Retour

imprimer l'article Imprimer

NOUVEAUTÉS - À L'ÉPREUVE DU TERRAIN

FONGICIDE Luna Privilège. L'antibotrytis précoce de Bayer

ARNAUD QUEYREL - La vigne - n°264 - mai 2014 - page 80

Luna Privilège fait son entrée sur le marché des antibotrytis. Bayer le préconise à la fin de la floraison ou à la fermeture de la grappe plutôt qu'à la véraison. Les premiers résultats de terrain laissent entrevoir un haut niveau d'efficacité.

Le produit : Luna Privilège contient 500 g/l de fluopyram, une nouvelle matière active appartenant à la famille chimique des SDHI. Il s'emploie la dose de 0,60 l/ha, soit 300 g/ha de matière active. La formulation est une suspension concentrée.

Le principe : Bayer recommande Luna Privilège comme antibotrytis précoce, au stade de la fin de floraison (stade A) ou à la fermeture de la grappe (stade B), plutôt qu'à la véraison (stade C). Dans les situations à risque, la firme conseille un programme à deux traitements : Luna Privilège suivi de Teldor/Lazulie. Un protocole éventuellement complété, en fin de cycle, par une application de Sérénade Max, produit de biocontrôle à base de Bacillus subtilis.

L'intérêt : le fluopyram présente une forte efficacité à faible dose. Alors que les autres antibotrytis s'appliquent à raison de 500 g à 700 g de matière active par hectare, 300 g de fluopyram suffisent pour cette surface. Le produit s'annonce haut de gamme, mais les références manquent encore pour bien mesurer son efficacité. En effet, mis à part en 2013, il a été testé lors d'années de faible pression de pourriture grise.

Prix : environ 175 €/ha

Le Point de vue de

Caroline Le Roux, conseillère viticole, chambre d'agriculture du Rhône, Villefranche-sur-Saône (Rhône)

« Un haut niveau d'efficacité »

« Depuis 2011, nous suivons les essais chez des viticulteurs. En Beaujolais, nous conseillons de faire soit deux traitements, soit aucun. Le choix de traiter dépend de la prophylaxie mise en oeuvre sur les parcelles : enherbement, raisonnement des apports azotés, effeuillage précoce... Lorsque ces mesures sont insuffisantes, nous recommandons deux traitements. Vu la haute d'efficacité du fluopyram, nous le conseillons au stade A, à 80 % de chute des capuchons. Il est également intéressant au stade B (fermeture de la grappe + 15/20 jours). Mais alors nous préconisons plutôt un fongicide comme Teldor. Luna Privilège appartient à une nouvelle famille chimique, ce qui élargit l'éventail des souches utilisables. Il faut alterner Luna Privilège avec d'autres familles de produits pour ne pas le passer deux années de suite sur la même parcelle. En 2014, il sera peu mis en oeuvre à cause de son homologation tardive.

Le Point de vue de

Alain Chauveau, technico-commercial, Ets Bretonneau, Clisson (Loire-Atlantique)

« Une bonne conservation du fruit »

« Nous avons testé Luna Privilège sur des microparcelles et sur une parcelle d'un hectare du domaine Patrick Girard. Nos résultats débouchent sur deux recommandations, selon l'historique oïdium de la parcelle, car le fluopyram est antipourriture et antioïdium. Sur les parcelles sensibles à l'oïdium, nous préconisons Luna Privilège au stade floraison. Second cas de figure : celui d'un cépage peu sensible à l'oïdium mais sensible au botrytis, comme le muscadet. Dans ce cas, nous conseillons Luna Privilège en deuxième passage, au stade fermeture de grappe, derrière Switch, pour privilégier son action remarquable sur la conservation du fruit. En effet, en 2013, elle a permis de repousser de trois jours les vendanges sur la parcelle test non effeuillée de notre vigneron partenaire. Sur le reste de sa parcelle (pourtant effeuillée), traitée au Sekoya, le décrochage a été bien plus rapide. Désormais, il faut tester Luna Privilège pour découvrir des synergies avec d'autres fongicides.

Le Point de vue de

Paul-Marie Morillon, responsable, Ets Chatelier-Viticulture, Saint-Sulpice-de-Faleyrens (Gironde)

« Un produit original »

« Nous prescrivons ce produit dont le mode d'action permet d'envisager une lutte antibotrytis plus efficace qu'en 2013. L'année dernière a été très problématique dans notre région. Nous avons constaté trop d'imperfections dans le contrôle de la pourriture grise. Les causes en sont multiples : perte d'efficacité de certains produits, mauvais positionnement des traitements... De même, les méthodes culturales sont parfois favorables à la pourriture grise : déficit d'effeuillage, sols travaillés trop tardivement... Avec le fluopyram, nous disposons d'un nouveau produit qui pénètre les organes encore herbacés, avec une systémie ascendante lorsqu'il est appliqué en fin de floraison. Son effet translaminaire permet aussi une diffusion de la matière active d'une face à l'autre de la feuille. De plus, ce nouveau venu original tombe bien pour travailler l'alternance des matières actives, cruciale pour réduire la dérive de la sensibilité de la pourriture grise aux fongicides.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :