Le produit : le PEL 101 GV est fabriqué à base d'extraits de pectine de pommes. Il stimule les défenses naturelles de la vigne pour renforcer sa résistance au gel de printemps.
Ce produit s'applique en pulvérisation foliaire, avec une dose extrêmement faible : 0,5 g de poudre pour 1 ha, dilué dans 100 litres d'eau. L'application doit s'effectuer 12 à 48 heures avant le gel annoncé, en première partie de journée.
Le principe : PEL envoie un message à la plante qui va activer ses défenses. La vigne va alors synthétiser des molécules cryoprotectrices réduisant sa sensibilité au gel.
L'intérêt : à - 2°C, la plante se comporte comme s'il faisait de - 1 à 0°C. Le produit est efficace du stade première feuille visible au stade six feuilles étalées, mais surtout à partir du stade deux à trois feuilles étalées. Il persiste quatre à cinq jours. À la différence des autres moyens de lutte contre le gel, il est 100 % naturel.
Le prix : 75 euros par hectare.
Contact : Jouffray-Drillaud. Tél. : 05 49 54 20 54. Site : www.jouffray-drillaud.com
Le Point de vue de
Benoît Munier, viticulteur à Cuis, dans la Marne
« Efficace à - 3°C »
« Il y a quelques années, alors qu'un gel de printemps était annoncé, je suis allé voir sur internet s'il existait un produit naturel antigel. C'est ainsi que j'ai découvert le PEL 101 GV. Je ne suis pas bio mais je fais attention à l'impact environnemental de mes pratiques. Il est vrai que le PEL, il faut y croire ! Il faut épandre 100 litres d'eau/ha contenant seulement l'équivalent d'un ongle de poudre ! Le 16 avril 2012, j'ai appliqué le produit avant 14 h, pour un gel annoncé la nuit suivante vers 2 h du matin. Il fallait traiter au minimum 12 h avant la gelée. J'ai voulu faire un geste 100 % écologique, j'ai donc pulvérisé le produit avec une pompe à dos sur 70 ares, en laissant un témoin sans traitement. Nous avons eu - 3°C dans la nuit. Les vignes étaient au stade deux à trois feuilles étalées. Le lendemain, le témoin sans PEL était en partie gelé alors que le reste de la vigne était moins atteint. Nous avons récolté 4 000 à 6 000 kg/ha sur le témoin et 12 000 kg/ha sur la partie protégée. Pour 75 euros HT/ha, c'est intéressant. »
Le Point de vue de
François Langellier, ingénieur responsable de l'agrométéorologie au CIVC (Marne)
« J'encourage son utilisation »
« En 2012, nous avons suivi six viticulteurs qui ont appliqué le PEL. J'ai réalisé des comptages de bourgeons chez eux quelques jours après le gel.
À Avize, dans la Marne, j'ai pu noter jusqu'à 50 % de bourgeons gelés en moins. À Connigis, dans l'Aisne, 15 % de moins. Sur les quatre autres sites, je n'ai pas observé d'effet. Cette différence d'efficacité semble dépendre du stade auquel le produit est appliqué. Il était de deux à trois feuilles étalées à Avize, d'à peine une feuille étalée à Connigis et encore moins avancé ailleurs. À la récolte, le rendement à Avize allait du simple au double entre la partie traitée et le témoin. Nous n'avons que peu de recul sur ce produit. Nous savons qu'il faut le pulvériser tôt dans la journée, jamais en fin d'après-midi, car l'eau de la bouillie risque d'accentuer le gel.
J'encourage les vignerons à l'utiliser, car c'est un produit très intéressant sur le plan environnemental. »
Le Point de vue de
Luc Truchon, responsable du service technique et environnement à la CSGV (Marne)
« Un produit d'avenir »
« Je me suis intéressé à ce produit dès 2002, alors qu'il était en phase expérimentale. La commercialisation a débuté en 2009, mais le prix dépassait les 300 €/ha. C'était prohibitif. Maintenant, il est plus accessible. L'utilisation du PEL 101 GV n'est pas très simple, cela requiert une motivation importante. À cette période de l'année, les enjambeurs sont souvent mis hors gel. De plus, il faut être très précis dans le dosage et faut éviter de pulvériser plus de 100 litres/ha, au risque d'accentuer l'effet du gel. Le PEL est un produit d'avenir en lequel nous croyons : il est naturel et semble efficace. Dans le cadre du plan Champagne 2030, les autres moyens de lutte contre le gel que sont les chauferettes ou l'aspersion seront interdits. En 2011, dans l'Aisne, nous avons observé des vignes où le contraste était important entre les endroits où le PEL avait été appliqué et les pointes où le viticulteur n'était pas passé. Les feuilles étaient beaucoup plus vertes. »