DÉMONSTRATION. Début janvier, Alain Mimaud (à gauche), gérant de la société Ozone-Service, a présenté la désinfection d'une cuve inox avec un générateur d'eau ozonée (photo ci-dessus) à plusieurs vignerons du Bordelais. Nicolas Puyoulet (à droite), de la société Micéo, était venu vérifier l'efficacité du traitement grâce à un ATPmètre.
DÉMONSTRATION. Début janvier, Alain Mimaud (à gauche), gérant de la société Ozone-Service, a présenté la désinfection d'une cuve inox avec un générateur d'eau ozonée (photo ci-dessus) à plusieurs vignerons du Bordelais. Nicolas Puyoulet (à droite), de la société Micéo, était venu vérifier l'efficacité du traitement grâce à un ATPmètre. © A MIMAUD
Désinfecter des cuves avec de l'ozone : l'idée peut surprendre. Pourtant, l'eau ozonée est très employée dans l'industrie agroalimentaire pour la désinfection de matériels, de l'eau potable ou des bouteilles d'eau minérale. Elle n'est pas agressive pour la santé et remplace les nettoyants chimiques. « L'ozone oxyde la matière organique et détruit les micro-organismes. Il ne reste aucun résidu après un traitement », assure Alain Mimaud, directeur de la société Ozone-Service, fabriquant d'ozoneurs.
Ce dernier se lance dans le secteur de l'œnologie en France, où la désinfection à l'ozone est méconnue. Le château Palmer, à Margaux (Gironde), est son premier client. « Nous cherchions à employer moins de produits chimiques, alors nous avons voulu essayer », raconte Olivier Campadieu, le maître de chai du domaine.
Des cuves quasi stérilisées
Durant les dernières vendanges, « nous avons désinfecté toutes les cuves de vinification avant les encuvages de raisins avec de l'eau ozonée, en circuit fermé, précise Olivier Campadieu. Nous en avons aussi pulvérisé sur le matériel de réception de vendange. Nous avons obtenu de très bons résultats ». Afin de s'en assurer, le château Palmer a fait appel à Micéo. Cette société spécialisée dans les appareils d'hygiène a évalué la présence de micro-organismes sur le matériel par ATPmétrie. La mesure consiste à racler la surface de la cuve avec une pipette spéciale qui est ensuite insérée dans un ATPmètre avant et après le passage d'eau ozonée. La surface étudiée est d'autant plus contaminée en germes qu'on y trouve d'ATP, une molécule indispensable à tout être vivant.
« Le but est que la valeur mesurée diminue au maximum, explique Nicolas Puyoulet, gérant de Micéo. En dessous de trente, on peut estimer que c'est propre. » Un résultat largement atteint. Selon Olivier Campadieu, les valeurs mesurées dans les cuves après désinfection à l'ozone avoisinaient souvent zéro. Soit une quasi-stérilisation. Sur le matériel de réception, les valeurs étaient un peu plus hautes.
Début janvier, le domaine a invité « La Vigne » à assister à une démonstration du matériel. Celle-ci a été concluante. Contrôle d'ATPmétrie à l'appui, nous avons pu constater que 3 à 5 minutes suffisent pour désinfecter une cuve. « Nous avons établi ce temps au début des vendanges, après quelques essais et mesures d'ATP », indique le maître de chai.
Quant au générateur d'eau ozonée, c'est un appareil électrique de la taille d'un filtre, très simple d'emploi. Il suffit de brancher l'eau courante à l'entrée, de raccorder les tuyaux d'entrée et de sortie d'eau ozonée à la cuve, puis de le mettre en marche. La production d'eau ozonée est immédiate. Le nettoyage a lieu en circuit fermé. À l'ouverture de la cuve, une odeur assez forte d'ozone se dégage et l'atmosphère peut être un peu étouffante. De ce fait, il est préférable de ne pas y entrer tout de suite après la désinfection. « Nous avons désinfecté les cuves la veille de la réception de la vendange et avons laissé la porte ouverte toute la nuit », ajoute le maître chai.
Détartrage : à confirmer
Le château Palmer semble convaincu. Il a désinfecté efficacement ses cuves et matériels sans produit chimique et en consommant peu d'électricité. Il a fait d'importantes économies d'eau, puisque l'eau qui a servi à nettoyer une cuve peut être ozonée à nouveau pour désinfecter la suivante. Cela facilite le fonctionnement des stations d'épuration.
Mais selon Alain Mimaud, le château aurait tout aussi bien pu détartrer ses cuves à l'eau ozonée car celle-ci décolle parfaitement le tartre. Ne le sachant pas, Olivier Campadieu a détartré ses cuves avec ses produits habituels après les dernières vendanges. Il le testera sûrement le détartrage l'an prochain. Le prix d'achat de l'ozoneur, de 15 000 à 20 000 euros selon le débit d'eau, pourrait donc être vite rentabilisé…
Comment se forme l'eau ozonée ?
Dans l'atmosphère, l'ozone (O3) se forme à partir du dioxygène (O2) par rayonnement UV. On peut aussi produire de l'ozone en appliquant des chocs électriques sur l'O2. C'est sur ce principe que se base la machine d'Ozone-Service. D'abord, celle-ci comprime l'air ambiant et le débarrasse de l'azote pour ne garder que l'oxygène. Puis un semi-conducteur applique un courant électrique à l'O2, générant ainsi de l'ozone. Cet ozone est dissous dans l'eau qui traverse la machine, donnant de l'eau ozonée. Cette substance ayant une demi-vie de vingt minutes, on admet que tout l'ozone de l'eau retourne sous la forme d'O2 au bout de quarante-cinq minutes à une heure, sans résidu.