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VIGNE

Les viticulteurs à l'affût du risque mildiou

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°252 - avril 2013 - page 36

Pour se tenir au courant des risques mildiou, les viticulteurs font suivre une de leur parcelle par un technicien, s'abonnent à des bulletins d'avertissement, consultent la météo régulièrement, observent leurs vignes ou encore font jouer « radio vignoble ». Témoignages de quatre d'entre eux.
 © J.-F. MARIN/FÉDÉPHOTO.COM

© J.-F. MARIN/FÉDÉPHOTO.COM

Le Point de vue de

Jean-Luc Pion, de la SCEA Vignobles Pion, 70 ha de vignes à Haux (Gironde)

« J'adhère au réseau de la chambre d'agriculture »

Jean-Luc Pion, de la SCEA Vignobles Pion, 70 ha de vignes à Haux (Gironde)

Jean-Luc Pion, de la SCEA Vignobles Pion, 70 ha de vignes à Haux (Gironde)

« Le mildiou n'est pas un problème chez nous, car nous faisons des suivis rigoureux et traitons avec un pulvérisateur face par face. Pour raisonner nos interventions, nous avons installé une station météo qui fournit en continu des données sur la pluviométrie, l'hygrométrie et les températures. Cette station fait partie du réseau Demeter mis en place par la chambre d'agriculture et auquel nous adhérons. À partir de début mars, la chambre fait tourner son modèle à partir de nos données météo chaque semaine. Elle réalise également des observations sur une parcelle de sémillon que nous lui avons mise à disposition. C'est l'une des plus sensibles de notre domaine.

À partir de là, elle établit le risque. Une fois par semaine, elle nous en informe par e-mail. Ainsi, en début de campagne, elle nous indique la date de maturation des oeufs d'hiver du mildiou puis, tout au long de la saison, nous avertit des épisodes contaminants, de la date supposée d'apparition des symptômes et des niveaux de risque.

Cette prestation coûte 1 000 euros par an, plus 300 euros pour l'entretien de la station. De mon côté, je fais le tour des vignes une fois par semaine. J'inspecte quelques feuilles et quelques grappes dans chaque parcelle. Au total, j'y consacre une heure. Mon distributeur de produits phytosanitaires surveille également mon vignoble. Il passe environ trois à quatre fois par campagne pour faire le point. L'expérience montre qu'il faut bien positionner le premier traitement : ni trop tôt, car nous sommes dans une optique de réduction des intrants, ni trop tard, pour ne pas avoir à courir derrière la maladie. »

Le Point de vue de

Rémy Gratiot, vigneron à Charly-sur-Marne (Aisne) sur 17,5 ha

« Des informations par radio vignoble »

Rémy Gratiot, vigneron à Charly-sur-Marne (Aisne) sur 17,5 ha

Rémy Gratiot, vigneron à Charly-sur-Marne (Aisne) sur 17,5 ha

« Mon vignoble se situe dans une zone où la pression mildiou est normale. Il n'y a que certaines années, comme en 2012, où elle est forte en raison de conditions météorologiques exceptionnelles. Depuis plusieurs années, j'adhère au GDV (Groupement de développement viticole) de l'Aisne. Le coût en 2013 est de 550 euros. De début mai jusqu'aux vendanges, le technicien passe une fois par semaine sur une de mes parcelles pour suivre la phénologie et faire des comptages des différentes maladies et ravageurs. Le lendemain, je reçois par e-mail un tableau récapitulant ses observations sur ma parcelle, mais aussi sur celles des autres adhérents. Comme je possède des parcelles dispersées sur six ou sept communes, cela me permet d'avoir une bonne idée de la pression des parasites. Pour le mildiou, le technicien nous informe de la date de maturité des oeufs d'hiver, de la détection des symptômes et de la météo annoncée. Je reçois également le bulletin d'avertissement viticole édité par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne. En période de traitement, je consulte la météo de la région tous les jours. Et puis je me fie à "radio vignoble". Je discute régulièrement avec mes voisins. Dès que l'un d'entre nous voit les premiers symptômes de mildiou, il téléphone aux autres. De même, mes salariés sont bien formés à la détection de la maladie. Au moindre signe, ils me préviennent immédiatement. »

Le Point de vue de

Marc Cugney, chef d'exploitation du domaine Berthelemot, à Meursault (Côte-d'Or), 8 ha de vignes

« Un contrat de suivi avec mon distributeur »

Marc Cugney, chef d'exploitation du domaine Berthelemot, à Meursault (Côte-d'Or), 8 ha de vignes

Marc Cugney, chef d'exploitation du domaine Berthelemot, à Meursault (Côte-d'Or), 8 ha de vignes

« Nous avons des vignes dans toute la côte de Beaune et nous sommes à la merci des aléas climatiques qui peuvent être différents selon les villages et les lieux-dits. Pour appréhender les risques, nous avons signé un contrat avec la coopérative Bourgogne Sud, un distributeur de produits phytosanitaires. Ainsi, un technicien passe quatre fois au cours de la saison sur huit de nos parcelles les plus sensibles aux maladies.

Dans le cadre de ce contrat, nous avons aussi accès aux données météo fournies par le réseau de station de Bourgogne Sud et nous recevons une fois par semaine leur bulletin technique qui nous informe, entre autres, du risque mildiou.

Nous sommes aussi abonnés au bulletin Vitiflash de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or que nous recevons par e-mail tous les mardis, pour un coût d'environ 70 euros par an. De même, j'essaie de participer régulièrement aux réunions de bout de parcelle qui ont lieu, selon la pression, tous les quinze jours ou toutes les trois semaines. Avec le tractoriste en charge de toutes les interventions, nous faisons le tour de nos parcelles tous les sept à dix jours pour avoir une vision globale de la situation sur le domaine. De même, j'ai des échanges réguliers avec les autres viticulteurs lorsque je les croise dans le vignoble ou lors des réunions de bout de parcelles. »

Le Point de vue de

Florian Cesbron, domaine de la Raimbaudière, à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire), 21 ha de vignes

« Un tour des vignes une fois par semaine »

Florian Cesbron, domaine de la Raimbaudière, à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire), 21 ha de vignes

Florian Cesbron, domaine de la Raimbaudière, à Champ-sur-Layon (Maine-et-Loire), 21 ha de vignes

« Notre vignoble est peu morcelé. La pression de mildiou est plutôt moyenne. Pour nous tenir informés des risques, nous adhérons à l'Association technique viticole 49. À partir de début mai, nous recevons par e-mail son bulletin d'avertissement viticole toutes les semaines. Le risque mildiou nous est présenté sur une carte distinguant trois secteurs : Haut Layon, Bas Layon - où nous sommes - et Saumurois. Les risques y apparaissent en couleur : vert quand la pression est faible, jaune quand elle est moyenne et rouge quand elle est forte. Dessous, un texte précise s'il y a des contaminations en cours ou à venir et s'il y a des symptômes dans le vignoble. Sur internet, je consulte aussi le site Épicure 2 de l'IFV sur lequel je trouve également des cartes des risques. Je consulte aussi plusieurs sites météo pour avoir les prévisions. Enfin, pour connaître la pression sur mon domaine, je fais un tour de mes parcelles toutes les semaines à partir du stade deux à trois feuilles étalées. Je fais généralement deux à trois allers-retours dans chaque parcelle pour observer attentivement les feuilles et les grappes. J'y consacre une demi-journée, voire une journée entière, selon que je trouve facilement des symptômes ou pas. »

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