Les graines des plantes ne germent que lorsque des conditions propices sont réunies. On parle de « levée de dormance ». Chaque espèce possède ses propres exigences pour que cet événement se produise. Par exemple, la levée de dormance du pin d'Alep est favorisée sur des terrains ayant connu un incendie. La digitale pourpre se développe sur sol acide et demande de la lumière. C'est pourquoi on la trouve souvent en milieu forestier, après la chute récente d'un arbre.
Partant de ces connaissances, Promonature, une société d'étude et d'expertise floristique, réalise des diagnostics des sols. Ses botanistes observent la flore présente sur un lieu donné. Ils étudient les espèces et leur abondance. Connaissant les exigences de ces plantes, ils en déduisent la nature du sol.
Le principe paraît simple.
Pour autant, on ne peut pas se contenter de constater la présence de quelques espèces pour tirer des conclusions trop rapidement. « Il est important de ne pas considérer quelques plantes éparses comme significatives », prévient Lionel Bunge, botaniste chez Promonature intervenant régulièrement lors de formations organisées pour les viticulteurs.
Pour poser un diagnostic, il réalise un inventaire exhaustif des plantes sauvages qu'il observe sur une parcelle, puis calcule leur coefficient de recouvrement. Pour que la présence d'une plante soit significative, elle doit recouvrir au moins 10 % de la surface d'une parcelle. « Il faut aussi prendre en compte qu'une plante peut avoir plusieurs critères de levée de dormance », ajoute-t-il. Et il insiste également sur la nécessité « de considérer une parcelle dans son ensemble, car chaque situation est différente ».
L'interprétation de ces relevés peut ensuite s'effectuer à l'aide du tableau de levée de dormance distribué par Promonature pour 10 euros. Voici quelques espèces présentes dans les vignobles qui peuvent faire parler vos sols.
Elles révèlent un excès
LE BROME STÉRILE est une espèce très commune. Sa forte présence suggère un excès en matière organique carbonée d'origine végétale.
LE BROME MOU traduit un engorgement en eau et en matière organique azotée d'origine animale. Sa présence peut aussi être due à un excès en azote et en potassium lié à des apports d'engrais solubles et/ou à des fumiers non compostés.
LE CHÉNOPODE BLANC, aussi appelé poule grasse, est très présent sur les sols cultivés. Il révèle une grande richesse en azote. Sa population peut exploser après un excès d'épandage de matière organique animale non ou mal compostée. Sa présence est aussi favorisée par un travail du sol réalisé par temps trop sec.
LA MAUVE SYLVESTRE, OU MAUVE DES BOIS, peut fleurir de mars à octobre. Elle se développe en sol riche en calcaire actif. Elle peut traduire un engorgement des sols, notamment en azote et, dans une moindre mesure, en potasse.
Elles dévoilent la structure du sol
LE GRAND PLANTAIN se différencie du plantain lancéolé (voir ci-dessous) par ses grandes feuilles. Il est signe de tassement et de compactage des sols.
LA RENONCULE RAMPANTE présente un caractère envahissant. Reconnaissable par ses petites fleurs jaunes et ses feuilles composées en trois parties, elle peut traduire un engorgement en eau et un tassement des sols.
LA VERGERETTE DU CANADA, ou érigéron, peut atteindre un mètre de haut et fleurit d'août à novembre. Elle se développe notamment sur sols battants limoneux.
LE MUSCARI À TOUPET est une plante bulbeuse dont les fleurs sont réunies en une longue grappe assez lâche. Sa présence suggère un compactage en sol basique et révèle une immobilisation de la potasse, qui ne peut alors être assimilée par la vigne.
Elle trahit l'érosion
LE SÉNEÇON COMMUN est une plante qui peut pousser et fleurir tout au long de l'année, même en période froide. C'est une espèce qui supporte mieux que beaucoup d'autres la présence de polluants chimiques dans le sol. Elle est souvent retrouvée sur des sols érodés à faible pouvoir de fixation des éléments nutritifs.