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éditorial

Excessif

PAR BERTRAND COLLARD, RÉDACTEUR EN CHEF DE LA VIGNE - La vigne - n°257 - octobre 2013 - page 5

Exit la hausse des taxes sur le vin. Exit l'idée d'interdire la publicité sur internet. Du moins pour le moment. Il n'aura fallu que quelques jours au gouvernement pour plier devant la fronde organisée par Vin et société… sur internet, justement. Le 26 septembre, l'association ouvrait le site « ce qui va vraiment saouler les Français », une sorte de kit destiné au grand public pour afficher son soutien à la filière viticole et bombarder députés et sénateurs d'un message de protestation contre une série de mesures défavorables au vin.

En quelques heures, cette opération inventive a su s'attirer la sympathie du public et de la presse. Des milliers d'internautes français et étrangers ont écrit leur incompréhension ou leur stupéfaction de voir à nouveau le vin attaqué. Pour eux, le vin est l'un des fleurons de notre économie et de notre culture. Il fait chanter la diversité de nos terroirs. Il ne menace pas la santé publique. Bien au contraire. À l'inverse, ceux qui réclament de nouvelles mesures contre le vin ont fait profil bas, mais ils n'ont pas disparu pour autant. L'Anpaa, dont le président se présente volontiers comme un ami des viticulteurs, demande que l'on inscrive « l'alcool est dangereux pour la santé » sur toutes les publicités et non plus « l'abus d'alcool ». Autrement dit : le vin est dangereux dès le premier verre.

« La Vigne » a voulu savoir pourquoi cette nouvelle exigence alors que l'actuel message sanitaire paraît équilibré. Elle attend toujours des explications. L'Anpaa ne supporte pas non plus les articles trop élogieux ou trop glamour sur le vin. Elle estime qu'ils s'apparentent à de la publicité et obtient la condamnation de leurs auteurs par les tribunaux. D'abord « Le Parisien » et, plus récemment, « Paris Match ». Car selon les juges, les articles de presse peuvent être qualifiés de publicité bien qu'ils ne fassent pas l'objet de contreparties financières. De ce fait, ils n'échappent pas à la loi Évin.

En France, un journaliste risque donc de faire condamner son journal pour publicité illicite s'il écrit son amour pour le vin. Voilà une autre aberration dénoncée par Vin et société. Mais pour l'instant, aucun ministre ne s'est prononcé sur le sujet. Pour faire changer cela, il faudra plus qu'un élan de sympathie envers la filière : convaincre le gouvernement et les élus que tout cela excessif ! C'est une autre paire de manche.

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