Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

Connaître sa surface réellement plantée

ADÈLE ARNAUD - La vigne - n°264 - mai 2014 - page 32

Trois méthodes simples permettent d'évaluer assez justement la surface occupée par la vigne sur la totalité d'une parcelle. Voici les avantages et les inconvénients de chacune d'entre elles.
POUR MESURER SA SURFACE À L'AIDE D'UN GPS, le viticulteur doit suivre le contour de la parcelle avec l'appareil en s'assurant de passer au plus près des pieds de vigne. © C. WATIER

POUR MESURER SA SURFACE À L'AIDE D'UN GPS, le viticulteur doit suivre le contour de la parcelle avec l'appareil en s'assurant de passer au plus près des pieds de vigne. © C. WATIER

Distinguer la surface réellement plantée de la surface cadastrée est indispensable pour réduire les intrants. Tournières, fossés, haies, talus, chemins... ne nécessitent aucun traitement alors qu'ils peuvent occuper jusqu'à 15 % de la surface cadastrale. Dans son guide pratique de la viticulture durable 2014, le Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC) propose aux viticulteurs trois méthodes simples et relativement efficaces. Les voici.

La méthode terrain : Gratuite mais limitée

La première technique consiste à mesurer chaque parcelle en en parcourant les contours avec un décamètre, un topofil ou un odomètre, une roue dotée d'un compteur et fixée à une canne. Autre procédé : multiplier le nombre de souches par rang par l'écartement entre les rangs en s'assurant que ce dernier est constant afin d'obtenir des résultats fiables.

Gratuites, ces deux méthodes ne sont toutefois réalisables que pour des parcelles de forme géométrique simple. Pour des géométries plus complexes, les choses se compliquent très vite : il faut alors partager la parcelle en plusieurs triangles et rectangles dont il faut bien repérer les limites et additionner les surfaces.

Bien effectués, ces deux modes de calcul donnent une précision des surfaces fiable à 5 %. Mais ils prennent du temps, tant en mesure sur le terrain qu'en calcul de surface. C'est leur principal inconvénient.

L'arpentage GPS : Un ciel bien dégagé pour ne pas se tromper

Les GPS sont des outils très démocratisés et relativement faciles d'utilisation. Selon le CIVC, un GPS grand public suffit pour le calcul des surfaces plantées. Mais attention, seuls certains modèles permettent le calcul de surfaces. Il est donc nécessaire de se renseigner pour savoir si l'appareil choisi est doté de cette option.

Avec ces outils plutôt bon marché (entre 150 et 500 euros, contre 3 000 euros pour un GPS haut de gamme), l'erreur de mesure est inférieure à 5 % dans des conditions optimales de réception : lieux et ciel dégagés et nombreux satellites disponibles dans le ciel. En revanche, les récepteurs grand public ne permettent pas de contrôler la qualité de la mesure. Les relevés réalisés dans de mauvaises conditions risquent donc de ne pas être fiables sans qu'on le sache. La viticulture n'étant pas une culture sous couvert, ce risque reste toutefois négligeable lorsque l'arpentage est réalisé par temps clair. Pour plus de fiabilité, certaines chambres d'agriculture proposent en prestation un calcul de surface avec un GPS professionnel intégrant des filtres qui permettent d'atténuer l'effet d'un temps nuageux.

Pour réaliser cette mesure à l'aide d'un GPS, le viticulteur doit suivre le contour de la parcelle à pied ou embarqué sur un tracteur avec l'appareil en s'assurant de passer au plus près des pieds de vigne.

Certains ordinateurs portables et la plupart des smartphones sont pourvus de récepteurs GPS intégrés. Ils peuvent également servir à l'arpentage des surfaces à condition de télécharger une application prévue à cet effet (ArcGIS, Esri, AgriGPS...). Ces applications sont disponibles sur l'App Store et sur Google Play.

En plus de calculer les surfaces, il est possible de transposer sur des images aériennes les contours d'une parcelle relevés avec le GPS. Pour cela, il suffit d'importer les données sur des services web de visualisation géographique tels que Géoportail ou Google Earth. Une opération que l'on peut réaliser après ouverture d'un compte.

Les mesures d'un GPS sont également exploitables par un logiciel d'information géographique ou SIG (par exemple QuantumGIS ou MapInfo), mais l'utilisation de ces outils informatiques reste assez complexe et nécessite une formation.

Géoportail : Un arpentage à l'abri

Le site internet Géoportail, de l'IGN (Institut national de l'information géographique et forestière) permet de superposer un plan cadastral à l'image aérienne correspondante. Il est alors facile de visualiser la différence entre la surface cadastrée et la surface réellement plantée.

Le service est accessible à tous. Pour l'utiliser, il suffit de se rendre sur le site www.geoportail.fr et de saisir une adresse, un village, un code postal ou encore un lieu-dit dans le champ de recherche situé en haut à gauche et de cliquer sur « Y aller ». Pour superposer le plan cadastral à l'image aérienne, rendez-vous dans l'onglet « Catalogue de données », puis cliquez sur « Données de base » et enfin sur « Parcelles cadastrales ».

Sur la droite de l'écran, une icône représentant une règle permet d'afficher l'outil de mesure des surfaces. Après avoir sélectionné le bouton « Calcul de surface », délimitez le contour de la parcelle sélectionnée par des clics gauche successifs. Pour calculer la surface réellement plantée, essayez d'être au plus proche des rangs de vignes lors de cette étape. Une fois la sélection terminée, faites un double-clic afin de bloquer la surface, qui s'affiche alors en bleu.

Le résultat est donné en haut à gauche en mètres carrés. Il s'agit évidemment de mesures indicatives qui ne présentent aucune valeur légale. Elles offrent une estimation proche de la surface réellement plantées, car l'image aérienne permet de visualiser la part occupée par la vigne et donc d'éliminer tournières, talus ou chemins.

Pour Marion Morlay, technicienne viticole au CIVC, cette méthode est équivalente au relevé GPS. Elle indique que, pour les parcelles composées de plusieurs morceaux (séparées par des chemins par exemple), il faudra réaliser la mesure en plusieurs fois puis additionner les surfaces relevées.

Avec un ordinateur récent ainsi qu'une carte graphique d'une mémoire minimum de 256 Mo, vous pourrez utiliser la version 3D proposée par le site.

Certains logiciels de gestion viticole (Isavignoble, Mes p@rcelles...) proposent également aux viticulteurs des constructions cartographiques qui permettent de visualiser le parcellaire à travers des photos aériennes (IGN ou Télépac). Il est alors possible de réaliser un tracé du contour des parcelles, comme sur Géoportail, et d'y associer diverses informations telles que le cépage, le porte-greffe ou l'année de plantation. Isagri propose également un pack d'arpentage des parcelles avec IsaGPS+ permettant de transposer les relevés sur le fond de support cartographique d'Isavignoble.

Le calcul des surfaces plantées est donc une pratique plutôt simple à réaliser et qui peut permettre de réduire une partie de ses intrants. Dans un souci de précision, les résultats peuvent être affinés à travers le dénombrement des manquants. Ces données ne pourront vraisemblablement pas être associées à des mesures pratiques, mais peuvent servir à estimer un rendement.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :