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À LA VIGNE - SEPTEMBRE

Un millésime plus « classique »

GRÉGORY PASQUIER - La vigne - n°257 - octobre 2013 - page 6

Vendanges fin septembre, acidité élevée, pH et niveau d'alcool bas... Des œnologues considèrent que le millésime 2013 est différent de ceux de ces dernières années.

Certains parlent de millésime de « rupture », d'autres utilisent le terme « classique ». « On se rapproche des années 70-80 », rajoute Étienne Carre, du laboratoire de Touraine. Après une série d'années chaudes ayant donné des vins alcooleux avec des acidités faibles, le millésime 2013 sera très différent.

Dans le Languedoc-Roussillon, « les vendanges ont commencé avec deux semaines de retard par rapport à l'an dernier, indique Matthieu Dubernet, du laboratoire du même nom, dans l'Aude. Début octobre, nous sommes au tiers des vendanges. C'est du jamais vu depuis 1980. »

Éric Grandjean, du Centre œnologique de Bourgogne, compare 2013 à 2008. « Les blancs rentrent entre 11 et 13 % vol., ce qui est dans la moyenne. Les acidités totales sont entre 5 et 6 g/l. L'an dernier, elles étaient plus basses », assure-t-il.

En Alsace, Bruno Guillet, du laboratoire Gresser œnologie, parle « d'une année à peu près ordinaire ». Il estime à une à deux semaines le retard par rapport à l'an dernier. Mais pour lui, il est normal que les « crémants soient vendangés en septembre et les vins tranquilles en octobre ».

En Champagne, Laurent Panigai, du CIVC, accueille la situation avec encore plus de sérénité. « La notoriété des champagnes s'est faite avec des vendanges début octobre, explique-t-il. D'après nos statistiques, cette année présente un profil pour être millésimée. »

Conséquence de ce retard, le millésime 2013 se caractérise par « des degrés et des pH plus faibles et des acidités plus élevées, avance Matthieu Dubernet. Dans le Languedoc, il y a 1 à 1,5 % vol. de différence par rapport à l'an dernier. Les raisins qu'on rentrait à 13,5 %. vol. le sont aujourd'hui à 12 % vol. » En ce qui concerne l'acidité, « nous avons 1g/l de H2SO4 en plus ».

« Nous n'atteignons pas les degrés que l'on a connus ces dernières années, confirme Olivier Berthaud, du laboratoire départemental d'analyses du Jura. Il estime que le degré à la récolte est inférieur de 1 % vol. à l'an dernier. « Les crémants se situent à 10,5 % vol. et les vins tranquilles entre 11 et 11,5. »

Dans le Val de Loire, « sur les chardonnays, l'acidité est élevée par rapport aux années 2000 », observe Étienne Carre. Une bonne chose selon cet œnologue. « Il faut que ces vins soient vifs et frais. C'est ce qui les différencie des vins du Sud. Mais si leur acidité reste trop élevée, on désacidifera un peu. » Même chose à Bordeaux : « Les sauvignons et sémillons sont un peu vifs et moins alcooliques, note Françoise Ligou, de l'Œnocentre Soussac. Les sauvignons sont en moyenne à 12 % vol., les sémillons à 11 % vol. alors que les acidités totales sont à 5 à 5,5 g/l de H2SO4. Les vins sont frais, aromatiques et pas lourds. »

Mais ce qui étonne le plus les œnologues, c'est l'acide malique. « Les niveaux sont 50 à 80 % plus hauts que l'an dernier », rapporte Matthieu Dubernet. Il précise que les acidités totales élevées sont essentiellement dues aux teneurs importantes en acide malique. Dans le Jura, Olivier Berthaud indique qu'en « moyenne, l'acide malique atteint 5,7 g/l. L'an dernier, c'était entre 4 et 5 g/l ». Bruno Guillet, en Alsace, explique : « Nous allons vendanger des auxerrois avec 0,6 à 0,7 g/l d'acide malique en plus que l'an dernier. »

Les viogniers de la vallée du Rhône se situent « entre 2 et 3 g/l d'acide malique. Ce cépage ne fait pas la malo. Nous avons donc des vins frais, mordants et qui peuvent surprendre », confie Olivier Roustang, de Rhône œnologie.

Philippe Cazaux, directeur général de la cave de Sauveterre Blasimon, en Gironde « Des sauvignons très aromatiques »

Philippe Cazaux, directeur général de la cave de Sauveterre Blasimon, en Gironde © G. PASQUIER

Philippe Cazaux, directeur général de la cave de Sauveterre Blasimon, en Gironde © G. PASQUIER

«Nous vinifions environ 35 000 hl de blanc chaque année, dont 60 % de sauvignon, 30 % de sémillon et le reste de muscadelle. Cette année, les sauvignons sont très aromatiques. Ils ont eu une bonne maturation. Les sémillons sont un peu plus dilués. Nous n'avons pas pu aller au bout de leur maturation, car ils ont commencé à décrocher. Mais globalement, ce sera un beau millésime pour les blancs. L'année a été fraîche, il y a eu de l'eau, donc un stress hydrique modéré, ce qui a permis d'obtenir un bon potentiel aromatique. L'acidité totale est un peu plus marquée que les années précédentes. Pour les sauvignons, nous avons entre 0,5 et 1 g/l d'équivalent H2SO4 en plus pour des niveaux qui se situent à 5 g/l. Les teneurs en acide malique sont également supérieures de 1 g/l. Mais cette acidité n'est pas un problème, il vaut mieux partir avec une bonne base acide. On pourra toujours désacidifier s'il le faut. Les degrés sont un peu plus faibles : 11 à 11,5 % vol. alc. pour les sauvignons, soit 0,5 à 1 % vol. alc. de moins que les années précédentes. »

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