Suivi de la maturité : Deux appareils sortent du lot

Selon les essais de l'IFV et de la chambre d'agriculture de la Gironde, Dyostem et Multiplex sont deux outils prometteurs pour suivre la maturité des raisins.

Depuis 2008, l'IFV pôle Bordeaux-Aquitaine et la chambre d'agriculture de la Gironde évaluent sur le terrain des nouveaux équipements de suivi de la maturité des raisins. Deux outils se démarquent : Dyostem et Multiplex.

Le premier, nommé Dyostem, commercialisé par Vivélys, est un appareil de laboratoire qui permet de calculer la quantité de sucre par baie – il y en a quelques centaines de milligrammes – et la teinte, dans le cas des cépages blancs. Dyostem « établit la cinétique du chargement en sucre durant la maturation. Partant de là, il estime le potentiel qualitatif de la vendange et propose une ou deux dates de récolte », indique Yohann Baudouin, de l'IFV.

L'appareil soumet une date lorsque le potentiel de la vendange est moyen ou que la maturation est lente. Dans le cas contraire, il propose deux dates : l'une pour obtenir un vin avec des notes de fruits frais, l'autre, plus tardive, pour un vin aux notes de fruits mûrs.

Pour évaluer sa fiabilité, l'IFV et la chambre d'agriculture ont réalisé des tests sur deux parcelles parcelles de cabernet sauvignon et deux de merlot de 2010 à 2012. Une fois par semaine, de la mi-véraison à la véraison, les expérimentateurs ont prélevé 200 baies dans chaque parcelle. Au fur et à mesure des analyses, l'appareil a dressé la courbe de l'accumulation de sucre dans les baies et indiqué la date d'arrêt du chargement en sucre. Il a alors recommandé une ou deux dates de récolte que l'IFV et la chambre d'agriculture ont comparées à d'autres, définies par des méthodes classiques.

« Dans le cadre de nos essais, la date "fruit mûr" donnée par Dyostem pour les parcelles à bon potentiel semble plus appréciée par le jury de dégustation que la date "fruit frais", rapporte Yohann Baudouin. Mais quand le potentiel est intermédiaire ou que le chargement en sucre est lent, l'appareil a raison de ne donner qu'une seule date. Cela ne sert à rien d'attendre et de pousser en surmaturité des parcelles qui ne le méritent pas. En résumé, c'est un équipement intéressant, mais plutôt destiné aux caves coopératives et aux laboratoires de conseils oenologiques. »

Multiplex est quant à lui un capteur multiparamétrique créé par Force-A et basé sur la fluorimétrie. Il détermine un indice lié à la teneur en anthocyanes totales. L'idée est de caler la date de récolte lorsqu'un pic ou un plateau est atteint au niveau des teneurs en anthocyanes.

Pour évaluer l'appareil, l'IFV a mené des tests dans six parcelles de merlot et trois de cabernet sauvignon de 2010 à 2012. Dans chaque parcelle, à partir de la fin véraison, les expérimentateurs ont fait un prélèvement hebdomadaire de 200 baies et les ont envoyées au laboratoire. Celui-ci a déterminé les teneurs en anthocyanes selon quatre méthodes : celle de la chambre d'agriculture de la Gironde, celle de l'IFV et les deux méthodes de la fac d'œnologie de Bordeaux.

En parallèle, un utilisateur a réalisé 150 mesures sur les grappes dans chaque parcelle à l'aide du Multiplex. « La prise en main de l'appareil est très facile, remarque Yohann Baudouin. L'acquisition des données se fait en dix à quinze minutes. Les mesures effectuées sont conformes à celles obtenues par les méthodes classiques. Il permet donc de bien suivre l'accumulation des anthocyanes, sauf en présence de botrytis. Mais c'est également le cas pour les analyses de laboratoire. » Depuis ces tests, Force-A a amélioré son appareil.