de moins à l'hectare en moyenne

Les résultats montrent que la vitesse de travail et le régime du moteur ont la plus forte incidence sur la consommation. Ainsi, passer de 3,5 à 4 km/h entraîne une hausse de la consommation de 0,16 l/h, pour atteindre une moyenne de 20,4 l/h. Mais si l'on raisonne à l'hectare, la consommation chute. Elle passe de 28,9 l/ha à 3,5 km/h à 25,45 l/ha à 4 km/h. Dans une vigne à 5 000 pieds/ha, en travaillant plus vite, on consomme alors 3,4 litres de moins à l'hectare en moyenne, sans nuire à la qualité de la vendange.

Le régime moteur est l'autre facteur déterminant de la consommation. À l'exception de la New Holland 9060, dotée du système IMS de régulation automatique du régime moteur, toutes les machines ont récolté au régime nominal, puis à 100, 175, 200, 350 et 450 tr/min de moins que ce régime.

Les chiffres de consommation laissent apparaître un gain compris entre 1,9 l/h à moins 100 tr/min et 5,1 l/h à moins 450 tr/min. « Mais lorsqu'on réduit le régime de plus de 175 tr/min, la direction et la correction de dévers de certaines machines répondent moins bien, remarque Marc-Antoine Beauvineau. Les réglages des paramètres de récolte sont aussi plus délicats. »

Au total, en passant de 3,5 à 4 km/h et en abaissant un peu le régime moteur, la FD Cuma a économisé 6 l/ha dans les vignes plantées à 2 mètres.

Les options équipant la machine ont moins d'incidence. Avec l'allumage des phares, la consommation n'augmente que de 0,5 l/h. Avec la climatisation, la hausse se situe entre 0,5 et 1,5 l/h selon la puissance souhaitée. Quand le sol est travaillé, la consommation croît de 0,5 l/h. En pente, l'écart entre la descente et la montée peut atteindre 2,7 l/h. Mais la surconsommation constatée dans la montée s'équilibre avec l'économie réalisée dans la descente.

Le Point de vue de

Vincent Mercier, viticulteur et chauffeur de la Cuma de Canesse, à Saint-Ciers-de-Canesse (Gironde)

« Notre consommation horaire a baissé de 20 % »

Vincent Mercier, viticulteur et chauffeur de la Cuma de Canesse, à Saint-Ciers-de-Canesse (Gironde)

Vincent Mercier, viticulteur et chauffeur de la Cuma de Canesse, à Saint-Ciers-de-Canesse (Gironde)

« Nous travaillons en Cuma avec une machine Pellenc 8390 de 2009 équipée de la table de tri Selectiv' Process. Les essais auxquels nous avons participé se sont déroulés sur le canton de Bourg dans deux parcelles de merlot au sol travaillé, l'une plate, l'autre en légère pente (15 % environ). Chez nous, ils ont démontré qu'à chaque fois que nous baissons le régime de 100 tr/min, nous pouvons économiser 1,5 l/h. Concrètement, en prenant le rang, je commence par pousser le régime à fond, soit 2 450 tr/min, puis je règle la pression des ventilateurs entre 90 et 100 bars. Ensuite, je baisse le régime moteur entre 1 900 et 2 000 tr/min, jusqu'au point de décrochement des ventilateurs. Je travaille comme cela depuis maintenant deux ans. Le moteur génère 141 ch. Grâce à sa réserve de puissance, je peux maintenir ce régime même dans les parcelles en pente. C'est d'autant plus facile qu'avec la table de tri, je sollicite moins les ventilateurs. Notre consommation horaire est passée de 18 à 14 litres en moyenne, soit une baisse de 20 %. Et cela fonctionne pour toutes les marques. Je le sais par le bouche-à-oreille. Il est souvent plus utile que les conseils des fabricants qui nous invitent à rouler à pleins gaz. »

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