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VENDRE - Paroles de consommateurs

À l'occasion des foires aux vins d'automne « Difficile de résister à la tentation »

AURÉLIA AUTEXIER - La vigne - n°257 - octobre 2013 - page 60

« La Vigne » a demandé à des amateurs de vin parisiens leur avis sur les foires en grande distribution. Ils sont unanimes : c'est l'occasion de se laisser tenter, quel que soit le budget. Beaucoup privilégient même les vins de producteur.
Anne, 58 ans, cadre. « Je fais rarement les foires aux vins mais je vais me laisser tenter cette année. » PHOTOS A. AUTEXIER

Anne, 58 ans, cadre. « Je fais rarement les foires aux vins mais je vais me laisser tenter cette année. » PHOTOS A. AUTEXIER

Passez une matinée à interroger des Parisiens sur les foires aux vins, vous en retirerez deux enseignements. En premier lieu, vous verrez qu'ils sont nombreux à déclarer « ne pas consommer suffisamment pour s'intéresser aux foires aux vins ». Ce jeudi matin 12 septembre, presque un passant sur deux a refusé de répondre à nos questions sur le sujet, le plus souvent sous ce prétexte.

« La Vigne » s'était pourtant installée dans le quartier commercial de Montparnasse, dans le XIVene pas consommer suffisamment pour s'intéresser aux foires aux vins arrondissement, devant une grande surface qui venait d'ouvrir sa foire aux vins. Rien n'y a fait. Les moins de quarante ans se sont montrés particulièrement peu concernés, déclinant presque tous notre invitation à participer à notre micro-trottoir. Un fait conforme avec les statistiques selon lesquelles les jeunes sont très peu nombreux à consommer du vin.

Deuxième enseignement, heureusement plus positif : ceux qui se déclarent, à des degrés divers, amateurs de vin confirment qu'ils vont se laisser tenter, alléchés par la variété de l'offre durant ces ventes.

Les foires aux vins sont aux œnophiles ce que les soldes sont aux victimes de la mode. Tous y voient l'occasion de faire de bonnes affaires. « Acheter en foire aux vins, c'est intéressant grâce aux prix qui y sont pratiqués », assure Patrice, 63 ans, consultant en management et consommateur occasionnel qui, après réflexion, se ravise : « Du moins, c'est l'impression que j'en ai. » L'homme a une idée assez précise de ce qu'il compte acheter : « Plutôt des blancs de Touraine ou de Bordeaux et, pour les rouges, des côtes-du-rhône ainsi que quelques vins du Sud-Ouest », sa région d'origine.

Pour Anne, 58 ans, cadre dans les télécoms, l'achat en foire aux vins est plutôt rare. « C'est en fonction des occasions. Mais cette année, j'ai envie de me laisser tenter », reconnaît-elle. Elle aussi est attirée par la perspective de faire de bonnes affaires. Connaissant mal le vin et en consommant peu, elle ne se montre guère aventureuse. Lors de ses achats, elle restera fidèle à sa région d'origine, la Bourgogne.

À l'inverse, Christian, 60 ans, retraité, connaît les vignobles et les appellations. Comme son beau-frère Patrice, avec qui nous l'avons rencontré ce jeudi matin, il sait ce qu'il veut. Il cherche « plutôt des vins de Loire et des blancs de Bourgogne ». Mais, il reconnaît que les foires aux vins sont aussi l'occasion d'achats impulsifs : « On découvre d'autres vins, d'autres régions, voire d'autres pays. » La corrélation entre le degré de connaissance des vins et l'envie d'en découvrir de nouveaux est nette. Comme le dit le sage : « Plus on sait, plus on a envie d'apprendre. »

Dans le foisonnement de l'offre spéciale foire aux vins, les vins de producteurs sont particulièrement appréciés. « C'est ce que je recherche », assène Julien, moniteur d'auto-école et consommateur régulier. Qui ajoute aussitôt : « C'est pourquoi je choisis des vins d'appellation », semblant ignorer que les négociants peuvent fort bien en vendre, eux aussi.

Plus au fait des règles, Geneviève, 31 ans, attachée culturelle, explique que, pour reconnaître un vin de producteur, elle « regarde sur le bouchon (la capsule fiscale, NDLR) s'il y est écrit "récoltant" ». La jeune femme, qui se décrit comme une « consommatrice festive », est aussi influencée par la bouteille, et notamment sa piqûre. « En bas de la bouteille, je regarde si c'est bien creux. Quand c'est le cas, c'est bon signe. » Pour Patrick, 62 ans, technicien de l'équipement et consommateur occasionnel, trois éléments aiguillent son choix : « Je regarde la mention récoltant, le millésime et si le vin est médaillé. »

L'importance donnée aux foires aux vins dépend aussi du fait d'avoir ou non une cave pour entreposer ses achats. Deux amateurs avérés comme Patrice et Christian, disposant tous les deux d'un tel espace, voient ainsi dans les foires aux vins l'occasion de réapprovisionner leur stock. « Je fais tourner environ 300 bouteilles par an, explique le premier. Entre 60 et 70 % proviennent d'achats dans les foires aux vins. » Le second affirme posséder une cave d'une centaine de bouteilles, « dont un tiers provient en général des foires aux vins ».

Plus modeste, Patrick entend aussi profiter de ce moment particulier pour « faire ses achats » et réapprovisionner sa cave qui compte « une soixantaine de bouteilles ». À l'inverse, la trentenaire Geneviève prétend n'acheter que des vins à consommer rapidement, car elle n'a pas d'endroit où entreposer les bouteilles.

Côté budget, les acheteurs en foire aux vins raisonnent à la fois en termes de prix maximum pour une bouteille et de dépense totale.« Pas plus de 10 euros pour une bouteille », prévoient Patrick et Julien, qui pensent au final dépenser « entre 100 et 120 euros maximum ».

Pour Patrice et Christian, les fourchettes maximales de dépenses pour un vin se situent entre 10 à 12 euros pour le premier et 20 à 30 euros pour le second. Au final, Patrice ne compte « pas acheter pour plus de 500 euros », tandis que le Christian pense « monter jusqu'à 700 euros ». Quant à Geneviève, qui n'a pas de cave, elle évalue son budget à 40 euros avec un maximum de 15 euros pour une bouteille.

Dernier enseignement de ce micro-trottoir : le fait de pouvoir goûter le vin est important. « Ce que je regrette en grandes surfaces, c'est que l'on a peu l'occasion de déguster », déplore Patrice. Du coup, le reste de l'année, il préfère acheter « chez le caviste ».

D'autres consommateurs ont pourtant observé la présence d'un spécialiste dans certaines enseignes. Ils apprécient en effet de pouvoir poser des questions.

« C'est bien d'être conseillé, car ce n'est pas facile de s'y retrouver », remarque Julien, le moniteur d'auto-école qui confond vin de producteur et vin d'appellation.

Un regain d'intérêt

Plus de 66 % des Français ont l'intention de participer aux foires aux vins cet automne.

Telle est la conclusion d'un sondage réalisé en ligne (les 1er et 2 septembre derniers auprès d'un échantillon de 1 500 personnes) par Toluna pour le magazine « LSA », spécialisé dans la grande distribution. « Ces deux dernières années, environ un Français sur deux participait à ces foires, commente Philippe Guilbert, le directeur général de Toluna France. On constate donc un regain d'intérêt pour les foires aux vins après avoir observé un léger recul de la fréquentation et des ventes durant ces événements. » Les Français comptent dépenser en moyenne 108 euros, un budget stable par rapport aux années précédentes.

Parmi eux, 13 % comptent dépasser les 200 euros. Plus des deux tiers déclarent chercher des vins de consommation courante et 44 % veulent des vins à garder pour se constituer une cave. Les bordeaux arrivent en tête des vins les plus prisés, suivis des bourgognes.

Le Point de vue de

ET VOUS, COMMENT ALLEZ-VOUS CHOISIR ?

Patrick, 62 ans, technicien. « J'ai trois critères de choix : la mention récoltant, le millésime et l'existence de médailles. »

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Geneviève, 31 ans, attachée culturelle. « Une bouteille bien creuse en bas, c'est bon signe. »

Geneviève, 31 ans, attachée culturelle. « Une bouteille bien creuse en bas, c'est bon signe. »

Patrice, 63 ans, et Christian, 60 ans, son beau-frère. « Nous avons une idée précise des vins que l'on veut, mais c'est aussi l'occasion de faire des découvertes. »

Patrice, 63 ans, et Christian, 60 ans, son beau-frère. « Nous avons une idée précise des vins que l'on veut, mais c'est aussi l'occasion de faire des découvertes. »

Julien, 60 ans, moniteur d'auto-école. « Les vins d'appellation me rassurent. »

Julien, 60 ans, moniteur d'auto-école. « Les vins d'appellation me rassurent. »

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