Olivier et Valeriya « Un bandol acheté en supermarché, servi à 10°C, c'est parfait ! » PHOTOS : D. B.
Grégory, Florent et Damien « On alterne les rosés de différentes régions viticoles : Languedoc, Sancerre, et même un très bon rosé d'Irouléguy que l'on achète au producteur lors de nos vacances au Pays basque. »
L'été influe sur les habitudes des consommateurs de vin. C'est ce qui ressort des témoignages relevés lors du dernier Salon des vignerons indépendants de Lyon (du 4 au 6 avril, à Eurexpo-Chassieu, dans le Rhône). Presque unanimement, les amateurs interrogés ont déclaré boire moins de vin pendant la saison estivale et des vins différents de ceux consommés le reste de l'année. La chaleur, mais aussi la concurrence d'autres alcools comme la bière, sont avancés à titre d'explications de la baisse de la consommation.
Certains sondés ont même coupé court à la conversation en précisant arrêter de boire du vin l'été... La majorité - qui continue de consommer ! - associe souvent le vin aux fêtes entre amis pendant cette période. « On ne boit presque jamais pendant la semaine quand on est tous les deux », expliquent Catherine et Florent (37 et 39 ans) qui estiment consommer « environ une bouteille par semaine, avec des amis, pendant l'été ». Une à deux bouteilles par semaine, partagée avec des amis, constitue la moyenne concédée par nos témoins, « sauf dans certaines soirées très arrosées entre copains », avoue Damien, 32 ans.
En général, on boit donc moins et différemment car la grande majorité des personnes consultées adapte sa consommation aux conditions climatiques et apprécie de boire frais. Le rosé s'impose sur de nombreuses tables, en particulier pour les repas entre amis. C'est le cas de notre jeune couple, Olivier et Valeriya, âgés de 38 et 26 ans, qui achète en supermarché « un bandol, servi à 10°C, parfait pour l'été ». Si les vins de Provence sont souvent cités dès que l'on évoque le rosé, d'autres régions sont spontanément mentionnées. Catherine et Florent consomment « des rosés du Languedoc à l'apéritif », Grégory et Damien, deux connaisseurs avertis de 32 ans, alternent, « languedoc, sancerre et même un très bon rosé d'Irouléguy que l'on achète au producteur lors de vacances au Pays basque ». Philippe et Patrick, deux amis autour de la cinquantaine qui se décrivent comme appréciant les bonnes choses, alternent « côtes-de-provence et rosé d'Anjou, pour le côté suave ».
Parmi les nouvelles tendances de consommation de rosé à l'apéritif, l'association rosé-jus de fruits a été citée plusieurs fois. Cette pratique semble plutôt féminine. Ainsi, pour Marie-Bénédicte, 22 ans, « le rosé n'est jamais bu seul. Il est toujours mélangé avec du pamplemousse, c'est le cas pour beaucoup d'amis de notre âge », assure-t-elle. Catherine, 37 ans, confirme : « Le rosé pamplemousse servi bien frais, l'été, c'est délicieux » sous l'oeil de Florent, son compagnon, qui affirme que « ce n'est pas son truc », en affichant une mine un peu navrée... « C'est un truc de femme ! », assure Catherine en riant.
Contre toute attente, alors que les blancs font aussi partie des vins qui se dégustent plutôt frais, cette couleur a été peu citée. Pour Grégory et Damien, c'est une alternative au rosé, « on apprécie un riesling, un pinot gris d'alsace ou un viognier ». Seules deux personnes - Romain et Paul, plutôt connaisseurs en vins - privilégient le blanc au rosé à l'apéritif, citant des AOC, « Mâcon, Saint-Véran », ainsi que le cépage viognier. On note également une timide percée des bulles, « en début de soirée », pour Philippe et Patrick. Les liquoreux trouvent en revanche leur place à l'apéritif auprès d'un public essentiellement féminin. Ainsi, Marie et Marie-Bénédicte, 22 ans, l'affirment : « Les moelleux, monbazillac et sauternes, conviennent très bien à ce moment ».
Si le rosé est le roi de l'apéritif ou d'un repas d'été léger, la couleur s'éclipse lorsque les viandes arrivent. « Un côtes-du-rhône rouge s'accorde mieux avec l'assaisonnement des grillades, par exemple », poursuivent Philippe et Patrick. Avis partagé par Grégory et Damien : « Ici, à Lyon, les côtes-du-rhône sont inévitables ! Pour l'été, je préfère des vins monocépages comme le grenache et, surtout, la syrah dont la finale épicée accompagne bien le barbecue. En règle générale, on privilégie les vins moins complexes, qui se marient mieux avec les grillades ».
L'été, les invitations s'échangent et la tradition veut que l'on arrive avec une bouteille sous le bras. L'occasion de faire connaître les vins que l'on a appréciés. Ainsi, Cédric et Sandra, 28 et 33 ans, n'hésitent pas à « faire découvrir des bonnes bouteilles » à leurs amis. Même chose pour Grégory et Damien qui précisent adapter le prix de leur cadeau aux connaissances supposées du destinataire. « Si c'est un connaisseur, on viendra avec une bonne bouteille. »
De notre enquête, il ressort que, comme le volume de consommation, le prix des vins bus en été a tendance à baisser. « Il nous arrive parfois d'acheter une bouteille à 30 euros pour nous faire plaisir, en hiver, expliquent Romain et Paul, amateurs éclairés de bourgognes et autres côtes-du-rhône. Mais l'été, nous achetons plutôt des côtes-du-rhône entre dix et douze euros et des blancs à huit ou dix euros que nos femmes apprécient ». Pour le rosé, le facteur prix semble encore plus déterminant pour Cédric et Sandra qui ne consomment « que des vins à moins de 10 euros la bouteille ».
« Ce critère nous a permis de découvrir les rosés des Corbières, entre cinq et neuf euros. Ils sont atypiques, à la fois puissants et souples, et peuvent accompagner tout un repas, de l'apéritif au barbecue », assurent-ils. Voilà une alternative intéressante au duo rosé-côtes-du-rhône ! Pour Catherine et Florent, le rosé, « c'est toujours à moins de cinq euros », comme pour Marie et sa copine Marie-Bénédicte.
Le marketing parfois original des bouteilles de rosé peut-il déclencher un achat ? Les avis sont mitigés. Philippe et Patrick, nos épicuriens, acceptent « des choses moins conventionnelles pour un rosé » qu'ils ne sauraient tolérer pour un rouge. Attention toutefois, « une étiquette trop criarde sur une bouteille discrédite son contenu ». Grégory et Damien, en connaisseurs, affirment que « l'étiquette, ça ne compte pas pour choisir un vin ». Même Marie-Bénédicte, du haut de ses 22 ans, l'affirme : « On regarde un peu l'étiquette. Il ne faut pas qu'elle soit trop moderne ; le vin, même rosé, ça reste un produit culturel ! »
Le bib de rosé ? Une question de logistique
L'été, les Bag-in-Box de rosés fleurissent dans les rayons des supermarchés. Leur achat répond surtout à une question logistique. « Si les invités sont nombreux, on achètera un bib de cinq litres. Mais c'est tout de même plus élégant de mettre une bouteille sur la table », entend-on. Pour la consommation quotidienne, les gens préfèrent la bouteille. « Le souci avec un bib, c'est qu'on le garde longtemps. Même si les techniques ont progressé, on a peur de l'oxydation. » Une exception cependant : les vacances. « On achète un bib en arrivant, pour être tranquille. »
L'exigence est moindre au bord de la plage.
QUELS VINS POUR L'ÉTÉ ?
En région lyonnaise, les côtes-du-rhône règnent sur la consommation de rouge pendant l'été. Grenache et syrah ont le vent en poupe ! Les vins du Beaujolais arrivent en deuxième position des vins les plus cités. La nouvelle campagne de communication lancée par l'interprofession sur les apéritifs dînatoires devrait booster la tendance...
Le rosé est plébiscité pour l'apéritif et sur une salade, en entrée. Mais les vins de Provence sont concurrencés par d'autres régions, notamment l'Anjou, le Languedoc et le Sancerrois. Pour déclencher l'acte d'achat lors d'une visite au domaine, il est conseillé de stimuler l'imaginaire de ses visiteurs, notamment en proposant des idées d'accords mets et vins avec des recettes simples de saison.
Pour l'étiquette, la modernité peut s'afficher, mais elle doit rester discrète. Des couleurs trop voyantes peuvent discréditer le contenu. La qualité du vin sera de toute façon le critère d'un second achat. Un rosé qui supporte les viandes épicées a une belle carte à jouer. Si vous vendez en CHR, demandez au patron de ne pas servir de glaçons dans le rosé, les amateurs de vins détestent !
Le rosé a un prix : souvent, la limite est fixée à 5 euros TTC en linéaires. Les blancs sont une alternative au rosé.
Les mélanges du type rosé-pamplemousse sont également appréciés, surtout par les consommatrices. Ils sont parfois réalisés à la maison plutôt qu'achetés en supermarché prêt-à-boire.