« Les herbes hautes plaisent au gibier »

À Chacé, dans le Maine-et-Loire, Dominique et Sébastien Sanzay plantent des haies et des arbres fruitiers et tondent peu leurs enherbements pour préserver les insectes et attirer le gibier.

« Le domaine des Vernes participe au développement de la biodiversité », peut-on lire sur un panneau dès que l'on pénètre dans le caveau de réception de Dominique Sanzay et de son fils Sébastien. Situés à Chacé, au coeur de l'AOC Saumur-Champigny, ces deux viticulteurs n'utilisent plus d'insecticides depuis sept ans. Exit les antibotrytis. Et contre les autres maladies, ils ont recours au cuivre et au soufre.

Côté entretien des sols, les interrangs sont enherbés ou travaillés. Selon les parcelles, la ligne des souches est désherbée avec du glyphosate à dose réduite ou travaillée avec des interceps. « Dans les vignes enherbées, nous laissons monter l'herbe jusqu'à 30 ou 40 cm. Cela ne gêne pas les travaux », explique Dominique Sanzay. Généralement, il effectue un premier broyage en juin, un deuxième trois semaines à un mois après et un troisième s'il a beaucoup plu. « Lorsque nous broyons, nous ne coupons pas à ras : nous laissons 5 à 10 cm. Nous avons la chance d'avoir une population d'insectes importante, il faut la préserver », précise le viticulteur.

Effectivement, il n'y a pas besoin de beaucoup chercher pour observer des coccinelles, des typhlodromes, des araignées ou des abeilles dans les vignes. « Les populations d'insectes ont augmenté depuis que nous avons arrêté les insecticides et nous n'avons aucun problème de vers de la grappe », note le viticulteur.

Les herbes hautes plaisent également au petit gibier : lièvres, perdreaux et faisans s'égayent dans les vignes. Pour les attirer davantage, le viticulteur a même accepté que le syndicat de chasse dispose des abreuvoirs et des distributeurs de graines en bordure de ses parcelles. Les contours de celles-ci sont également enherbés. « Là, nous laissons l'herbe monter en graine et nous ne tondons qu'une seule fois avant les vendanges », rapporte Dominique Sanzay.

Plantation d'amandiers

Le viticulteur maintient également les pêchers et quet-schiers présents en bordure de ses parcelles. Il a replanté quelques amandiers. L'année prochaine, il envisage de mettre un figuier et des cognassiers. Dès 2005, il avait replanté des haies avec des essences locales. Aujourd'hui, elles sont bien développées.

De nombreux oiseaux, notamment des insectivores, viennent y nicher. Ceux-ci s'installent même jusqu'au coeur des parcelles. « Il nous arrive de tomber sur des nids vides lorsque nous taillons ou que nous ébourgeonnons », s'enthousiasme Dominique Sanzay. Une biodiversité qui résulte des précautions prises à son échelle et surtout à celle de l'appellation toute entière engagée dans sa préservation depuis 2005 (voir encadré).