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VENDRE - Lieu de rencontre

Déjeuner de presse au restaurant le Grand Cerf, à Montchenot (Marne), le 30 mai Un déjeuner profitable

AUDE LUTUN - La vigne - n°255 - juillet 2013 - page 74

COMMUNICATION. Trois viticulteurs champenois ont convié des journalistes à un déjeuner de presse autour du cépage meunier. Une formule efficace pour toucher les médias et le chef du restaurant comme a pu le constater « La Vigne ».
De gauche à droite : les viticulteurs Franck Bailly et David Bourdaire, le sommelier Max Schantz, l'oenologue Anne-Marie Chabbert, le hef Dominique Giraudeau, Jérôme Dehours et Pascal Champion, associé du chef du Grand Cerf. © B. SIVADE

De gauche à droite : les viticulteurs Franck Bailly et David Bourdaire, le sommelier Max Schantz, l'oenologue Anne-Marie Chabbert, le hef Dominique Giraudeau, Jérôme Dehours et Pascal Champion, associé du chef du Grand Cerf. © B. SIVADE

Les « meneurs du meunier » ont défendu leur cépage. Les trois viticulteurs organisateurs du déjeuner de presse ont commenté la dégustation en présence des journalistes. Un exercice nouveau pour Franck Bailly et David Bourdaire (à gauche). Jérôme Dehours, à droite, est un habitué de ce genre d'événement : il participe à plusieurs déjeuners de presse par an depuis dix ans. © B. SIVADE

Les « meneurs du meunier » ont défendu leur cépage. Les trois viticulteurs organisateurs du déjeuner de presse ont commenté la dégustation en présence des journalistes. Un exercice nouveau pour Franck Bailly et David Bourdaire (à gauche). Jérôme Dehours, à droite, est un habitué de ce genre d'événement : il participe à plusieurs déjeuners de presse par an depuis dix ans. © B. SIVADE

Cuvée Fleur de vigne, de Franck Bailly. Élaborée à partir de vignes plantées dans un sol léger et caillouteux et d'une vinification traditionnelle avec un léger passage en bois. « Vin fin, avec notes croustillantes, idéal en début de repas. »

Cuvée Fleur de vigne, de Franck Bailly. Élaborée à partir de vignes plantées dans un sol léger et caillouteux et d'une vinification traditionnelle avec un léger passage en bois. « Vin fin, avec notes croustillantes, idéal en début de repas. »

Cuvée Croix Joly 2005 de Jérôme Dehours. Ce magnum de champagne extra-brut millésimé vient d'une parcelle de vieilles vignes. Mis en barrique après le pressurage, il est sorti juste avant la mise en bouteille. C'est un « millésime solaire, gourmand et puissant »

Cuvée Croix Joly 2005 de Jérôme Dehours. Ce magnum de champagne extra-brut millésimé vient d'une parcelle de vieilles vignes. Mis en barrique après le pressurage, il est sorti juste avant la mise en bouteille. C'est un « millésime solaire, gourmand et puissant »

Cuvée Brut de David Bourdaire. Issu de vignes plantées sur un sol sableux, ce champagne est peu dosé. Il développe un « nez rond avec des notes de miel, de moka et de café en bouche, assorties d'une légère amertume »

Cuvée Brut de David Bourdaire. Issu de vignes plantées sur un sol sableux, ce champagne est peu dosé. Il développe un « nez rond avec des notes de miel, de moka et de café en bouche, assorties d'une légère amertume »

Il est 11 h 30 au restaurant le Grand Cerf, à Montchenot, un établissement très réputé de la Marne, situé à quelques kilomètres de Reims. Trois viticulteurs sont présents pour faire découvrir leurs vins, élaborés uniquement avec du pinot meunier, l'un des trois cépages autorisés en Champagne. « Les meneurs des meuniers », tel est le thème du déjeuner de presse organisé par Anne-Marie Chabbert, œnologue et conseil en communication.

Outre « La Vigne », quatre autres médias sont représentés par leurs journalistes : Sophie Claeys, responsable de la rubrique viticole du quotidien régional « L'Union de Reims », Richard Cremonini, rédacteur en chef de « La Marne agricole », Gabriel Dvoskin, rédacteur du site destiné aux amateurs de vins du Brésil et d'Argentine ViniCast.com, et Caroline Henry, journaliste d'origine belge rédactrice du site anglophone Missinwine.com. Avant de débuter la dégustation, les trois viticulteurs se présentent tour à tour. Pour deux d'entre eux, Franck Bailly et David Bourdaire, c'est une première. Le troisième, Jérôme Dehours, est rompu à cet exercice. Il participe à plusieurs déjeuners de presse par an depuis une dizaine d'années. Leur motivation est simple : faire connaître leur champagne et nouer des contacts qui pourront se concrétiser par des articles sur leur domaine.

« C'est l'unique occasion de rencontrer des journalistes, témoigne David Bourdaire. Comment faire autrement ? J'ai déjà envoyé des bouteilles à de nombreuses rédactions, écrit des mails, téléphoné… Mais personne ne me répond. »

« Ce déjeuner s'inscrit dans une stratégie globale pour toucher de nouveaux clients, argumente Franck Bailly. Nous avons revu concoctous nos habillages et retravaillé notre site internet. Maintenant, nous sommes prêts pour communiquer plus largement. »

La dégustation débute avant de passer à table. La première cuvée, Fleur de vigne, est de Franck Bailly. C'est un extra-brut vinifié en fûts de chêne. Ce vigneron de Serzy-et-Prin (Marne) décrit les sols de la parcelle dont sont issus les raisins. Puis Anne-Marie Chabbert ajoute son commentaire : « La finesse de ce champagne se révèle très vite, avec un côté presque croustillant. Il convient bien aux débuts de repas. »

Place ensuite au brut tradition de David Bourdaire. Plus prolixe, ce viticulteur de Pouillon a eu la bonne idée d'apporter des échantillons de ses sols dans une petite caisse en bois. « Ils contiennent beaucoup de sable, ce qui apporte une note iodée aux vins », commence-t-il. Le viticulteur détaille ensuite la vinification de sa cuvée et commente la dégustation, en mettant en avant les notes de miel de son champagne.

Jérôme Dehours, qui travaille depuis 2002 en vinification parcellaire, prend à son tour la parole pour exposer son champagne Croix Joly, millésime 2005. Produite à partir d'une vieille vigne, cette cuvée est passée en barrique et a été mise en bouteille en juillet 2006. « J'ai isolé mes premières parcelles de meunier en 1999, précise ce vigneron de Mareuil-le-Port. À l'époque, nous étions peu nombreux à le faire. Le marché est maintenant réceptif. Une cuvée par terroir rassure le consommateur et apporte de la diversité. »

13 heures. Place au repas concocté par les vignerons, Anne-Marie Chabbert, le sommelier Max Schantz et le chef du restaurant, Dominique Giraudeau. Au menu : langoustines au caviar accompagnées de champagne Bailly, turbot de ligne rôti servi avec les bulles Bourdaire Gallois et paletot de volaille des Ardennes, morilles et foie gras pour sublimer la bouteille Dehours la Croix Joly. Au dessert, les fraises mara des bois et l'émulsion de fruits rouges sont servies à côté du champagne rosé Bourdaire Gallois. À chaque plat, le sommelier et Anne-Marie Chabbert commentent l'association met et vin.

C'est cette dernière qui a choisi les journalistes. Elle visait principalement la presse régionale, car elle organise d'autres déjeuners sur Paris. Avant cette journée, elle a rencontré plusieurs fois chacun des viticulteurs, chez eux, pour travailler leur communication. La prestation leur a coûté environ 2 000 euros chacun, coût des repas inclus.

L'investissement en vaut-il la peine ? « Oui, répond sans hésiter Jérôme Dehours. Le coût d'un déjeuner de presse est nettement inférieur aux relations presse classiques (envoi de communiqués de presse accompagnés d'échantillons). C'est de l'investissement à long terme. Le déjeuner de presse fait partie d'une trame globale. Un journaliste va goûter mon vin. Puis il en entendra parler par un autre biais ou le goûtera chez un autre restaurateur. Cette convergence d'éléments l'amènera à venir me rencontrer. Je ne cherche pas les clients ni les prescripteurs, mais je travaille à créer les conditions pour qu'ils viennent chez moi. Ce genre d'événement permet aussi de nouer des contacts avec le chef. C'est important de figurer sur la carte des belles tables de la région. »

Et qu'attendent les journalistes d'une telle rencontre ? « C'est l'occasion de croiser des vignerons que je ne connaissais pas, témoigne Sophie Claeys. À l'issue de ce premier contact, nous échangeons nos cartes. »

Gabriel Dvoskin apprécie lui aussi de déguster de nouveaux champagnes. « Il n'est pas si fréquent de découvrir de nouvelles cuvées, explique-t-il. Sao Paulo est la deuxième ville du monde sur le marché du luxe après Moscou. Il y a de belles opportunités à réaliser au Brésil pour les champagnes. » Sur le court terme, ce déjeuner a déjà porté ses fruits. Début juin, le quotidien « L'Union de Reims » a publié un article sur cette dégustation, illustré par la photo des viticulteurs. Un autre est paru début juin dans le magazine « Reflets », distribué à 80 000 exemplaires à Reims.

D'autres articles sont programmés. « La Marne agricole » rendra compte de cette rencontre fin juillet et des reportages sont prévus sur les sites Missinwine. com et VinoCast.com. Un bilan positif si l'on considère que les 2 000 euros investis par chacun comprennent, en plus du repas, une réflexion sur la communication du vigneron ainsi qu'un travail sur les plaquettes et sur le plan d'actions à mener pour mieux se faire connaître.

DÉBRIEFING

L'horaire du rendez-vous (11 h 30) convenait bien à une dégustation de plusieurs champagnes avant le repas.

La dégustation s'est déroulée debout : cela facilite les échanges.

L'ambiance était très conviviale. Un détail qui rend la prise de contact plus aisée.

L'idée directrice du repas (les champagnes à base de meunier sont des vins gourmands qui ont leur place à table) est très bien passée.

Le temps de dégustation précédant le déjeuner était un peu long (une heure et demie). Le temps de parole entre les trois viticulteurs et l'emploi de supports visuels n'était pas assez équilibré.

ANNE-MARIE CHABBERT, ŒNOLOGUE ET CONSEIL EN COMMUNICATION « Mettre en musique le talent des vignerons »

«Le déjeuner de presse est un bon moyen de dire, de faire savoir et de faire déguster », résume Anne-Marie Chabbert, qui travaille dans la communication sur le champagne depuis plus de vingt ans. Cette œnologue milite pour que le champagne trouve sa place au sein du repas. Elle figure aussi parmi les amatrices du pinot meunier, cépage champenois moins connu que le pinot noir et le chardonnay. Sa collaboration avec les viticulteurs débute en amont du déjeuner. Elle les aide à rédiger les textes de leurs brochures. « Le manque de savoir-faire et une sorte de complexe d'infériorité sont souvent à l'origine de la peur de communiquer, précise-t-elle. Mon rôle est d'accompagner et de mettre en musique les talents des vignerons. » Elle insiste sur le travail de réflexion à mener avant de rencontrer la presse. Et précise que la publication d'un article n'est pas une fin en soi. « Un article peut aider à faire vendre, mais tout reste à faire pour entretenir les retombées et rester attractif. » Elle conseille également aux vignerons débutants en relation presse de ne pas brûler les étapes. « Ne passez pas de publicité avant d'être connu ! La publicité ne vient que conforter votre notoriété. »

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