1 Évaluez vos usages
La quantité d'eau utilisée durant les vinifications diffère d'une cave à une autre. Avant de prévoir des économies, il faut connaître sa consommation par poste. « Cette information aide à prioriser les actions d'amélioration et à mesurer l'efficacité des solutions mises en œuvre, explique Hélène La Guerche, de Merithalle, une agence de conseils dans la qualité et l'environnement à Bordeaux (Gironde). Dans ce cadre, il est indispensable de séparer le compteur d'eau du chai du reste de l'exploitation. » Elle recommande aux vignerons d'équiper tous leurs robinets de volucompteurs et de procéder à des relevés réguliers afin d'évaluer au mieux sa consommation d'eau.
2 Sensibilisez votre personnel
Avant les vendanges, effectuez une miniformation de vos salariés. Apprenez-leur les bons gestes : fermer un robinet ouvert, contrôler les installations pour s'assurer de l'absence de fuites… Ensemble, planifiez les tâches de nettoyage. Précisez quand elles doivent avoir lieu. « Inutile de nettoyer à grande eau à tout moment », observe Hélène La Guerche. Joël Rochard, responsable du pôle national développement durable à l'IFV, conseille de confier à un salarié la responsabilité de relever les compteurs d'eau et de rendre compte de ses relevés toutes les semaines à toute l'équipe
3 Nettoyez d'abord à sec
À l'aide d'une brosse, d'une raclette ou d'un balai, éliminez les résidus et les débris solides présents sur les sols, les égrappoirs… puis terminez l'opération au jet d'eau. « Ce prénettoyage diminue considérablement les volumes d'eau à utiliser ultérieurement », assure Joël Rochard. Couplé au respect des consignes d'utilisation des produits d'hygiène, il permet d'obtenir un résultat équivalent, voire supérieur à un nettoyage uniquement au jet d'eau, tout en consommant moins.
4 Équipez vos jets de pistolets d'arrêt
Les pistolets d'arrêt génèrent aussi des économies. Privilégiez les modèles en laiton ou en inox, plus résistants que ceux en plastique, et soyez attentif à leur ergonomie. Le personnel doit pouvoir les utiliser facilement. Attention, ces appareils risquent de rayer les sols ou le matériel. Aussi, entourez le tuyau auquel ils sont reliés d'une rondelle ou d'un morceau de caoutchouc pour qu'ils ne touchent pas le sol.
5 Mettez la pression
Grâce à un effet mécanique puissant, le lavage à haute pression élimine les souillures sur les sols et le matériel tout en consommant peu d'eau. Des systèmes dérivés de cette technique ont été mis au point pour le nettoyage des drains des pressoirs pneumatiques. Il s'agit de furets ou de buses à réaction reliées à un surpresseur, faciles à utiliser. Toutefois, la surpression n'est pas adaptée à tous les cas de figure. Elle peut endommager les circuits hydrauliques de certains matériels.
Pour le nettoyage des équipements de réception de vendange, Guillaume Dulimbert, gérant et consultant chez Ajisse management, à Saint-Émilion (Gironde), préconise d'utiliser un jet d'eau à la pression du réseau après avoir éliminé les parties solides avec une raclette. Joël Rochard suggère de travailler en moyenne pression (15 à 20 bars).
6 Envisagez l'autolaveuse
Utilisées dans les supermarchés pour le nettoyage des sols, les autolaveuses s'emploient de plus en plus dans l'industrie agroalimentaire. Elles sont équipées de brosses ou de disques à l'avant et à l'arrière qui projettent le produit de nettoyage sur le sol. Le liquide est ensuite réaspiré et recyclé, ce qui limite la consommation d'eau et le rejet des effluents. Il faut compter entre 3 000 et 10 000 euros pour ce type de machine.
7 Pour les cuves, prévoyez des boules
« Il existe plusieurs dispositifs adaptés au lavage de l'intérieur des cuves, indique Joël Rochard. Le plus simple est la boule perforée que l'on raccorde à un tuyau. » Pour l'utiliser avec une pression supérieure à celle du réseau, Joël Rochard conseille de l'alimenter avec une pompe à vin. La cuve sera mieux aspergée. Pour nettoyer les grands contenants, il recommande l'utilisation de buses rotatives. Elles sont plus économes en eau que les boules perforées.
8 Finissez avec un canon à mousse
La mousse délivrée par ces canons augmente le temps de contact entre le produit de nettoyage et le matériel. Le lavage est ainsi optimisé et les quantités d'eau nécessaires sont moindres. Ces canons s'utilisent pour le nettoyage des cuves, des pressoirs, etc. Pour la désinfection des cuves, il existe des systèmes de nébulisation permettant de doser et de bien répartir les produits de désinfection.
9 Pensez-y à la conception de votre cave
Plus un support est lisse, plus il est facile à laver et moins il nécessite d'eau. Il faut intégrer cette donnée lors du choix du revêtement des cuves et des sols. Idem au moment de la construction des écoulements du chai : privilégiez un écoulement de chaque côté des cuves, plutôt qu'un écoulement central beaucoup plus salissant. En outre, choisissez du matériel facilement démontable pour rendre le nettoyage plus aisé. Cet aspect joue aussi sur les gains en eau.
Le Point de vue de
NATHALIE VRIGNAUD, RESPONSABLE HYGIÈNE, QUALITÉ, SÉCURITÉ ET ENVIRONNEMENT AUX VIGNERONS DE PUISSEGUIN LUSSAC SAINT-ÉMILION (1 200 HA), À PUISSEGUIN (GIRONDE)
« Nous avons décidé d'agir à plusieurs niveaux »
« Nous adhérons à cinq référentiels : Agriconfiance, Iso 9001, Iso 14001, IFS et Destination développement durable, lancé par Coop de France.
Dans ce cadre, nous avons réalisé une analyse environnementale de notre activité de la réception des vendanges à la vinification. La consommation d'eau figure parmi les critères sur lesquels nous avons décidé d'agir. Nous avons intégré ce paramètre lors de la rénovation de notre chai en 2012. Pour faciliter le lavage et dépenser moins d'eau, nous avons choisi des peintures lisses et aménagé des passerelles grillagées.
Nous avons également installé un réseau d'eau pressurisé dans le chai : il rend le nettoyage plus efficace, tout en réduisant la consommation. Par ailleurs, nous avons équipé certaines de nos machines, comme la carotteuse, d'un cycle automatisé et programmé de lavage pour utiliser la juste quantité d'eau. Pour les matériels dont le nettoyage n'est pas automatisé, nous avons établi un mode opératoire avec une durée standard de lavage. Autrefois, nous ouvrions quatre conquets de réception. Désormais, nous sommes passés à deux en rationalisant le planning des apports. Nos adhérents n'attendent pas plus longtemps et nous avons ainsi diminué les opérations de nettoyage. Tous les quinze jours, nous effectuons un relevé de notre consommation en eau pour vérifier si les quantités sont normales. Le personnel est aussi sensibilisé. Une fois par an, nos équipes reçoivent une formation à la gestion de l'eau. Grâce à ces mesures, nous avons réduit la consommation du chai de 6 147 m3 en 2011 à 4 609 m3 en 2012. Le montant de la facture d'eau s'en ressent ! Nous prévoyons d'implanter une aire de lavage pour les bennes de nos adhérents sur notre site. Elle sera équipée d'une minuterie, toujours pour abaisser la consommation. »