Verticilliose : Détectée pour la première fois à Chablis en 2009
En 2009, des viticulteurs chablisiens, dans l'Yonne, observent des dépérissements atypiques dans trois jeunes vignes de chardonnay greffées sur 41 B. Les symptômes se présentent sous deux formes : une forme sévère, caractérisée par une apoplexie de rameaux qui perdent leurs feuilles et leurs grappes, et une forme lente, qui se traduit par la présence de taches nécrotiques délimitées par un liseré sur les feuilles.
« Ces dépérissements sont apparus en troisième feuille, lorsque les vignes sont entrées en production, rapporte Guillaume Morvan, de la chambre d'agriculture de l'Yonne. Dans deux parcelles, les taux d'expression étaient très importants puisque 3 % des pieds étaient atteints dans l'une et 6 % dans l'autre. Ils ont engendré une baisse de la vigueur de l'ordre de 30 % sur les pieds touchés. »
Les analyses microbiologiques révèlent alors la présence dans le bois de Verticillium longisporum, le champignon responsable de la verticilliose de la vigne. C'est le premier cas observé en France pour cette maladie connue en Allemagne et aux États-Unis.
Les suivis réalisés les années suivantes montrent que les pieds atteints repartent. En quatrième et cinquième feuilles, les symptômes régressent. En sixième feuille, moins de 0,5 % des plants expriment la maladie. « Au moment de son apparition, la maladie fait peur aux viticulteurs de par ses conséquences visibles, indique Guillaume Morvan. Mais elle ne met pas la parcelle en péril. Les pieds atteints nécessitent un rajeunissement par une taille sévère. »
À ce jour, les techniciens n'ont pas trouvé de facteurs expliquant la présence de cette maladie. « Les parcelles sont implantées sur des sols différents. Les plants ne proviennent pas du même pépiniériste. Certes, il s'agit de parcelles qui étaient vierges de vigne depuis des décennies, mais elles n'avaient pas toutes les mêmes antécédents », précise Guillaume Morvan.
BDA : Quelques cas en Provence et en Bourgogne
« En 2010, dans des jeunes parcelles situées autour d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, on a observé des dépérissements caractérisés par des tigrures sur des feuilles et des défoliations de rameaux se desséchant partiellement ou totalement, allant jusqu'à des formes apoplectiques », note Philippe Larignon, de l'IFV pôle Rhône-Méditerrannée, spécialiste des maladies du bois.
Des nécroses sectorielles de couleur brun gris sont présentes dans le tronc au niveau du point de greffe. Et sous l'écorce, des bandes brunes sont visibles en coupe longitudinale. Les analyses ont montré qu'il s'agissait de BDA dû au champignon Neofusicoccum parvum. Selon Philippe Larignon, d'autres cas ont été signalés en Bourgogne sur quelques jeunes plants.
Pied noir : Pas de souci actuellement
Le pied noir a été identifié en 1961. Il affecte ponctuellement et de manière cyclique les jeunes vignes, notamment en Champagne et à Cognac (Charente). « Mais actuellement, il ne pose pas de souci », rassure Philippe Larignon. Les ceps atteints sont affaiblis au point que certains ne débourrent pas. En cours de saison, sous l'effet de fortes chaleurs, d'autres plants peuvent se dessécher complètement.
Les racines du premier plateau se nécrosent et prennent une couleur grise à noire. Pour survivre, le plant émet un deuxième, voire un troisième plateau de racines. L'agent responsable est le champignon du sol Ilyonectria liriodendri autrefois appelé Cylindrocarpon destructans. La maladie se développe sur des plantations en conditions très humides sur des sols compactés ou hydromorphes. Pour l'éviter, il faut attendre de meilleures conditions pour planter, décompacter ou drainer.
Phomopsis theicola détecté outre-Manche
En Angleterre, dans le vignoble du Sussex, les spécialistes ont observé un dépérissement dû à Phomopsis theicola. Il se traduit par un rabougrissement des rameaux dont la partie haute meurt. Dans le bois se trouvent des nécroses sectorielles et des ponctuations de couleur brune. « Ce dépérissement doit exister en France, mais nous n'avons jamais eu de retour. Cela ne doit donc pas être un gros problème », pronostique Philippe Larignon, spécialiste des maladies du bois à l'IFV pôle Rhône-Méditerranée.