ImprimerForte coulure sur merlot plus grêle dévastatrice (voir pages 8 à 11) : le Bordelais paie un très lourd tribut aux caprices du temps. L'interprofession prévoit une récolte comprise entre 4,2 à 4,5 millions d'hectolitres, soit la plus petite depuis celles de 1991, année où les viticulteurs avaient vendangé 2,58 millions d'hectolitres.
Dans la vallée du Rhône, la récolte s'annonce également faible pour le grenache qui a souffert de mauvaises conditions de floraison. « Dans certaines parcelles, il n'y a pas de raisins », déplore Olivier Roustang, œnologue consultant chez Rhône œnologie. Pour les autres cépages, le potentiel est correct, sauf dans les vignes qui ont subi des attaques de mildiou fin juillet ou qui ont grêlé.
En Languedoc, les volumes devraient être supérieurs à ceux de 2012, avec toutefois de grandes disparités selon les secteurs et les cépages. « Le grenache a coulé. Le merlot également. Les rendements sont donc variables. Pour les autres cépages, nous sommes au-dessus de 2012 sans atteindre 2011. Sans compter que l'état sanitaire pourrait se dégrader après les pluies de l'équinoxe d'automne, car l'année est tardive », rapporte Jacques Rousseau, de l'ICV.
La Touraine et la Champagne optimistes. Dans le Beaujolais, la récolte s'annonce également inférieure à la moyenne après celle de 2012 qui était dramatiquement basse. « Il a eu beaucoup de millerandage et les baies sont toutes petites », note Florence Hertaut, de la chambre d'agriculture du Rhône. En Bourgogne, la récolte devrait être inférieure d'environ 10 % à la moyenne décennale selon le BIVB.
En Alsace, le potentiel serait inférieur de 20 % à celui, correct, de l'an passé. Filage, coulure, grêle, et casse de rameaux dûe au vent ont affecté le rendement. « C'est sur les pinots qu'il sera le plus faible. Les grappes sont petites. Elles n'ont pas d'épaule », précise Frédéric Schwaerzler, de la chambre d'agriculture du Haut-Rhin.
Dans le Muscadet, les rendements devraient avoisiner 50 hl/ha, ce qui est moyen. En revanche, le potentiel est normal en Touraine. « Mises à part les AOC Cheverny et Touraine-Mesland qui ont subi du gel de printemps, nous ne déplorons pas d'accident climatique », indique Michel Badier, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. La Champagne est également optimiste. « Nous avons 40 % de volume en plus que l'an passé où nous avions cumulé les aléas physiologiques, parasitaires et climatiques », se réjouit Laurent Panigai, du CIVC.
Au total, pour la France, les dernières prévisions font état de 44.5 millions d'hectolitres. On se dirige donc à nouveau vers une récolte inférieure à la moyenne décennale.
Le Point de vue de
Denis Alary, vigneron à Cairanne (Vaucluse), 28 ha de vignes
« Nous aurons un millésime atypique »
© M. GASARIAN
« Il a fait froid jusqu'à la mi-juin, puis nous avons eu quatre jours de fortes chaleurs où le thermomètre a atteint 35°C. Cet écart de température a été fatal et a provoqué de la coulure sur le grenache qui représente 35 % de notre encépagement. L'intensité de cette coulure est variable d'une parcelle à l'autre et nous avons du mal à évaluer les pertes. Dans certaines vignes, nous ne récolterons que 5 à 10 hl/ha et dans d'autres 30 à 35 hl/ha. Le gel de l'an passé a peut-être fragilisé certaines souches. Heureusement, les autres cépages ont bien donné et nous n'avons pas eu de dégâts de grêle, ni d'attaque de mildiou. Toutefois, le manque de grenache va nous poser quelques soucis pour les assemblages car il apporte du gras. Nous devrons adapter les vinifications de manière à compenser cette perte. Je ne m'interdis rien mais, dans tous les cas de figure, nous aurons un millésime atypique. »
