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VIGNE

Contrôle des pulvés : Des outils simples font l'affaire

MARTIN CAILLON - La vigne - n°256 - septembre 2013 - page 30

À l'occasion d'une journée technique en Champagne, deux experts ont montré que l'on pouvait contrôler et régler les pulvés avec très peu de moyens. Voici comment.
LES INSTRUMENTS dont se servent Sébastien Debuisson, ingénieur au CIVC, et Julie Perry, technicienne à la chambre d'agriculture, sont faciles à utiliser. 1 Sonde Pitot - 2 Mètre - 3 Jalon couvert de papiers Hydrosensibles - 4 Tôle rouillée graduée - 5 Tableau en ardoise - 6 Disque rapporteur - 7 Anémomètre

LES INSTRUMENTS dont se servent Sébastien Debuisson, ingénieur au CIVC, et Julie Perry, technicienne à la chambre d'agriculture, sont faciles à utiliser. 1 Sonde Pitot - 2 Mètre - 3 Jalon couvert de papiers Hydrosensibles - 4 Tôle rouillée graduée - 5 Tableau en ardoise - 6 Disque rapporteur - 7 Anémomètre

JULIE PERRY, technicienne à la chambre d'agriculture, place son instrument composé de trois piges au bout d'une main pour montrer l'étendue et la hauteur du spectre de bouillie qui en sortira. La plaque de fer simule la vigne. PHOTOS M. CAILLON

JULIE PERRY, technicienne à la chambre d'agriculture, place son instrument composé de trois piges au bout d'une main pour montrer l'étendue et la hauteur du spectre de bouillie qui en sortira. La plaque de fer simule la vigne. PHOTOS M. CAILLON

Un pulvé se règle mieux avec une vieille tôle rouillée qu'au doigt, à l'oreille ou à l'œil. C'est l'un des enseignements de la demi-journée consacrée à la pulvérisation organisée par la chambre d'agriculture de la Marne le 26 juillet dernier à la coopérative de Talus-Saint-Prix. Soixante-dix personnes étaient présentes malgré la pluie tombée en abondance quelques heures auparavant. Elles n'ont pas perdu leur temps. L'atelier « réglage des pulvés » a constitué le temps fort de la matinée. Les sols et la vigne étant trop mouillés, il s'est déroulé dans la cour de la cave. Qu'importe, l'objectif est atteint : montrer comment tester et régler son pulvérisateur avec quelques outils et indicateurs simples. Ces instruments, peu onéreux, permettent d'améliorer la précision et la qualité des traitements. Parfois, ils mettent aussi en évidence les limites, voire les défauts, de certains appareils.

La chambre d'agriculture avait réuni cinq pulvérisateurs d'usage courant en Champagne : les deux cellules pneumatiques Jet 6000 de Bobard et le Speedair CG Expert de Berthoud, traitant avec des mains par le dessus, et trois appareils avec descente dans le rang : la voûte pneumatique CPJ de Grégoire, l'appareil à jet porté Précijet de Tecnoma et le nouveau Bobard Polyjet, ce dernier traitant aussi bien en mode pneumatique qu'en jet projeté ou porté.

Pour régler ces pulvés, Julie Perry, technicienne à la chambre d'agriculture et animatrice de l'atelier, avait apporté plusieurs instruments : un disque rapporteur et trois règles (dites piges) graduées en forme d'éventail pour régler l'angle des mains et l'orientation du flux d'air ; une tôle rouillée graduée tous les 10 cm sur toute sa hauteur, un tableau en ardoise de 40 cm par 1,50 m de hauteur et un jalon pourvu de papiers hydrosensibles pour mesurer la répartition de la bouillie ; et, enfin, un anémomètre et une sonde Pitot, afin de mesurer la vitesse d'air à la sortie des mains. Place au test.

Berthoud Speedair : Inutile de monter dans les tours

« L'appareil a été développé pour des vignes d'1,35 m de largeur, indique Sébastien Debuisson, ingénieur au CIVC et co-animateur de la journée. Pour les vignes d'1 m, il faut tourner la main pour porter le produit plus loin sur la végétation. » Le réglage est aisé. Il est même précis. Les diffuseurs CG Expert, qui équipent l'appareil, sont pourvus de réglettes graduées à cet effet. Elles permettent de repérer la position d'un diffuseur pour la reproduire ou l'appliquer aux autres. Ce n'est pas le cas de tous les appareils. « En l'absence de réglette, vous pouvez vous aider d'un rapporteur », souligne Julie Perry. Placé sous la main du pulvé, l'instrument donne l'angle au degré près par rapport à l'axe du rang.

Ensuite, le chauffeur démarre. Il lance la turbine à 3 700 t/min. Les deux techniciens mesurent alors la vitesse de l'air. Ils utilisent pour cela la sonde Pitot. « Au-delà de 120 km/h, un anémomètre n'est plus fiable », rappelle Sébastien Debuisson. Boîtier en main, ils placent l'embout de la sonde au niveau de l'orifice des sept mains de l'appareil, l'une après l'autre.

Résultat : la vitesse de l'air oscille entre 240 km/h, la vitesse recommandée, et plus de 300 km/h selon les mains. « Trois cents, c'est trop », analyse Sébastien Debuisson. Le chauffeur abaisse le régime de la turbine à 3 400 t/min, faisant tomber la vitesse de l'air entre 230 à 260 km/h. Le nouveau réglage n'a que des avantages. La répartition de l'air entre les mains est plus homogène. Le flux d'air, moins chaud, limite l'évaporation des gouttes, et, en tournant à 300 t/min de moins, le tracteur consomme moins et est plus silencieux.

Le chauffeur ouvre ensuite le circuit. Le technicien place l'ardoise sur le sol, à la verticale, entre 30 et 40 cm devant la main, la distance moyenne entre cet organe et la végétation lors d'un traitement. Deux secondes après, il la retire. Mètre en main, il mesure la hauteur du spectre laissé sur l'ardoise : 1,20 m maximum. « C'est un peu bas. Il faudrait remonter la main d'une demi-mesure sur la graduation. »

Le procédé donne une bonne indication de la répartition de la bouillie. Il permet aussi de constater un éventuel sous-dosage sur une partie de la végétation. « En début de saison, lorsque la végétation est peu développée, vous pouvez aussi utiliser un jalon couvert de papiers hydrosensibles », ajoute Julie Perry en montrant l'instrument. Celui-ci rend mieux compte de la quantité et de la qualité des gouttes déposées

Bobard Jet 6 000 : « Il faudrait ouvrir l'angle des mains »

Comme le Speedair, l'appareil traite par le haut. « Il pulvérise en général de 150 à 180 litres de bouillie par hectare. Pour un tel volume, la vitesse de l'air requise à la sortie des diffuseurs doit être de 190 km/h au minimum et de 240 km/h au maximum », explique Sébastien Debuisson. La turbine est mise en route à 3 900 t/min. À ce train, la vitesse de l'air sortie des mains est un peu trop élevée : entre 215 et 270 km/h selon les diffuseurs. Une petite réduction du régime moteur s'impose.

Le démonstrateur s'empare ensuite de la plaque de fer. Il la place brièvement devant le flux de liquide, comme l'ardoise précédemment. Sur la plaque, rouillée et graduée, on voit nettement le spectre, concentré entre 70 cm et 1,30 m. « C'est un peu haut. Il faudrait ouvrir l'angle des mains de 4 à 5° vers le bas », commente Sébastien Debuisson. Pour être précis, faute de repère gradué sur la main, on peut se servir du rapporteur et des trois piges (voir photo).

Tecnoma : Précijet Très régulier

L'appareil à jet porté est pourvu de trois diffuseurs par descente. « C'est le volume plus que la vitesse de l'air qui porte les gouttes sur ce type de pulvé », remarque Sébastien Debuisson. Une fois la cellule lancée à 4 000 t/min, la vitesse de l'air relevée apparaît très homogène de haut en bas des descentes et quasi identique d'un pendillard à l'autre : 200 à 220 km/h. « Cette vitesse équivaut à 35 à 40 km/h au niveau du feuillage. Cela suffit pour avoir une bonne qualité de pulvérisation. »

Avec une projection de liquide sur l'ardoise de 10 cm du sol à 1,10 m de hauteur, les descentes couvrent bien la végétation et la zone des grappes. Toutefois, la quantité de produit appliqué est variable. « Il n'y a pas de croisement du spectre entre les diffuseurs », affirme le technicien.

Grégoire CPJ : Pas de tachymètre sur la turbine

La cellule, pneumatique, donne également de bons résultats. Chaque descente est pourvue de diffuseurs à trois hauteurs. La vitesse de l'air est identique aux trois niveaux : 240 km/h. Cette vitesse et cette régularité donnent la garantie d'un bon brassage de la végétation.

Le diffuseur du milieu, situé entre 70 et 90 cm de hauteur, couvre bien la zone des grappes. Un problème apparaît cependant, l'appareil n'étant pas équipé de tachymètre, on ne connaît pas la vitesse de la turbine. Le régime du moteur seul, 2 400 t/min, sert d'indicateur.

Bobard Polyjet : Une descente trop directe

L'appareil est particulier car il est mixte (voir encadré). Il permet un traitement en jet projeté, porté ou pneumatique, grâce à un double circuit de diffusion du liquide. Lors de cette démonstration, l'appareil est en version pneumatique avec deux hauteurs de diffuseurs. La vitesse d'air relevée est homogène en haut comme en bas des descentes.

En revanche, la vitesse est variable d'une descente à l'autre. De 240 à 250 km/h sur les descentes extérieures, c'est bien, mais à 300 km/h, comme sur celle située derrière la roue gauche, « l'air descend trop directement depuis la turbine, observe Sébastien Debuisson. En jet porté, ces écarts seront sans conséquence, mais en version pneumatique, cette descente produit des gouttes plus fines que les autres. La pose d'un coude donnant à l'air une trajectoire plus courbe permettrait de réduire la vitesse. »

Bobard Polyjet : un pulvé face par face polyvalent

Le nouveau pulvé Bobard Polyjet est un appareil face par face trois en un. Il permet de traiter en jet projeté, en jet porté ou en pneumatique grâce à deux circuits de diffusion indépendants. Le traitement pneumatique s'effectue au moyen de diffuseurs intégrés dans les descentes en PVC. Des buses, fixées derrière ces tuyaux, assurent de leur côté les traitements en jet projeté et porté. Le viticulteur peut ainsi réaliser un premier traitement en jet projeté en utilisant seulement la pompe. Il peut ensuite passer en jet porté quand la vigne atteint son stade intermédiaire et terminer la campagne en pneumatique. Il lui suffit pour cela de tourner les buses d'un quart de tour. Le Polyjet existe en version cinq, six ou sept rangs avec deux (voir photo), trois ou quatre hauteurs de diffuseurs. Le modèle cinq rangs avec trois hauteurs coûte 27 000 euros.

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