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VIGNE

Lames : l'essentiel est dans l'accessoire

Martin Caillon - La vigne - n°252 - avril 2013 - page 46

Les lames intercep se couvrent d'accessoires pour améliorer leur efficacité. Certains, comme les ailettes, sont critiqués. À l'inverse, les cure-ceps semblent s'imposer.
LES LAMES À AILETTES et le cure-cep montés sur le cadre Pellenc sont fabriqués par l'entreprise espagnole David Industrias.

LES LAMES À AILETTES et le cure-cep montés sur le cadre Pellenc sont fabriqués par l'entreprise espagnole David Industrias.

LES AILETTES de fragmentation dentelées mobiles (ici chez Clemens) accrochent les herbes mais provoquent des bourrages lorsqu'on passe alors qu'elles sont développées.

LES AILETTES de fragmentation dentelées mobiles (ici chez Clemens) accrochent les herbes mais provoquent des bourrages lorsqu'on passe alors qu'elles sont développées.

LES LAMES BOISSELET peuvent être pourvues d'un ou deux petits versoirs. Ces ailerons sont fixés au milieu et en léger retrait du bout de la lame.

LES LAMES BOISSELET peuvent être pourvues d'un ou deux petits versoirs. Ces ailerons sont fixés au milieu et en léger retrait du bout de la lame.

LES CHAÎNETTES fixées à l'arrière des lames sont mobiles et n'accrochent pas les herbes. Elles permettent de bien nettoyer autour des pieds.

LES CHAÎNETTES fixées à l'arrière des lames sont mobiles et n'accrochent pas les herbes. Elles permettent de bien nettoyer autour des pieds.

Des ailettes en tous genres, des versoirs de toutes formes et maintenant des cure-ceps de toutes tailles. Constructeurs, concessionnaires et viticulteurs n'ont de cesse d'imaginer des accessoires pour améliorer le travail des lames interceps. L'offre est si variée qu'on se demande si, pour une lame, l'essentiel ne réside pas dans ces accessoires.

Améliorer le désherbage de la ligne des souches

Tous ces dispositifs sont là pour améliorer le désherbage de la ligne des souches. Car, « passer des lames au printemps sur un sol encore humide, c'est mettre un cautère sur une jambe de bois », compare Fabrice Dulor, directeur commercial de Boisselet. « Dans un terrain lourd et frais, sitôt la lame passée, les herbes repoussent. Ce qu'il faut, c'est soulever la terre », constate Sébastien Rivière, concessionnaire de matériels viticoles en Indre-et-Loire.

Doigts et ailettes remplissent cette mission. Ils fragmentent et déplacent la terre, mettant ainsi les racines des plantes à nu. Les doigts les plus simples sont de petites tiges cylindriques lisses (chez Braun, Actisol et Gély). D'autres, plus élaborés, sont dentelés (Gard, David et Pellenc). Ils peuvent être soudés à l'arrière de la lame ou fixés sur un fer plat boulonné sur celle-ci (Arrizza). Une lame comporte trois ou quatre de ces éléments dont l'angle d'inclinaison par rapport au sol est variable.

D'autres marques (Ferrand, Clemens) proposent des ailettes pivotantes dentelées. Elles sont montées sur un petit pivot vertical lui-même fixé sur la lame. Selon leurs partisans, elles accentuent le dessèchement des adventices. « Nous fabriquons des ailettes dentelées à la demande de certains clients. Leurs cannelures facilitent l'arrachement des herbes en les accrochant un peu plus. Mais elles peuvent provoquer des bourrages. De ce fait, j'oriente la plupart des clients vers les doigts amovibles lisses », indique Jean- Louis Calvet, chef d'atelier chez Gély, qui vend les lames Braun sous ses propres couleurs. Celles-ci sont équipées de trois doigts fixes. Gély les propose aussi avec deux ou trois doigts amovibles en forme de V.

Guy Vitrac, directeur commercial de Ferrand, vend lui aussi de telles ailettes. Mais il n'y croit guère. « Leur rôle est insignifiant, attaque-t-il. C'est une mode. ça gratouille la terre, c'est tout. De plus, elles ont tendance à retenir l'herbe. Ce qui fait la différence, c'est le cure-cep. Tous les appareils que nous vendons en sont pourvus. Il nettoie le pied de la souche, remue la terre et la soulève davantage que les ailettes. L'équipement que l'on vend le plus, c'est la lame pourvue d'un petit versoir et d'un cure-cep. »

« Depuis peu, à la demande de clients, nous adaptons aussi un cure-cep, confirme Jean-Louis Calvet. Cela laisse beaucoup moins d'herbe au pied de la souche. L'outil déstructure la petite motte au pied des souches et arrache les herbes. Il enlève le peu de terre que la lame n'a pas enlevé. »

Aguilera, Clemens, David, Gard et Tecnoma proposent également cet accessoire, toujours fixé en bout de lame. Il se ressemble chez tous les fabricants. De la forme d'un V flottant autour d'un axe vertical, il vient frotter le cep sans le blesser. Il est pourvu d'une longue lame qui sert de dérive et qui le replace dans l'alignement du rang après le passage d'un cep.

Les fabricants cherchent des améliorations

Plus anciens, les versoirs ont aussi pour fonction de venir nettoyer au plus près des pieds de vigne. Ils sont fixés soit en bout de lame, soit en léger retrait. Bien souvent, ce sont les concessionnaires qui les soudent aux lames. « On modifie les lames Belhomme, Clemens et Souslikoff, signifie Sébastien Rivière. On y met des versoirs que l'on incline à 45 degrés, ce qui leur donne un effet de décavaillonneuse simplifiée. Positionné en léger retrait, le versoir nettoie bien l'herbe tout autour du cep sans le heurter. »

Et même dans ce domaine, les fabricants cherchent des améliorations. « Chez Boisselet, nous avons un petit versoir qui se fixe au bout de la lame depuis au moins vingt-cinq ans, raconte Fabrice Dulor. Cette petite cuillère nettoie bien le petit monticule autour du cep. Mais elle n'est efficace qu'au moment de l'efficacement. Alors, nous avons inséré un second versoir au milieu de la lame pour dégager le cavaillon. » Chez Ferrand, depuis deux ans, le gros versoir déchausseur peut être orienté à la demande. Les lames n'ont pas encore cessé de se perfectionner.

Le Point de vue de

Jean François Régnier, viticulteur sur 14 ha en AOC Saumur à Meigné-sous-Doué (Maine-et-Loire), de l'EARL Régnier-David

« Avec les chaînettes, je n'ai plus de bourrage »

Jean François Régnier, viticulteur sur 14 ha en AOC Saumur à Meigné-sous-Doué (Maine-et-Loire), de l'EARL Régnier-David

Jean François Régnier, viticulteur sur 14 ha en AOC Saumur à Meigné-sous-Doué (Maine-et-Loire), de l'EARL Régnier-David

« Je cultive mes vignes en bio. Je les désherbe mécaniquement avec une décavaillonneuse en début de printemps, puis avec des interceps à lames plates Boisselet que je passe deux ou trois fois entre la mi-mai et le début du mois d'août. Ces lames travaillent bien dans les sols souples limono-sableux. Mais elles remuent peu la terre dans mes parcelles argilo-calcaires. Pour y remédier, j'ai fait plusieurs expériences. J'ai soudé des bouts de doigts en V à l'arrière des lames, puis des petits versoirs et enfin, l'an dernier, deux chaînettes de 20 cm de long à l'arrière des lames. Ces chaînettes, l'une fixée au milieu de la lame et l'autre à son extrémité, présentent l'avantage d'être mobiles. Elles déstructurent un peu la terre et nettoient bien autour des pieds. Elles n'accrochent pas les herbes comme les lames Clemens à ailettes avec lesquelles j'ai travaillé pendant plusieurs années. Ainsi, je n'ai plus à descendre du tracteur. De plus, il n'est pas nécessaire d'aller vite avec les chaînettes. Passées entre 3 et 4 km/h, elles font du bon travail. Et je préserve mes pieds de vigne. »

Le Point de vue de

Stéphane Orieux, viticulteur sur 14 ha de vignes en AOC Muscadet, Gros plant et vins de pays au domaine de la Brégeonnette, à Vallet (Loire- Atlantique)

« J'ai soudé des doigts, c'est simple et efficace »

Stéphane Orieux, viticulteur sur 14 ha de vignes en AOC Muscadet, Gros plant et vins de pays au domaine de la Brégeonnette, à Vallet (Loire- Atlantique)

Stéphane Orieux, viticulteur sur 14 ha de vignes en AOC Muscadet, Gros plant et vins de pays au domaine de la Brégeonnette, à Vallet (Loire- Atlantique)

« J'ai travaillé pendant quinze ans avec une paire d'interceps Clemens à lames plates montées sur un enjambeur. Il y a deux ans, je leur ai ajouté des doigts. Je les ai fabriqués moi-même en soudant trois bouts de fer ronds de 15 cm de long, découpés dans des dents de râteau faneur. Ils sont fixés à 45 degrés à l'arrière des lames. C'est un système simple, pas cher et efficace. Avec les doigts, les lames soulèvent et brassent un peu plus de terre et permettent de faire sécher l'herbe. Je les passe une ou deux fois sur mes 11 ha de sols légers séchant et trois ou quatre fois sur mes 3 ha de vignes les plus vigoureuses. Dans ces dernières, et surtout si les conditions sont un peu humides, les doigts offrent un petit plus pour venir à bout de certaines herbes comme le liseron, l'amarante ou le chiendent. Et le fait que les doigts soient fins évite le risque de bourrage. »

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