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VIGNE

Décompactage des sols : Du diagnostic à la pratique

MARTIN CAILLON - La vigne - n°258 - novembre 2013 - page 62

Le repos végétatif est la période adéquate pour décompacter les sols qui ont pu être maltraités lors de cette année très pluvieuse. Mais avant d'intervenir, il convient de dresser le bon constat.
LE DÉCOMPACTAGE doit être réalisé avec un outil adapté à la profondeur et à la localisation de la zone compactée. Ci-contre, la sous-soleuse Hélisol à une dent de Ferrand (à droite) et la Gardell à trois dents (à gauche). PHOTOS ADAR COUTRAS

LE DÉCOMPACTAGE doit être réalisé avec un outil adapté à la profondeur et à la localisation de la zone compactée. Ci-contre, la sous-soleuse Hélisol à une dent de Ferrand (à droite) et la Gardell à trois dents (à gauche). PHOTOS ADAR COUTRAS

LE DÉCOMPACTAGE doit être réalisé avec un outil adapté à la profondeur et à la localisation de la zone compactée. Ci-contre, la sous-soleuse Hélisol à une dent de Ferrand (à droite) et la Gardell à trois dents (à gauche). PHOTOS ADAR COUTRAS

LE DÉCOMPACTAGE doit être réalisé avec un outil adapté à la profondeur et à la localisation de la zone compactée. Ci-contre, la sous-soleuse Hélisol à une dent de Ferrand (à droite) et la Gardell à trois dents (à gauche). PHOTOS ADAR COUTRAS

Pluies abondantes au printemps, orages violents au cours de l'été, précipitations régulières pendant les vendanges… Les conditions climatiques ont fortement perturbé les travaux de la vigne durant la campagne 2013. De nombreux viticulteurs ont été contraints de traiter ou de récolter dans des conditions difficiles pour sauver leur récolte. Le passage d'engins lourds, d'enjambeurs équipés de pulvérisateurs ou de machines à vendanger a compacté les sols. En cette fin de saison, un décompactage peut donc s'avérer nécessaire. Voici ce qu'il faut savoir avant de se lancer.

Quelles sont les conséquences du compactage ?

Le compactage correspond à la diminution de la porosité du sol. Il pénalise la vie de celui-ci car il empêche l'aération, la diffusion des gaz et la circulation de l'eau. De ce fait, la matière organique se dégrade moins bien. Le compactage peut également retarder le réchauffement des sols au printemps. Il entraîne aussi une moins bonne exploration racinaire par la vigne. « Le chevelu racinaire se dégrade, précise David Pernet, gérant de Sovivins, une société spécialisée dans l'étude des sols et des terroirs viticoles située à Martillac, en Gironde. Les radicelles, moins nombreuses, ont tendance à se développer en étoile. Leur section, normalement circulaire, devient plane. Sur sol un sableux, le compactage peut induire une perte totale de structure, il n'y a plus d'agrégats dans le sol. Sur les sols argileux, la structure devient plus massive. »

Quels en sont les signes observables ?

Une moindre vigueur ou la présence d'eau stagnante sur une parcelle constituent des indices d'une possible compaction des sols. « Une baisse de la vigueur ou une coloration anormale sur la partie basse du feuillage (brun jaunâtre sur les cépages blancs, rouges sur les cépages rouges) sont symptomatiques », affirme David Pernet. Toutefois, l'observation du feuillage ou de la surface du sol ne suffit pas à dresser un diagnostic avec certitude.

Comment être certain d'avoir affaire à un sol compacté ?

Pour David Pernet, il n'y a pas à hésiter : « Il faut creuser une fosse pédologique. Cela permet d'apprécier la perte de porosité du sol et de déterminer à quelle profondeur il faut intervenir. L'idéal est de creuser une ou plusieurs fosses sur au moins 50 cm de profondeur, sur toute la largeur de l'interrang pour voir si la zone compactée se situe au centre du rang ou plus près des ceps. Car la zone compactée, parfois, ne se limite pas à l'endroit où passent les roues du tracteur. » Dans ces fosses, l'enfoncement d'une pointe de couteau dans les différents horizons permet d'apprécier le niveau de compactage du sol et, s'il est important, de voir à quelle profondeur se situent les zones compactées et si le tassement concerne l'ensemble de la parcelle ou seulement une partie.

Comment intervenir ?

Le décompactage est une action corrective. Il ne doit intervenir qu'à la suite de l'observation de problèmes. « Il faut éviter toute action systématique », indique Pascal Guilbault, chef du département expérimentation à la chambre d'agriculture de Gironde. Idéalement, ce travail doit être réalisé à l'automne et, dans tous les cas, hors de la période végétative de la vigne, entre la fin des vendanges et le débourrement.

« Il faut que le sol soit ressuyé jusqu'à la profondeur de travail de l'outil », rappelle Nicolas Rubin, conseiller à la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire. Plus la terre est fine ou argileuse, plus la fenêtre d'intervention est étroite. Un décompactage dans des conditions trop humides peut créer un lissage, contraire à l'effet recherché. « Sur les argiles gonflantes, l'opération peut s'avérer inefficace, constate David Pernet. La rétractation de ce type de sols en période sèche est plus efficace qu'une intervention mécanique. Avec ce type d'argile, il est intéressant de maintenir un pH élevé, ce qui les rend moins sensibles au compactage. »

Si la vigne n'a pas été travaillée depuis longtemps, il est recommandé d'effectuer un décompactage progressif, en passant un rang sur deux et en augmentant la profondeur de travail d'année en année.

« En décompactant, il faut éviter de détruire les grosses racines primaires, ajoute Nicolas Rubin. Car la vigne constitue sa charpente racinaire les sept premières années. Ensuite, elle émet des racines secondaires pour explorer le sol autour de cette charpente. Mais elle n'émet plus de racines primaires. »

Si le sol n'est pas enherbé, semer un mélange d'engrais vert est recommandé avant de décompacter. Les graines semées, avoine, vesces, seigle ou radis, poursuivront le travail de décompaction en colonisant l'espace fissuré par le passage des dents. Leurs racines éviteront aussi un colmatage par les pluies survenant après le passage de l'outil.

Avec quel outil ?

Le travail peut être réalisé avec un décompacteur ou une sous-soleuse. Le choix de l'outil dépend de la profondeur des zones compactées. Le premier matériel travaille superficiellement, entre 20 et 40 cm de profondeur. Le second descend plus profondément, entre 30 et 60 cm. Un décompacteur suffit donc dans la plupart des cas. « La zone de compaction la plus fréquemment observée ne descend pas au-delà de 30 cm », remarque Nicolas Rubin. Le réglage de la profondeur de travail est essentiel. Inutile d'aller au-delà de la semelle de compaction. La vitesse de passage aussi est importante. Plus elle sera élevée, plus le décompactage sera efficace. Quant au nombre de dents, il dépend de la largeur de l'interrang.

Les décompacteurs ne retournent pas le sol comme une charrue. Ils créent des lignes de rupture dans le sol sans modifier les horizons. Leur efficacité est liée au type de dents utilisées. « Les dents Michel font un meilleur décompactage que les dents droites. Elles agissent par vibration, font un travail homogène et préservent bien le couvert végétal en place, souligne Éric Maille, d'Agrobio Périgord. Les dents droites créent une fente dans le sol. Souvent, elles n'effectuent qu'un décompactage localisé, quelques centimètres autour de la dent. De plus, elles laissent une fente visible en surface. »

Certaines sous-soleuses, chez Agric par exemple, sont équipées d'un boulet. L'accessoire peut être utilisé sur les sols argileux en pente. Accroché derrière la dent, il réalise une petite galerie de drainage. Pour être efficace, l'outil est à utiliser de préférence en remontant.

Compaction des sols : mieux vaut prévenir

Il existe des solutions pour prévenir la compaction des sols. C'est ce qu'a rappelé l'Association technique viticole du Maine-et-Loire dans le compte-rendu de la demi-journée consacrée à l'entretien d'automne des sols, qui s'est déroulée le 5 septembre dernier : « La solution la plus efficace, c'est de ne passer que lorsque le sol est bien ressuyé. Ensuite, il est possible de jouer sur le matériel utilisé ou sur la taille des pneumatiques : plus vous avez une empreinte au sol importante, plus le poids de votre matériel est réparti sur une surface important. Il faut les pneus les plus longs et les plus larges possibles. Enfin, on peut modifier leur pression. Moins ils pneus sont gonflés, moins la pression au sol est importante. Attention cependant à respecter les préconisations du constructeur en fonction de la vitesse de travail et de la charge pesant sur chaque roue. »

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