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VIGNE

161-49 C : des dépérissements catastrophiques

CHRISTELLE STEF - La vigne - n°254 - juin 2013 - page 36

Le dérèglement climatique pourrait être la cause du dépérissement des vignes greffées sur le 161-49 C. Ce porte-greffe est aujourd'hui déconseillé dans les zones méridionales. Il est à utiliser avec prudence dans les autres régions.
LES PREMIERS SYMPTÔMES se manifestent par une baisse dramatique de la vigueur dès la troisième ou la quatrième feuille. Puis ils empirent au point que, comme ici, les ceps ne semblent pas pouvoir se rétablir.

LES PREMIERS SYMPTÔMES se manifestent par une baisse dramatique de la vigueur dès la troisième ou la quatrième feuille. Puis ils empirent au point que, comme ici, les ceps ne semblent pas pouvoir se rétablir.

Depuis cinq à six ans, des vignes greffées sur le porte-greffe 161-49 C se meurent. Le phénomène a d'abord été signalé dans le Languedoc- Roussillon, mais d'autres régions sont touchées.

Les premiers symptômes se manifestent par une baisse dramatique de la vigueur dès la troisième ou la quatrième feuille, entraînant une très faible récolte, puis ils empirent. « Dans certaines parcelles, plus de 50 % des souches sont atteintes. Ces parcelles doivent être arrachées », a indiqué Pascal Bloy, le directeur du pôle matériel végétal de l'IFV, lors d'une journée (1) sur les portegreffes qui a eu lieu à Bordeaux (Gironde) le 17 avril dernier.

Un problème lié au porte-greffe lui-même. On trouve souvent dans les ceps dépérissants des bouchons de gomme qui obstruent les vaisseaux conducteurs du porte-greffe. Ce phénomène dénommé thyllose provoque soit le flétrissement brutal de la végétation, soit une diminution progressive de la vitalité du cep. Il favorise aussi le folletage, c'est-à-dire le dessèchement du feuillage. Il est fréquent, mais pas systématique. Les deux principaux clones de 161-49 C – le 198 et le 176 – sont concernés. « Le problème semble donc d'origine variétale », rapporte Pascal Bloy. Pour mieux cerner le phénomène, l'IFV a lancé une grande enquête fin 2012. Pascal Bloy a dévoilé les premiers résultats obtenus sur 132 parcelles. « Les symptômes sont relativement constants. Ils apparaissent soudainement », explique-t-il.

La vigueur baisse brutalement. La hauteur de végétation est extrêmement faible : de 5 à 30 cm de pousse seulement durant toute une saison ! Le nombre de grappes par pied est réduit.

L'origine des plants n'est pas un facteur explicatif. De même, il n'y a pas d'influence du mode de plantation, des pratiques culturales, de la taille, de la charge ou de la précocité de la première récolte. Les techniciens n'ont pas non plus relevé d'effet marquant du sol, ni déterminé un effet du cépage. Seules les mouillères semblent plus atteintes.

Des défauts connus de longue date. En revanche, les différences régionales sont marquées. La situation est très préoccupante dans le Languedoc, où elle touche surtout les cépages non méridionaux, et mitigée en Bourgogne. Dans les Charentes, les pépiniéristes signalent quelques cas sur ugni blanc.

Pour les experts, le phénomène serait lié au dérèglement climatique qui accentuerait les défauts du 161-49 C, connus de longue date et qui figurent dans sa fiche technique.

Les scientifiques vont poursuivre leurs investigations. En attendant, ils déconseillent d'implanter ce porte-greffe dans les zones méridionales et recommandent de l'utiliser avec prudence dans les autres régions.

(I) Journée technique « Porte-greffes : des racines et des vins », organisée par l'Institut des sciences de la vigne et du vin, la Fédération française de la pépinière viticole, le Syndicat des pépiniéristes viticoles de la Gironde et du Sud-Ouest et Inno'vin

Un porte-greffe qualitatif mais fragile

Le 161-49 C a été très prisé dans les années cinquante, puis les viticulteurs l'ont délaissé. Au début des années 2000, il a bénéficié d'un regain d'intérêt, notamment dans le Languedoc, car il est très qualitatif. Aujourd'hui, 30 000 ha de vignes seraient greffés avec ce porte-greffe. Celui-ci résiste à la chlorose dans les sols renfermant jusqu'à 40 % de calcaire total, 25 % de calcaire actif et dont l'IPC (indice de pouvoir chlorosant) s'élève à 50. Sa résistance à la sécheresse est moyenne à bonne.

Il est bien adapté aux sols calcaires ou argilo-calcaires peu compacts, légers et assez profonds. Mais il est à éviter dans les sols trop compacts. Il est sensible aux excès temporaires d'humidité au printemps. Il est très vulnérable à la thyllose, notamment lorsque les plants sont jeunes, ce qui peut entraîner du folletage. Il craint également les nématodes.

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