« Nous cultivons cette année 80 ha de vignes avec des outils électriques. Nous prévoyons d'atteindre 300 ha en 2017. » Pour Harald Glenz, comme pour une vingtaine de vignerons du canton du Valais, en Suisse, l'intérêt des outils électriques n'est plus à démontrer. « Les moteurs électriques ont un rendement trois à quatre fois supérieur à celui de moteurs thermiques. Ils vibrent moins, émettent moins de bruit et ne polluent pas. »
Jusqu'à présent, les vignerons valaisans conduisaient leurs vignes, pentues ou en terrasses, manuellement ou à l'aide de petits appareils : des taille-haies pour prétailler et écimer, des débroussailleuses à fil, des pulvérisateurs à dos ou des chenillards. Animées par des moteurs à combustion, ces machines sont inconfortables après une utilisation prolongée.
Réunis au sein de l'association ValNaturePro, les vignerons lancent, en 2012, le projet « Énergie renouvelable et mécanismes d'entraînement électrique dans la viticulture » (EEE). D'une durée de trois ans renouvelable, le programme a pour but de promouvoir le développement et la distribution de machines viticoles électriques. Soutenu par le secteur public et plusieurs partenaires privés, il bénéficie d'une subvention de 1 050 000 CHF (860 000 euros). « La baisse du prix des batteries au lithium offre une perspective intéressante pour motoriser les machines viticoles », observe Harald Glenz, chef du projet.
Premier prototype en 2013
En 2013, un prototype de pulvérisateur électrique à dos voit le jour. Développé en collaboration avec la Haute école d'ingénierie HES-SO Valais-Wallis (canton du Valais) et plusieurs partenaires industriels, l'outil est équipé d'un réservoir de 18 l et d'une turbine animée par une batterie au lithium. Cette dernière offre une autonomie de travail de 90 min. « L'appareil fait beaucoup moins de bruit qu'un pulvérisateur à moteur à essence. Il n'émet aucun gaz d'échappement et consomme peu d'énergie. La recharge de la batterie coûte seulement 0,20 CHF (0,16 euro) », observe Harald Glenz.
Quatre pulvérisateurs de ce type traitent les vignes, cette année. Dix autres, dotés d'une pompe à plus gros débit, seront fabriqués. Ils offriront une pulvérisation de meilleure qualité et plus de confort pour l'utilisateur.
L'an dernier, les vignerons ont aussi testé le transporteur électrique à chenilles Alitrak DC300. Mis au point par la société italienne du même nom, le DC300 peut transporter sur son plateau jusqu'à 300 kg de vendange en caisses grâce à deux moteurs électriques de 1 300 watts (4 ch). L'engin, qui se déplace entre 4 et 5 km/h, peut recevoir un distributeur d'engrais. Il accueillera bientôt une tondeuse électrique. En revanche, alimenté par des batteries au plomb, l'Alitrak Dc300 ne dispose que de deux heures d'autonomie.
Quatre transporteurs à chenilles électriques sont en service cette année. Un cinquième, plus puissant (10 à 15 ch), est en cours de construction. Équipé de batteries au lithium, il embarquera une sulfateuse électrique et sera autonome pendant quatre à cinq heures.
Par ailleurs, les vignerons essaient les outils électriques existants. « L'offre est limitée, déplore Harald Glenz. Les appareils Still ou Hitachi sont plutôt destinés à l'entretien des jardins. »
Après quelques expériences à la vigne, seule la gamme d'outils portatifs Pellenc - débroussailleuse Excelion, taille-haie Hélion, ou tronçonneuse Sélion - s'avère convaincante. « Nous disposons cette année de trois taille-haies, trois débroussailleuses, deux tronçonneuses électriques et trois sécateurs Pellenc. La batterie ULib Pellenc est compatible avec tous les outils. Elle permet de travailler pendant six à sept heures », apprécie Harald Glenz. Inconvénient de taille toutefois, ces outils sont chers. Ils coûtent en moyenne 40 % de plus que les mêmes machines actionnées par un moteur à essence. « Le surcoût des appareils électriques est pris en charge par le projet. L'achat de la batterie, lui, est subventionné à 90 %. »